Irak
Le mea culpa de Bush
(Photo : AFP)
Le président Bush a reconnu « une mauvaise évaluation des conditions » qui prévalent en Irak depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Dans une interview au New York Times le président américain a expliqué cette appréciation erronée des difficultés à affronter après la fin des opérations militaires stricto sensu par la « victoire rapide » remportée par les forces de la coalition dans le pays. Déjà, George Bush avait, le temps passant sans progrès notable sur le terrain, reconnu l’existence de difficultés pour les forces présentes en Irak, puis admis l’impossibilité de prouver l’existence d’armes de destruction massive qui était portant la principale raison avancée pour justifier l’intervention contre le régime de Saddam Hussein. Mais c’est la première fois que le président américain reconnaît aussi clairement une sous-évaluation de la situation. Il a toutefois précisé que les autorités américaines étaient en train de s’ajuster aux réalités rencontrées en Irak et que leur politique était « suffisamment souple » pour mettre un terme au climat insurrectionnel actuel.
En cette période de campagne électorale les partisans de son adversaire dans la course à la Maison-Blanche John Kerry se sont engouffrés dans la brèche. Le conseiller du candidat démocrate pour la sécurité nationale Rand Beers a jugé ce mea culpa bienvenu mais insuffisant. « Depuis plus d’un an, a-t-il dit, nos troupes paient le prix de l’incapacité » du président Bush à gagner la paix. Et il ne présente toujours pas de plan viable. »
Un an et demi après la chute de Bagdad les Etats-Unis disposent toujours de 140 000 hommes en Irak et plus de 700 soldats américains sont tombés depuis avril 2003, date à laquelle les opérations militaires sont censées avoir pris fin. La révélation des tortures et mauvais traitements pratiqués en Irak par des soldats américains n’est pas de nature à arranger les choses dans l’opinion des électeurs américains qui se rendront aux urnes dans quelques semaines.
Slogans hostiles sur l’AcropoleL’image des États-Unis dans le monde continue de pâtir de son implication dans la guerre et le secrétaire d’Etat Colin Powell vient une nouvelle fois d’en recevoir la preuve. Alors qu’il devait se rendre dimanche à la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques à Athènes des manifestations hostiles l’ont incité à annuler son déplacement. La raison invoquée est un emploi du temps chargé mais cette annonce correspond aussi au déploiement sur l’Acropole d’une gigantesque banderole, samedi matin, à l’initiative du parti communiste grec. On pouvait y lire des slogans hostiles au secrétaire d’Etat et à la politique étrangère américaine. D’autres manifestations d’altermondialistes et de pacifistes avaient eu lieu vendredi ou étaient annoncées pour samedi.
Paradoxalement c’est la Marjaïya, la plus haute autorité chiite d’Irak qui apporte un peu de réconfort au président Bush en confirmant son opposition à la lutte armée pour résister à la présence américaine. Les quatre grands ayatollahs se sont réuni samedi à Najaf au domicile du plus célèbre d’entre eux, Ali Sistani. Celui-ci est à l’origine de l’initiative de paix qui a permis le retour au calme à Najaf et le retrait des partisans de Moqtada Sadr du mausolée d’Ali où ils étaient retranchés. Dans les heures qui ont suivi l’armée américaine s’est retirée de la vieille vile comme prévu par le plan.
Le porte-parole du grand ayatollah Bachir Al-Najafi après avoir rencontré Ali Sistani a déclaré : «Nous n'avons pas encore épuisé les solutions pacifiques pour mettre fin à l'occupation et si un jour il s'avère qu'il n'y a plus de possibilité de discussions, alors la lutte armée deviendra une possibilité ».
par Francine Quentin
Article publié le 28/08/2004 Dernière mise à jour le 28/08/2004 à 14:39 TU