Euro 2004
La France est nue
(Photo : AFP)
La fin d’une époque
Ce sentiment d’impuissance collective concrétise la fin d ‘une époque. Pour plusieurs des titulaires présents en 1998 et en 2000, l’heure de la retraite internationale a sonné. Si d’eux-mêmes ils n’ont pas compris, alors il faudra leur indiquer le chemin. Il convient désormais de gommer des esprits les succès passés pour rebâtir un groupe cohérent, conquérant, avide de prendre le relais. Le football est une remise en question permanente. Pour ne l’avoir pas compris, les dirigeants doivent eux aussi se ressaisir, voire passer le relais à une nouvelle génération. Inutile de se cacher derrière les autres pour fuir ses responsabilités. Ce n’est pas parce que l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et l’Angleterre – c’est-à-dire les quatre pays dont les championnats se situent juste avant celui de la France -ont échoué dans des conditions à peu près similaires qu’il faut y trouver des réponses collectives. La France a dormi profondément sur ses succès d’avant 2002, sur son classement FIFA de deuxième nation mondiale, et a pensé que sa seule présence sur le terrain lui garantissait un podium à presque tous les coups. Elle a pensé que Zidane était tellement beau - il accumule les trophées de meilleur joueur du monde – qu’il ne descendrait jamais de son piédestal. Et pourtant, au Portugal, il ne s’est mis en évidence que par éclipses. Le duo d’attaquants Henry-Trezeguet devait faire merveille. On a entraperçu le premier qui n’a pas, c’est vrai, connu la réussite face à la Grèce (trois de ses tentatives ont frôlé le but) ; le second est demeuré invisible sauf une fois. Le milieu de terrain dans sa globalité n’a jamais trouvé de ligne directrice et la défense a plus d’une fois été ballotée à l’exception du gardien Barthez, le meilleur de l’équipe pendant cet Euro inachevé.
La France du football est nue. Ses habits de lumière de la fin du siècle dernier sont ternis. Il va falloir lui trouver une nouvelle coupe et d’abord un nouveau couturier puisque, on le sait, Jacques Santini dont le contrat s’achève le 1er juillet a choisi de tenter l’aventure à Tottenham. Une ère nouvelle commence avec, très prochainement, les matches éliminatoires du Mondial 2006. Une question est désormais dans tous les esprits : et si Zidane (32 ans) faisait ses adieux à l’équipe de France ? Pour sûr la France du foot se sentirait orpheline.
par Gérard Dreyfus
Article publié le 26/06/2004 Dernière mise à jour le 26/06/2004 à 09:52 TU