Politique française
Chirac : referendum et « feuille de route »
(Photo: AFP)
Jacques Chirac a choisi de faire appel aux Français, concernés directement par la future constitution européenne, pour la ratifier, tout aussi directement, par referendum. Au cours de l’intervention télévisée devenue une tradition le jour de la fête nationale, le chef de l’Etat a ainsi levé l’interrogation sur le choix du mode de ratification, parlementaire ou référendaire, que la constitution nationale offre au chef de l’Etat. Le referendum de ratification de la constitution européenne aura donc lieu au deuxième semestre de 2005 et Jacques Chirac espère bien que, « si les hommes politiques ne polluent pas le débat », les électeurs se prononceront bien sur la question qui leur est posée et pas en fonction de considérations plus immédiates, comme cela a été le cas par le passé.
Mais, dans les trois ans qui le séparent de la fin de son mandat présidentiel, en 2007, Jacques Chirac a officiellement donné une « feuille de route » au gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, « le mieux à même de la conduire ». Ce deuxième souffle était attendu, après les récents échecs électoraux. Ce programme de travail à trois ans repose sur trois priorités : relancer la croissance et veiller à ce qu’elle profite à tous, préparer l’avenir et renforcer l’Europe.
Outre le volet européen d’une « France plus forte dans une Europe plus forte », le président de la République a mis l’action du gouvernement sous le signe de la cohésion sociale, « affaiblie », au cours des dernières années. Et il a donné pour exemple la multiplication par 3 des bénéficiaires du revenu minimum (RMI) et par 4 du temps d’attente d’un logement social. Or, dans le même temps les dépenses sociales n’ont cessé de progresser. Il y a donc lieu, a souligné Jacques Chirac, de « changer de méthode ». Ce « nouvel état d’esprit » peut se résumer en trois mots : « travail, responsabilité, mérite ». Cela passe par un meilleur accompagnement des demandeurs d’emplois et des marginalisés auxquels sont reconnus des droits et des devoirs.
« Egaux en droits et en devoirs »
La reprise de la croissance devrait permettre une amélioration de la situation de l’emploi. Mais cela ne suffit pas. Et, sur le sujet brûlant de la remise en cause des 35 heures de travail hebdomadaire, le chef de l’Etat a dénoncé la « pente glissante », sur laquelle il convient de ne pas se laisser entraîner, du chantage à la délocalisation exercé à l’usine Bosch de Vénissieux. En revanche, Jacques Chirac demande l’ouverture de négociations avec les partenaires sociaux sur la base d’une durée légale du travail maintenue à 35 heures mais avec la liberté laissée aux salariés de travailler plus pour gagner plus et aux entreprises d’adapter leur production à leurs besoins.
Favoriser la cohésion sociale implique aussi, pour lutter contre les communautarismes, « l’impérieuse nécessité » d’une politique active d’intégration. Première étape, l’école, où la loi sur l’interdiction du voile islamique sera appliquée dès la rentrée « avec intelligence mais sans réserve » et, dans le cadre d’une future loi de programmation, la revalorisation de l’instruction civique. Il faut, a souligné Jacques Chirac, expliquer aux enfants qu’ils sont « tous égaux en droits et en devoirs ».
A très court terme, la France est cependant confrontée à la préparation de son budget pour 2005 et le Président de la république a tranché : le budget de la Défense sera augmenté dans un cadre général de croissance 0 des dépenses de l’Etat et priorité est donnée à la réduction des charges sociales des entreprises. Conséquence : Jacques Chirac a annoncé la « pause » pour un an de la baisse de l’impôt sur le revenu.
« Je décide, il exécute »
La question du budget de la Défense opposait Michèle Alliot-Marie et son collègue ministre de l’Economie Nicolas Sarkozy. En arbitrant en faveur de la ministre de la Défense, le président de la République a vigoureusement rappelé son rôle prééminent à celui auquel on prête des ambitions présidentielles pour l’avenir et qui a affiché, dans l’immédiat, son souhait de diriger le parti majoritaire, l’UMP. « Je n’ai pas de problème de relation » avec Nicolas Sarkozy a démenti le chef de l’Etat, « je décide et il exécute ». De manière générale, pour mettre en œuvre la feuille de route qu’il a dessinée, Jacques Chirac n’acceptera, dit-il, aucune remise en cause et il attend de chaque ministre qu’il en applique sa part. « Personne n’est obligé d’être ministre », a-t-il ajouté.
Quant à la présidence de l’UMP, si un Premier ministre a vocation, selon lui, a en être le chef, « ce n’est pas le cas d’un ministre » . Que Nicolas Sarkozy se le tienne pour dit : « si tel ou tel ministre est élu président de l’UMP il démissionnera ou je mettrai un terme à ses fonctions ». Quelles que soient les querelles de personnes « je ne tolérerai aucun écart » a encore martelé le chef de l’Etat.par Francine Quentin
Article publié le 14/07/2004 Dernière mise à jour le 15/07/2004 à 08:20 TU