Russie
Double-crash : accident ou attentat ?
(Photo : AFP/LCI)
De notre correspondant à Moscou.
Aucun indice n’est venu à cette heure étayer la thèse d’un double attentat terroriste : on ne connaît pas encore le contenu des boites noires qui ont été retrouvées qui permettront de savoir ce qui s’est passé précisément dans les dernières minutes avant les 2 crashs quasi-simultanés. C’est cette coïncidence qui fait question parce qu’elle évoque évidemment les circonstances du 11 septembre.
Et puis il y a également la proximité de l’élection présidentielle en Tchétchénie ce dimanche. Enfin, une bombe artisanale a explosé hier soir à MOSCOU : tout cela a créé un contexte, un climat mais n’apporte pas le début d’un commencement de preuve. De plus, d’après les résultats préliminaires, les enquêteurs n’ont trouvé aucune trace d’explosif dans les débris des carlingues. L’expert en matière de défense Pavel Felgenhauer, qui fait autorité, se disait convaincu sur les ondes de la radio Echos de Moscou qu’il ne s’agissait pas d’un acte terroriste, mais plus probablement d’un double accident d’avions.
Car ce n’est pas un secret : la parc aéronautique des compagnies russes est partiellement obsolète. L’entretien des appareils et des infrastructures aériennes laissent grandement à désirer comme le soulignait récemment un rapport officiel.
La compétence du personnel n’est pas en cause
En effet, le matériel est vieillissant : les Tupolev 134 et 154 sont de conception ancienne et ne sont plus fabriqués en Russie. Mais ils composent l’essentiel de la flotte aérienne. Seules quelques compagnies dont la 1ère , Aeroflot, disposent d’avions américains et européens, Boeing ou Airbus.
Après l’effondrement de l’Union soviétique, une multitude de compagnies aériennes ont vu le jour sans que leur dirigeants disposent toujours du savoir-faire nécessaire. Les normes de sécurité ne sont pas toujours respectées et les avions n’ont pas été modernisés notamment pour ce qui concerne les équipements électroniques, souvent obsolètes ou moins performants que ceux que l’on trouve dans les pays occidentaux.
Cela dit, de l’avis général des experts, la sécurité s’est malgré tout améliorée depuis 10 ans : ainsi l’an dernier, les accidents d’avions et d’hélicoptères en Russie ont provoqué la mort de 34 personnes, un chiffre qui reste dans des normes acceptables car le risque zéro n’existe pas en matière aérienne.
Enfin contrairement à une idée reçue, les pilotes russes sont parmi les meilleurs du monde, ayant pour la plupart reçu une formation militaire et habitués à décoller, voler et atterrir dans des conditions météorologiques extrêmes.
par Jean-Frédéric Saumont
Article publié le 25/08/2004 Dernière mise à jour le 25/08/2004 à 15:53 TU