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Euro 2004

La France est nue

La France à l'Euro c'est fini ! 

		(Photo : AFP)
La France à l'Euro c'est fini !
(Photo : AFP)
Deux ans après la déroute asiatique, les Bleus version Jacques Santini viennent de subir un nouveau désastre avec leur élimination en quart de finale de l’Euro 2004 dont l’objectif avoué était de conserver la couronne conquise  il y a quatre ans aux Pays-Bas. Echec sur toute la ligne, même si les camarades de Zinedine Zidane ont terminé en tête de leur groupe, ont inscrit sept buts lors de leurs trois premiers matches.
La défaite en quart de finale face à une équipe mieux inspirée, mieux organisée et plus volontaire est de celles dont on se remet difficilement. Cet échec est un échec collectif : celui des joueurs, celui de l’entraîneur et plus largement de tout l’encadrement. Un manque total d’imagination, de créativité, d’homogénéité. Plusieurs joueurs ont semblé absents des débats, pas franchement concernés. Zidane, lui-même, n’est pas exempt de reproches. Contre la Grèce, il a eu, une nouvelle fois, du mal à se positionner sur le terrain, perdant un nombre inhabituel de ballons. Et ce sont les Grecs qui après avoir été les plus entreprenants, les plus intelligents à Lisbonne ont trouvé la clé d’un coffe-fort français largement entrouvert. Peu après l’heure de jeu, le capitaine Zagorakis, sur l’aile droite, lobe Lizarazu, déborde avant de centrer sur la tête de l’homme de pointe Charisteas, complètement seul devant le but. Les Français se sont regardés, sans réagir. A se demander s’ils n’étaient pas battus avant même de rentrer sur le terrain. Leur deuxième mi-temps aura été un peu moins mauvaise, avec quelques sursauts sur le côté droit orchestrés par Lizarazu, premier attaquant du onze tricolore dans ce quart de finale. Mais quelque part, quelqu’un avait écrit le mot fin.

 La fin d’une époque

Ce sentiment d’impuissance collective concrétise la fin d ‘une époque. Pour plusieurs des titulaires présents en 1998 et en 2000, l’heure de la retraite internationale a sonné. Si d’eux-mêmes ils n’ont pas compris, alors il faudra leur indiquer le chemin. Il convient désormais de gommer des esprits les succès passés pour rebâtir un groupe cohérent, conquérant, avide de prendre le relais. Le football est une remise en question permanente. Pour ne l’avoir pas compris, les dirigeants doivent eux aussi  se ressaisir, voire passer le relais à une nouvelle génération. Inutile de se cacher derrière les autres pour fuir ses responsabilités. Ce n’est pas parce que l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et l’Angleterre – c’est-à-dire les quatre pays dont les championnats se situent juste avant celui de la France -ont échoué dans des conditions à peu près similaires qu’il faut y trouver des réponses collectives. La France a dormi profondément sur ses succès d’avant 2002, sur son classement FIFA de deuxième nation mondiale, et a pensé que sa seule présence sur le terrain lui garantissait un podium à presque tous les coups. Elle a pensé que Zidane était tellement beau - il accumule les trophées de meilleur joueur du monde – qu’il ne descendrait jamais de son piédestal. Et pourtant, au Portugal, il ne s’est mis en évidence que par éclipses. Le duo d’attaquants Henry-Trezeguet devait faire merveille. On a entraperçu le premier qui n’a pas, c’est vrai, connu la réussite face à la Grèce (trois de ses tentatives ont frôlé le but) ; le second est demeuré invisible sauf une fois. Le milieu de terrain dans sa globalité n’a jamais trouvé de ligne directrice et la défense a plus d’une fois été ballotée à l’exception du gardien Barthez, le meilleur de l’équipe pendant cet Euro inachevé.

La France du football est nue. Ses habits de lumière de la fin du siècle dernier sont ternis. Il va falloir lui trouver une nouvelle coupe et d’abord un nouveau couturier puisque, on le sait, Jacques Santini dont le contrat s’achève le 1er juillet a choisi de tenter l’aventure à Tottenham. Une ère nouvelle commence avec, très prochainement, les matches éliminatoires du Mondial 2006. Une question est désormais dans tous les esprits : et si Zidane (32 ans) faisait ses adieux à l’équipe de France ? Pour sûr la France du foot se sentirait orpheline.



par Gérard  Dreyfus

Article publié le 26/06/2004 Dernière mise à jour le 26/06/2004 à 09:52 TU