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Darfour

Les pourparlers d’Abuja piétinent

Le président Olusegun Obasanjo condamne l'insécurité persistante dans le Darfour. 

		(Photo : AFP)
Le président Olusegun Obasanjo condamne l'insécurité persistante dans le Darfour.
(Photo : AFP)
A la fin de l’ultimatum de 30 jours lancé par le conseil de sécurité des Nations unies au gouvernement de Khartoum pour garantir la sécurité des populations civiles du Darfour, la situation reste préoccupante dans la province.

C’est à Abuja au Nigeria que se tiennent depuis le 23 août les pourparlers entre les rebelles et le gouvernement soudanais sur la situation au Darfour. Ces discussions qui se tiennent sous l’égide de l’Union africaine avec une implication directe du président en exercice de l’organisation panafricaine, le chef de l’Etat nigérian, Olusegun Obasanjo n’ont toujours pas abouti à un projet de résolution destiné à améliorer la situation humanitaire dans la province du Darfour. Les différentes délégations soudanaises présentes dans la capitale nigériane ont même suspendu leurs travaux le 30 août pour mieux étudier séparément les termes du texte à soumettre à l’UA.

«Il est très important que le gouvernement soudanais comprenne que la pression de la communauté internationale est très forte. Nous n’accepterons rien d’autre du gouvernement soudanais que ce que nous attendons qu’il fasse», a déclaré Laila Freivalds, la ministre suédoise des Affaires étrangères qui milite pour des sanctions fermes contre Khartoum si le constat est fait d’un manque de volonté des autorités soudanaises «de se conformer aux exigences internationales», a-t-elle ajouté. En effet, le président Olusegun Obasanjo a fait remarqué aux autorités de Khartoum qu’il tenait des observateurs de l’UA présents au Darfour qu’il y a eu de «récentes attaques des forces soudanaises contre les civils du Darfour». Dennis Mc Namara, l’émissaire spécial de l’ONU au Darfour renchérit en affirmant que les viols et exactions se poursuivent. «Les populations déplacées restent soumises à des pressions constantes», a-t-il déclaré à Nairobi en insistant aussi sur l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces actes.

Après le cessez-le-feu, les enlèvements

Selon des observateurs le gouvernement soudanais pousserait les populations déplacées à regagner leur village pour justifier d’un retour à la sécurité dans la région. Les forces rebelles confirment ce mouvement mais évoquent par ailleurs un piège dans lequel tombent ces populations qui subiraient des comportements dégradants des forces de l’ordre sensés les protéger, mais qui ne seraient que «des miliciens janjawids reconvertis en force de sécurité». Pour les autorités de Khartoum ces allégations n’auraient «aucun fondement». Par ailleurs, le gouvernement soudanais a signé avec l’Office international des migrations (OIM) un accord qui permettrait à ce dernier de vérifier «le volontariat» des candidats au retour. Dans le même esprit, le gouvernement tchadien et le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) ont signé un accord qui vise à renforcer la sécurité autour des camps de réfugiés du Darfour. Dès le 1er septembre 180 agents de sécurité seront formés et déployés autour de dix camps des régions de Ouaddaï, de Wadi-Fira, et du Borkou Ennedi dans le Tibesti nord, en territoire tchadien.

L’arrivée prochaine de 155 soldats nigérians qui augmenteront l’effectif de 150 Rwandais déjà présents sur le terrain pourraient rassurer les déplacés du Darfour, en territoire soudanais. Le nombre des réfugiés et déplacés est estimé à plus d’un million de personnes. Ces soldats de l’Union africaine devraient aussi assurer la sécurité des organisations humanitaires dont plusieurs membres sont portés disparus. Le Programme alimentaire mondial annonce que trois de ses employés soudanais ont disparu de même que cinq employés de l’organisation du Croissant rouge soudanais. Les protagonistes du conflit dans le Darfour se rejettent la responsabilité des enlèvements. Enfin, le 31 août, les autorités de Khartoum annoncent l’enlèvement de vingt-deux personnes chargées par le gouvernement d’une campagne de vaccination. Khartoum accuse le Mouvement de la justice et de l’égalité (rebelle) d’avoir orchestré ce rapt. Malgré un cessez-le-feu plutôt respecté, l’insécurité règne toujours dans le Darfour sur lequel le secrétaire général de l’ONU doit bientôt rendre un rapport au Conseil de sécurité.



par Didier  Samson

Article publié le 31/08/2004 Dernière mise à jour le 31/08/2004 à 16:54 TU