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Grande-Bretagne

Le trafic aérien paralysé

Tour de contrôle de l'aéroport d'Heathrow (ouest de Londres). La panne qui a affecté le système de contrôle aérien a été réparée après une heure de confusion totale. 

		(Photo: AFP)
Tour de contrôle de l'aéroport d'Heathrow (ouest de Londres). La panne qui a affecté le système de contrôle aérien a été réparée après une heure de confusion totale.
(Photo: AFP)
Une panne informatique a bloqué tout le trafic aérien dans les aéroports britanniques. Cette défaillance a provoqué une terrible pagaille pendant près d’une heure, entre 5h00 et 6h00 (TU) du matin, jeudi 3 juin. Le dysfonctionnement a finalement été identifié et le trafic a pu reprendre. Mais cette interruption a occasionné des perturbations dans l’ensemble des aéroports d’Angleterre et du Pays de Galles pendant toute la journée.
Comme une fatalité, la panne est survenue au pire des moments : quand les vols transatlantiques se présentent pour atterrir, alors que les vols intérieurs et européens entament leurs navettes quotidiennes. Autant dire que la défaillance du système informatique de gestion de vols qui s’est produite à 6h00 locales (5h00 TU), en Grande-Bretagne, le 3 juin, a fait souffler un vent de terreur chez les contrôleurs aériens. En une fraction de seconde, ils se sont retrouvés obligés de prendre, sans filet, le relais de l’informatique et de guider directement les avions pour éviter une catastrophe. Et ils ont dû tenir pendant près d’une heure avant que la panne ne soit identifiée et réparée. La remise en service des outils informatiques de gestion des vols n’a pas pour autant permis de revenir immédiatement à la situation normale. Et le trafic aérien a été perturbé pendant de nombreuses heures.

Contrairement à ce qui avait été annoncé au départ, ce n’est pas le nouveau centre de contrôle installé à Swanwick qui a fait défaut. C’est l’ancien système encore en service à West Drayton, au nord de l’aéroport d’Heathrow près de Londres, qui a cessé de fonctionner. Alistair Darling, le ministre des Transports britannique, a expliqué qu’après des tests effectués pendant la nuit sur le système, les employés du National Air Traffic Service (NATS) n’avaient pas été en mesure de le remettre en marche. Il a cependant précisé qu’il ne s’agissait pas d’un «sabotage» mais bien d’un dysfonctionnement. Le centre de West Drayton contrôle le trafic aérien sur tout le sud de l’Angleterre alors que celui de Swanwick dessert le nord et le Pays de Galles. Si l’aéroport d’Heathrow a été le plus touché par les effets de cette panne, la circulation aérienne a malgré tout été perturbée sur l’ensemble du territoire jusque dans l’après-midi. Des vols ont dû être annulés et les retards, d’une demi-heure à deux heures, se sont accumulés. Des témoignages ont fait état d’une situation «chaotique» dans les premières heures de la matinée à Heathrow.

Faire atterrir les avions sans encombre

La première préoccupation de la société responsable du trafic aérien en Grande-Bretagne (NATS) a été d’assurer la sécurité et de réussir à faire atterrir, le plus rapidement possible et sans encombre, les avions qui se présentaient pour se poser dans les différents aéroports britanniques. Les appareils en partance ont, par contre, été contraints d’attendre que les urgences soient résorbées pour pouvoir décoller à leur tour. Le premier vol quotidien de Londres vers Paris, prévu à 6h04 (TU) a ainsi été retardé. Il est vrai que le guidage manuel des vols, sans le soutien des systèmes informatiques, est devenu particulièrement difficile notamment en raison de l’importance du trafic à gérer. Dans le seul aéroport londonien d’Heathrow, le plus fréquenté du monde, on dénombre chaque jour environ 1 250 vols. Dans ce contexte, toute défaillance occasionne le blocage de l’ensemble du trafic.

La panne du système informatique de gestion des vols a d’ailleurs provoqué, même si elle n’a duré qu’une heure, une véritable panique dans les aéroports britanniques. Elle a aussi relancé le débat outre-Manche sur les choix d’équipements effectués en matière de contrôle aérien. Le centre de West Drayton est, en effet, en fin de vie et l’ensemble du personnel qui y est employé (600 personnes) doit déménager à Swanwick d’ici 2007. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que des défaillances y sont enregistrées. En 2000 et en 2002, d’autres dysfonctionnements ont provoqué de très grosses perturbations du trafic aérien. Le ministre des Transports a confirmé qu’une modernisation était nécessaire, sous-entendant qu’elle n’avait peut-être pas été réalisée en temps et en heure par les conservateurs au pouvoir jusqu’en 1997.

Pour autant, le nouveau centre de contrôle de Swanwick, qui a coûté plus de 900 millions d’euros et a été mis en service en 2002, ne fait pas non plus l’unanimité. Les aiguilleurs du ciel ont notamment critiqué l’installation d’écrans de contrôle sur lesquels ils ne peuvent pas lire les données correctement. Alistair Darling a tout de même tenu à affirmer que, malgré la panne actuelle, le système britannique de contrôle aérien était «très bon» par rapport à celui d’autres pays, et qu’il allait encore s’améliorer grâce au plan d’investissement de plusieurs centaines de millions d’euros prévu pour les prochaines années.



par Valérie  Gas

Article publié le 03/06/2004 Dernière mise à jour le 03/06/2004 à 16:38 TU

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Georges Charve

Chef adjoint du service du contrôle du trafic aérien à la DGAC, la direction générale de l'aviation civile.

«Les informations radar sont toujours restées disponibles, sur place à Londres, donc il n'y a pas eu d'enjeu, en tant que tel, sur la sécurité.»

[03/06/2004]