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Sénégal

Les «affaires» de la république

Le président sénégalais Wade (à droite) discute avec le Premier ministre Idrissa Seck (à gauche), le 29 janvier 2003. 

		(Photo : AFP)
Le président sénégalais Wade (à droite) discute avec le Premier ministre Idrissa Seck (à gauche), le 29 janvier 2003.
(Photo : AFP)
L’avion présidentiel rénové pour près de 18 milliards de FCFA , 600 millions d’indemnisation de la famille de Me Sèye (juge des élections tué en 1993), le journaliste-écrivain Abdoul Latif Coulibaly avait fait fort dans son livre publié à l’été 2003. Débutait alors la crise au sommet de l’État entre le président Wade et son Premier ministre, Idrissa Seck. Alors que le chef de l’État était brocardé de toutes parts, M. Seck, poursuivait paisiblement ses vacances.

De notre correspondant à Dakar

Le président Wade, seul contre tous, voyait en son Premier ministre l’instigateur du brûlot, d’autant que celui-ci n’était quasiment pas cité dans ce livre qui, pourtant, tout en le niant, faisait le bilan de la gestion libérale de Me Wade. Alors que Me Wade est attaqué de toutes parts, son «fils spirituel» et Premier ministre institutionnel, Idrissa Seck,  disparaît littéralement de la scène politique, accréditant ainsi la thèse qu’il serait derrière le livre. On connaît la suite : interminable crise au sommet du PDS et de l’État, limogeage de M. Seck, remaniement ministériel et, depuis, la liquidation «déséckisation» de l’ex-fils spirituel.

Une commission d’enquête parlementaire est mise sur pied pour  vérifier les accusations de l’auteur du best-seller Me Wade, un opposant au pouvoir ; l’alternance piégée. Au Sénégal, les commissions parlementaires sont rares et souvent, leurs travaux disparaissent dans des tiroirs administratifs ou elles n’aboutissent pas. En l’espèce, les conclusions de cette commission qui étaient très attendues sont mitigées. En effet, la commission déclare que les informations révélées par l’auteur sont «parcellaires, inexactes et exagérées».

Pour la rénovation de son avion, le président Wade avait déclaré que le contribuable sénégalais ne dépenserait pas un franc CFA. En fin de compte, le coût aura été de presque 18 milliards de FCFA. Pour le chef de l’État, des «amis» qui avaient donné leur accord pour financer le projet n’ont pas tous répondu. L’État aurait alors déboursé plus de 10 milliards de FCFA.

200 000 FCFA et 10 sacs de riz de 50 kg

Deuxième élément de polémique, l’écrivain-journaliste révèle que le président Wade a débloqué 600 millions de FCFA pour indemniser la famille de Me Seye, un juge des élections tué en 1993, et dont les assassins avaient été jugés et condamnés, à des peines à vie et à des dédommagements. Pourtant, un an après son accession au pouvoir, le président Wade les amnistie et l’on apprend selon l’auteur que la famille du défunt juge des élections a reçu du président Wade la somme de 600 millions de FCFA. Pourquoi ? La commission déclare que la somme n’est que de 200 millions et non six cent millions. Au-delà du montant, la question est bien : pourquoi, alors que le tribunal avait-il déjà réglé la question ?

Cette commission parlementaire, composée de députés de la majorité et de l’opposition, a connu des fortunes diverses qui ont fait que l’opposition n’a pas voté les conclusions. Dernier élément troublant : la commission a  publié son rapport sur son site Internet et non sous forme de document, dans un pays où les internautes se comptent sur le bout des doigts. L’impression est que le journaliste a raison et la commission a tout fait pour «laver» le président Wade. Sans y parvenir. C’est au même moment qu’on apprend que le président Wade, octroie 200 000 FCFA et 10 sacs de riz de 50 kg aux partis (30) qui le soutiennent, dans le cadre de la Cap 21. Le même jour où l’article est paru dans Le Quotidien, le coordonnateur de la Cap 21, a vainement tenté de justifier cette transaction et le chef de l’État a annoncé que le gouvernement allait déposer un projet de loi sur le financement des partis politiques. Une proposition défendue par Me Wade pendant ses années d’opposition.



par Demba  Ndiaye

Article publié le 07/06/2004 Dernière mise à jour le 07/06/2004 à 09:46 TU