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Economie africaine

La nouvelle Zone monétaire de l’Afrique de l’ouest

L’idée d’une monnaie unique en Afrique de l’ouest en remplacement du franc CFA est née à Lomé en 1999 lors d’un sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). L’idée a fait son chemin et très rapidement un Institut monétaire de l’Afrique de l’Ouest (IMAO) a été fondé pour, dans un premier temps, réaliser une unité monétaire des pays hors CFA en créant une nouvelle zone monétaire ouest-africaine (ZMAO). Mais depuis les choses piétinent, malgré l’établissement d’un un nouvel échéancier.
(Carte : GéoAtlas/RFI)
(Carte : GéoAtlas/RFI)
































La création de la seconde zone monétaire en Afrique de l’ouest (ZMAO) a été décidée à Bamako en décembre 2000, après que le sommet de Lomé ait suggéré, un an plus tôt, l’adoption d’une monnaie commune. La CEDEAO a d’abord voulu gommer les disparités entre les pays ouest-africains qui ont leur propre monnaie en créant la ZMAO. Elle regroupe six pays: la Gambie (le dalasi), le Liberia (le dollar), la Sierra Leone (le leone), la Guinée (le franc guinéen), le Ghana (le cédi), le Nigeria (le naïra). Le Cap Vert avec l’escudo a choisi un statut d’observateur. La monnaie unique avait été baptisée «Eco». Un échéancier de programmes sur quatre années devrait conduire à une fusion avec l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) qui regroupe les pays francophones d’Afrique de l’Ouest, tous membres de la zone CFA.

Dans le cadre du programme de coopération monétaire de la CEDEAO, l’Institut monétaire ouest-africain a été installé à Accra, au Ghana. Considéré comme un organe intérimaire il avait pour mission de préparer la création de la Banque Centrale ouest-africaine (BCOA). L’IMOA a pour cela fixé des critères de convergence économique avec des taux d’inflation à un chiffre, inférieur ou égal à 5% entre 2000 et 2003. En trois ans également, les pays de zone s’étaient engagés à parvenir à une situation stable des finances publiques et à limiter le financement du déficit budgétaire à moins de 10% des recettes fiscales. Les objectifs n’ont pas été atteints remettant en cause tout le calendrier établi à Bamako et à Accra.

Les décideurs, dans leurs prévisions, n’avaient pas pris en compte les maladies chroniques des pays, tous membres des PMA, les pays les moins avancés, et qui émargent au registre des PPTE, Pays pauvres très endettés. Le projet politique est très alléchant mais sa solidité de façade ne tient pas devant les réalités économiques spécifiques de ces pays, sans oublier l’instabilité permanente doublée des conflits militaires. L’inégalité des forces économiques nationales entre le Nigeria et la Guinée, par exemple, creuse d’énormes fossés qui ne peuvent pas être renfloués sur simple décision politique. Par ailleurs, il est largement entendu que la monnaie est toujours soutenue par une économie forte, or les décideurs ouest-africains ont semblé avoir mis en avant la seule faculté de battre leur propre monnaie.

Trop de monnaies en Afrique de l’ouest

La volonté de réduire la multiplicité de monnaies en Afrique de l’Ouest procède de bonnes intentions, mais les délais fixés par l’IMOA pour une harmonisation de la politique monétaire semblent aujourd’hui irréalistes. Au sein de la CEDEAO, la fusion entre la ZMOA (Eco)  et l’UEMOA (CFA) initialement prévue en 2004 a été repoussée à une date ultérieure. Après le règlement des conflits en Sierra Leone et au Liberia qui ont déstabilisé la sous-région, de nouvelles dates ont été fixées. Pour 2005, les cinq Etats anglophones et la Guinée Conakry francophone ont repris les entretiens entre techniciens en vue de l’adoption de leur monnaie unique qui sera par la suite soumise à une période probatoire d’au moins trois ans avant de se fondre dans la CEDEAO pour une réelle monnaie unique et commune aux seize Etats de la communauté.

Le choix de la Guinée Conakry de faire partie de la ZMAO divise la classe politique guinéenne et nombre d’observateurs africains. La Guinée, pays francophone compte ses plus importants partenaires économiques en zone franc, parmi lesquels la France, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal. Ces mêmes politiciens et observateurs estiment que la Guinée n’aura pas plus d’échanges économiques avec les pays de la ZMAO qui ont entre eux des relations établies depuis la colonisation britannique.  

Alpha Oumar Konaré, qui était président du Mali lors de ces choix économiques et assurait également la présidence de la CEDEAO avait certainement pressenti les difficultés d’une convergence économique entre les Etats, lorsqu’il faisait la suggestion à ses pairs de réfléchir plutôt à une Fédération de l’Afrique de l’ouest. Il voulait contourner la difficulté en faisant des pays qui ont en partage le franc CFA le noyau d’une zone élargie à laquelle adhèreront des pays qui acceptent des critères éprouvés et installés. L’idée avancée par le président Konaré n’imposait pas le CFA, mais ses structures auraient pu servir de bases de travail. Mais les pays anglophones, le Nigeria et le Ghana, économiquement plus puissants que l’ensemble des pays francophones ont multiplié des résistances, pour ne pas avoir à se plier aux exigences des pays francophones. Aujourd’hui à la tête de l’Union africaine (UA) Alpha Oumar Konaré vient de proposer l’adoption d’une monnaie unique et commune à toute l’Afrique à l’horizon 2016.


par Didier  Samson

Article publié le 21/07/2004 Dernière mise à jour le 21/07/2004 à 16:30 TU