Jeux olympiques 2004

La médaille de l’esquive

L'athlète Ekaterini Thanou était pour les Grecs une véritable idole avant que n'éclate ce scandale sur fond de dopage.
(Photo : AFP)

L’affaire qui occupait la une de tous les journaux grecs depuis cinq jours vient de trouver un épilogue, Konstantinos Kenteris et Ekaterini Thanou ayant annoncé mercredi qu’ils renonçaient à participer aux Jeux d’Athènes. Ils affirment le faire pour le bien de leur pays, niant toute accusation de dopage.

C’est sans même attendre de connaître le verdict de la commission de discipline du Comité international olympique (CIO) que les deux stars de l’athlétisme grec ont annoncé qu’ils se retiraient des Jeux. Quelques minutes après la fin de leur audition devant cette instance, Konstantinos Kenteris et Ekaterini Thanou ont déclaré qu’ils ne prendraient pas part aux épreuves olympiques. «Avec le sens de la responsabilité et de l’intérêt national, je me retire des Jeux olympiques», a expliqué Konstantinos Kenteris, champion olympique en titre du 200 m. Dans la foulée, sa compatriote Ekaterini Thanou, médaille d’argent sur 100 m à Sydney, annonçait la même décision et présentait ses excuses aux peuple grec. Un peu plus tard, le CIO estimait qu’il n’adopterait pas de sanction immédiate mais qu’il transmettait le dossier à la Fédération internationale d’athlétisme.

La décision des deux athlètes met un terme à un feuilleton rocambolesque qui avait débuté à la veille de la cérémonie d’ouverture des Jeux d’Athènes. Ils étaient accusés d’avoir évité un contrôle antidopage en expliquant qu’un mystérieux accident de moto les avait empêché de se soumettre à cette procédure. Tous deux se trouvaient d’ailleurs jusqu’à hier dans un hôpital de la capitale grecque. A sa sortie, Konstantinos Kenteris s’était contenté de déclarer qu’il ne s’était jamais dopé, ne livrant pas plus de détails aux journalistes.

De nombreux mystères continuent d’entourer cette affaire, à commencer par l’accident dont auraient été victimes les deux athlètes. La police grecque a ouvert une enquête pour tenter d’élucider les conditions dans lesquelles il se serait produit, aucun témoin ne s’étant pour l’instant manifesté. Et les blessures qui ont contraint les deux sportifs à rester hospitalisés pendant cinq jours suscitent également de nombreuses interrogations.

Entraîneur limogé

Pour les organisateurs grecs, ce double forfait est un soulagement tant la polémique avait gonflé au cours des derniers jours. Les autorités sportives du pays, qui ont fait de la lutte contre le dopage une des priorités des Jeux, pouvaient difficilement justifier l’attitude de leurs deux représentants qui connaissent pertinemment les règles édictées par les instances internationales et l’obligation qui leur est faite de se soumettre aux contrôles antidopage. Le comité olympique grec avait d’ailleurs montré l’exemple en choisissant d’exclure provisoirement ces deux athlètes dès samedi, jusqu’à ce que soit connue la décision du CIO.

Si l’affaire Kenteris-Thanou se dégonfle aux Jeux, elle ne devrait pas manquer de connaître des prolongements dans les jours ou semaines à venir. Car en plus de son forfait, Kenteris a annoncé qu’il mettait un terme à la collaboration avec son entraîneur, Christos Tzekos, un homme très controversé dans le milieu de l’athlétisme. La manière dont il avait réussi à faire de Kenteris un champion olympique voilà quatre ans avait éveillé de nombreux soupçons renforcés par l’habitude de cet homme d’entraîner ses athlètes à l’écart, en les faisant participer à très peu de compétitions internationales. Quant à l’avenir des deux athlètes, il représente également une inconnue. Tout va dépendre de la décision de la Fédération internationale d’athlétisme, une suspension de deux ans pouvant être adoptée s’ils sont convaincus d’avoir refusé de se soumettre à un contrôle antidopage. Respectivement âgés de 31 et 29 ans, Kenteris et Thanou pourraient alors décider de mettre un terme à sa carrière.

par Olivier  Bras

Article publié le 18/08/2004 Dernière mise à jour le 18/08/2004 à 14:55 TU