Sénégal
Dialogue de sourds entre la presse et le gouvernement
(Photo : AFP)
Au Sénégal, la mobilisation ne faiblit pas pour demander la libération du journaliste Madiambal Diagne. Samedi, 1 500 manifestants environ se sont rassemblés dans les rues de Dakar et, lundi, une centaine de journalistes, ont fait un sit-in, devant le ministère de l'Information. Cela fait maintenant 11 jours que le directeur de publication du journal Le Quotidien est en prison.
Le ministre a fait quelques propositions qui ne satisfont pas les syndicats de journalistes. Le moins que l'on puisse dire est que le gouvernement sénégalais est très embarrassé par ce qui est devenu l'«affaire» Madiambal Diagne.
Dernier exemple, hier, avec ce sit-in des journalistes devant les fenêtres de Mamadou Diop Decroix, le ministre de l'Information, lui-même incarcéré pour des délits de presse, quand il était dans l'opposition il y a quelques années.
Le ministre de l’information « ne peut pas se réjouir » de l’incarcération du journaliste
Bien sûr, le ministre « ne peut pas se réjouir » de « l'incarcération de Madiambal Diagne ». Ce sont les termes, soigneusement choisis, de son communiqué.
Devant les manifestants, et sur RFI, le ministre l'Information a repris une promesse d'Abdoulaye Wade : la réforme du Code pénal, et de son article 80. Le texte porte sur les tentatives d'attentats, de coups d'Etat, et « les autres actes de nature à compromettre la sécurité publique ». Une rédaction suffisamment vague pour permettre de poursuivre des journalistes ou des opposants.
La réforme du Code pénal est relancée. Mais pour les syndicats de journalistes, la priorité reste la libération de leur confrère et l'abrogation d'autres textes de loi, comme celui qui réprime la « diffusion de fausses nouvelles ». Un des multiples chefs d'accusation qui visent Madiambal Diagne.
par Sébastien Jédor
Article publié le 20/07/2004 Dernière mise à jour le 20/07/2004 à 09:37 TU