Russie
La prise d’otage se poursuit en Ossétie
(Photo : AFP)
De notre correspondant à Moscou.
Plus de 24 heures après le début de cette prise d’otages, la situation sur place n’a guère évolué : le commando n’a libéré personne la nuit dernière et n’a pas accepté que soient fournis des vivres et des médicaments de peur que cette opération soit utilisée pour un assaut éventuel. Personne n’a pu physiquement approcher les ravisseurs et le contact se fait par téléphone : c’est le docteur Léonid Rouchal, ce médecin qui avait dialogué avec le commando terroriste lors de la prise d’otages dans un théâtre de Moscou en octobre 2002, qui a discuté avec les preneurs d’otages qui refusent toute autre médiation.
Ces derniers ont demandé également la présence des présidents ossète et ingouche. Ce dernier, Mourat Ziazikov, est un proche de Vladimir Poutine mais pour le moment ni l’un, ni l’autre n’ont pris part aux pourparlers : sans doute dans l’attente des consignes du Kremlin qui demeure muet. Comme on pouvait s’y attendre, le président russe a annulé la visite qu’il devait effectuer en Turquie. Il devrait à un moment ou à un autre s’exprimer publiquement car la tension est vive, sur place. Evidemment à Beslan où les familles et les proches ont vécu leur 1ère nuit d’angoisse. Mais aussi dans tout le pays car on redoute de surcroît d’autres actions terroristes après la série macabre de ces 8 derniers jours.
« Que va-t-il faire avec des enfants ? »
Cette attaque a créé un dilemme pour Vladimir Poutine. Le titre à la une du quotidien en langue anglaise Moscow Times résume la situation périlleuse dans laquelle se trouve le président russe : ou bien persister dans son refus de toute négociation avec les rebelles séparatistes ; ou bien se renier et composer avec ce commando en entamant des négociations. Une hypothèse improbable selon le quotidien libéral Kommersant qui rappelle que Vladimir POUTINE a précisément été porté au pouvoir sur la promesse de lutter contre l’extrémisme tchétchène.
C’était lors de l’été 1999 et la Russie était confrontée à une vague d’attentats sans précédent qui allait donner le coup d’envoi de la 2ème guerre de Tchétchénie. Pour le journal les Izvestia, Vladimir POUTINE est confronté au choix le plus difficile de sa carrière politique : « c’est le moment de vérité », écrit ce quotidien, et tôt ou tard, pronostique les IZVESTIA, il y aura une réaction dans la rue, soit sous forme de pogroms anti-caucasiens ou bien de manifestations contre le pouvoir. Beaucoup dépendra de l’issue de la prise d’otages : « nous savons depuis l’assaut contre le théâtre de la Doubrovka en octobre 2002 comment le pouvoir se comporte avec des otages adultes, écrit enfin Moskovski Komsomolets, mais que va-t-il faire avec des enfants ? ».
par Jean-Frédéric Saumont
Article publié le 02/09/2004 Dernière mise à jour le 02/09/2004 à 10:04 TU