Politique française
Nicolas Sarkozy adoubé par Jacques Chirac
(Photo : AFP)
Jacques Chirac a dû se rendre à l’évidence, il ne peut plus s’opposer à la candidature de Nicolas Sarkozy, ni à sa très probable élection à la présidence de l’UMP, le parti créé pour soutenir son accession à l’Elysée. La vague de fond portée par les militants de la majorité présidentielle entraîne inéluctablement Nicolas Sarkozy vers cette fonction, abandonnée prématurément par Alain Juppé, condamné pour sa responsabilité dans l’octroi d’emplois fictifs à la Mairie de Paris. Aucun autre candidat n’est à même de disputer l’élection du « chouchou » des militants à la présidence de l’UMP dont Nicolas Sarkozy s’apprête à faire un plébiscite.
En revanche, après avoir cédé sur ce point, le président de la République est resté ferme son le principe de non-cumul de responsabilités ministérielles avec celles de chef de la majorité présidentielle. Lors de son interview télévisée du 14 juillet Jacques Chirac avait affirmé : si un ministre « est élu président de l'UMP, il démissionnera immédiatement ou je mettrai fin immédiatement à ses fonctions ».
Un accord est donc intervenu le 1er septembre entre le chef de l’Etat et son ministre de l’Economie. Nicolas Sarkozy restera en fonction à Bercy jusqu’à son élection à l’UMP fin novembre. Et, curieusement, c’est un communiqué de la présidence de la République qui a annoncé la candidature de Nicolas Sarkozy à l’issue de la discussion qui a eu lieu à l’Elysée entre l’ancien et le futur président de la majorité de droite. Ainsi Jacques Chirac a quelque peu repris la main dans l’opération « prise d’assaut de l’UMP » lancée il y a plusieurs mois par Nicolas Sarkozy. Mettant une notre d’apaisement dans le conflit de moins en moins feutré qui a opposé Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, et en dépit des incompatibilités personnelles entre les deux hommes, le chef de l’Etat est allé, par une sorte d’adoubement, jusqu’à « approuver » sa décision et l’assurer de son soutien. Les relations futures entre le parti majoritaire et le gouvernement ont aussi été évoquées durant cet entretien.
Spéculations sur un remaniementEn restant au ministère de l’Economie et des Finances encore trois mois, Nicolas Sarkozy évite au gouvernement une vacance à ce poste au moment où se jouent les derniers arbitrages budgétaires, trois semaines avant l’adoption de la loi de finances pour 2005 par le conseil des ministres et quelques semaines avant le début de son examen par le parlement.
Le compromis a également pour avantage de mettre un terme à la dangereuse rivalité, à l’intérieur de l’UMP, entre « chiraquiens » et « sarkoziens ». Les fidèles du président de la République pourront ainsi voter Sarkozy, sans trahir. Voilà qui ne fait pas l’affaire d’éventuels candidats à la présidence de l’UMP dont Christine Boutin qui peine à obtenir les 3 400 parrainages qui lui permettraient de concourir. Il est même possible qu’il n’y ait finalement qu’un seul candidat en lice, ce qui pour Christine Boutin verrait « l’émergence d’un nouveau concept, celui du vote inutile ».
Dans l’opposition, François Hollande premier secrétaire du parti socialiste a peu goûté cette « confusion des genres entre l’Etat et l’UMP » par laquelle « le chef de l’Etat fait annoncer par ses services la candidature d’un président de parti auquel il prodigue officiellement son soutien ».
Mais le départ annoncé de Nicolas Sarkozy pose à terme le problème d’un remaniement ministériel. D’ici fin novembre auront également eu lieu des élections sénatoriales auxquelles le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin est candidat. Il n’en faut pas plus pour lancer les spéculations sur un mouvement plus vaste qui verrait l’actuel ministre de l’Intérieur Dominique de Villepin accéder à Matignon pour aborder de pied ferme le referendum sur la constitution européenne prévu au second semestre de 2005.
par Francine Quentin
Article publié le 02/09/2004 Dernière mise à jour le 02/09/2004 à 13:53 TU