Jeux olympiques 2004

Le sprint final d’Athènes

La route menant vers Marathon a été terminée à temps mais son revêtement provisoire devra être refait après les Jeux.
(Photo: athens2004.org)

A cinq jours de l’inauguration des Jeux olympiques, le comité organisateur affirme que tout est fin prêt et les ventes de billets semblent enfin décoller. Les Grecs sont en passe de réussir un pari bien mal engagé voilà sept ans après l’attribution de ces Jeux.

Quatre ans après la médaille d’or sur 200 mètres de Konstantinos Kenteris et la médaille d’argent sur 100 mètres d’Ekaterini Thanou lors des derniers Jeux olympiques, la Grèce a prouvé que les qualités de sprinter n’étaient pas réservées à ses athlètes. C’est en effet le pays tout entier qui a effectué une course fulgurante pour parvenir à terminer les préparatifs des Jeux dans les temps. En décernant dimanche un satisfecit aux organisateurs, le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, les a remerciés d’avoir tenu leurs promesses en livrant les Jeux «à l’heure dite». Des propos derrière lesquels perce un véritable soulagement, les plus hautes instances du sport olympique s’inquiétant ouvertement voilà quatre ans de la lenteur avec laquelle se déroulaient les travaux et des retards chroniques dans certaines constructions.

Peu de temps après ces remontrances arrivait à la tête du comité d’organisation des Jeux olympiques d’Athènes (ATHOC) Gianna Angelopoulos-Daskaslaki. Citée par le quotidien L’Equipe dans son édition de lundi, elle affirme «avoir fait en quatre ans ce que d’habitude on réalise en sept». De fait, la rapidité avec laquelle certaines infrastructures ont été terminées a surpris de nombreux observateurs qui, voilà encore quatre mois, jugeaient impossible le pari engagé par les organisateurs grecs. Pour terminer à temps, les entreprises de travaux publics ont dû mettre les pelletées doubles, et opter parfois pour des solutions temporaires prévues pour durer le temps des Jeux. C’est le cas de la route reliant Athènes à Marathon inaugurée voilà seulement une dizaine de jours et dont l’actuel revêtement, un bitume provisoire, devra être refait après ces olympiades.

Les dangers du gigantisme

A cinq jours de l’ouverture des 28^e Jeux olympiques d’été, de nombreux ouvriers et engins s’affairent encore pour terminer, ou peaufiner, certains ouvrages. Malgré cela, probablement lassés de devoir répondre aux questions portant sur les retards pris dans les travaux, les dirigeants de l’ATHOC ont opté depuis quelques jours pour une communication résolument positive en assurant que «tout est prêt» et que la fête peut désormais commencer. Seuls manquent encore à l’appel plusieurs hôtels flottants dont l’arrivée est prévue au cours des prochains jours. C’est le cas notamment du somptueux bateau de croisière Queen Mary 2, capable de loger 2 500 personnes, qui devrait mouiller jeudi dans le port du Pirée. A son bord devrait notamment prendre place le président de la République, Jacques Chirac, d'autres personnalités comme l'ancien président américain George Bush étant également attendues sur ces luxueux bateaux..

Les difficultés rencontrées par les autorités grecques s’expliquent notamment par la démesure de ces Jeux, les plus grands jamais organisés. Plus de 10 500 athlètes inscrits dans 301 épreuves sont attendus en Grèce, portant les couleurs de 202 nations, soit trois de plus qu’à Sydney. Avec 28 sports en compétition, les organisateurs ont dû travailler énormément pour pouvoir proposer 35 sites olympiques. Face au gigantisme atteint par ces Jeux, plusieurs  dirigeants du CIO ont exprimé leur volonté de mettre un terme à cette croissance. Cela a notamment été le cas dans un rapport rédigé du CIO en 2002 dans lequel il était écrit que la taille critique atteint par les Jeux pourrait «mettre en danger leur avenir». A terme, beaucoup de villes, et de pays, pourraient en effet renoncer à assumer l’organisation des olympiades en raison du coût de cette manifestation.

Une facture provisoire de 6 milliards d’euros

Les Jeux d’Athènes seront, à ce titre, riches d’enseignement car ils ont dépassé tous les records sur le plan budgétaire. Si leurs coûts définitifs sont encore difficiles à déterminer, le gouvernement grec a récemment déclaré avoir déjà dépensé six milliards d’euros, soit un dépassement du budget prévisionnel d’1,5 milliard d’euros. La liste des infrastructures, principal poste des dépenses publiques, est très longue, comprenant notamment plusieurs dizaines de kilomètres d’autoroute, l’extension de lignes de métro, ou bien la construction d’un pont suspendu. Des travaux colossaux qui ont bénéficié d’un important financement de l’Union européenne.

La facture de ces Jeux a été considérablement alourdie par un volet sécuritaire inédit. La crainte d’attentats a en effet conduit les organisateurs à consacrer près d’un milliard d’euros à la sécurité, soit cinq fois plus que la somme consentie par les Australiens en 2000. La Grèce a à la fois beaucoup investi en matériel et a mobilisé énormément d’hommes, 70 000, pour protéger les athlètes et les personnalités attendus à ces Jeux olympiques, ainsi que les spectateurs. Ces derniers ne manifestaient d’ailleurs jusqu’à la semaine dernière que peu d’engouement, les ventes de billets ne décollant pas. Sur les 5,3 millions de billets proposés à la vente, seulement 2,4 millions avaient trouvé preneurs. Or, le rythme s’est largement accéléré ce week-end avec la vente de près de 300 000 billets supplémentaires. La Grèce peut donc espérer atteindre le seuil fatidique de 3,4 millions de billets vendus et réaliser ainsi l’une des exigences du CIO qui veut que les stades soient remplis au moins à 65% de leurs spectateurs. Michael Zacharatos, porte parole d’Athènes 2004, a même déclaré ce lundi qu’il espérait faire le plein des stades, semblant compter sur un sprint final du public vers les guichets.

par Olivier  Bras

Article publié le 09/08/2004 Dernière mise à jour le 10/08/2004 à 15:46 TU