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Politique française

UMP : Sarkozy, l’incontournable

La candidature de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UMP semble en bonne voie. 

		(Photo : AFP)
La candidature de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UMP semble en bonne voie.
(Photo : AFP)
La perspective du départ d’Alain Juppé de la présidence de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) se rapprochant, le débat sur son successeur ne cesse de rebondir dans les rangs de la majorité. La candidature du ministre de l’Economie, Nicolas Sarkozy, provoque avant même d’être officielle de nombreuses prises de position. Et rallie de plus en plus de soutiens.

Ira, ira pas ? Pour le moment, Nicolas Sarkozy n’est pas officiellement candidat puisqu’Alain Juppé n’est pas parti de la présidence de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et que le ministre de l’Economie n’a pas «l’habitude d’être candidat à des responsabilités qui ne sont pas disponibles». Si Nicolas Sarkozy ne veut donc pas griller lui-même la politesse à son ex-meilleur ennemi, les membres de la majorité ne semblent, quant à eux, pas douter un instant du fait qu’au bout du compte il se présentera à l’élection prévue en novembre prochain.

D’ailleurs, ils sont de plus en plus nombreux à lui manifester leur soutien. Pas moins de 237 parlementaires ont ainsi répondu présent, le 15 juin, à un déjeuner organisé par le ministre de l’Economie à Bercy. Une réunion qui a pris des allures de démonstration de force. Certains membres de la majorité ont, d’autre part, manifesté sans équivoque leur position. Le député de Seine-Saint-Denis, Eric Raoult, estime ainsi que le ministre de l’Economie est de ceux qui «peuvent reprendre le flambeau». Roselyne Bachelot, qui elle-même réfléchit en vue de poser sa candidature, a malgré cela affirmé que Nicolas Sarkozy ferait «un excellent» successeur pour Alain Juppé et qu’en tout état de cause il serait «imbattable» s’il se présentait. Dans le même ordre d’idée, François Fillon, le ministre de l’Education, a affirmé que le slogan «Tout sauf Sarkozy» était aujourd’hui complètement obsolète pour une bonne et simple raison : après la débandade des deux derniers scrutins (régional et européen) au cours desquels l’UMP a été sanctionnée durement par les électeurs, le parti n’a «pas le droit de se priver de quelque talent que ce soit».

Et de talent, Nicolas Sarkozy n’en maque pas plus que d’ambition. Tout auréolé de son passage au ministère de l’Intérieur très apprécié par les Français, il a conservé une bonne image depuis son arrivée à Bercy dans le gouvernement Raffarin III. A l’heure actuelle, il est l’homme politique de droite qui recueille les meilleurs scores dans les sondages d’opinion. Une enquête réalisée le 13 juin par l’institut Louis Harris pour L’Express montre qu’il est, selon 34 % des Français, le meilleur représentant de la droite. Il arrive devant le président de l’UDF, François Bayrou (20 %) et surtout le président de la République Jacques Chirac (14 %).

Bercy ou l’UMP ?

Dans un tel contexte, Jean-Pierre Raffarin qui avait annoncé qu’il ne renonçait pas à prendre la tête de l’UMP si des «guerres fratricides» devaient avoir lieu, n’aura certainement pas besoin de s’en mêler. Les obstacles à l’arrivée du ministre de l’Economie à la tête du principal parti de droite semblent en voie de disparition. Reste que dans le clan chiraquien, on essaie tout de même de poser des garde-fous pour canaliser les ambitions d’un Sarkozy, qui de la présidence de l’UMP pourrait ambitionner de postuler à la présidence tout court en 2007. François Baroin, actuel secrétaire général délégué de l’UMP, a ainsi indiqué dans quel cadre devrait fonctionner Nicolas Sarkozy s’il accédait à la présidence du parti en précisant qu’il aurait à «soutenir le président de la République, poursuivre la voie des réformes, être la boîte à idée du mouvement et construire un projet pour 2007». Ajoutant : «Le veut-il vraiment ?»

Mais la principale contre-attaque est venu de l’Elysée où les proches du président ont commenté la récente visite de Nicolas Sarkozy à Jacques Chirac en expliquant que, désormais, celui-ci ne s’oppose pas à la candidature du ministre de l’Economie mais estime néanmoins difficile de concilier la gestion de Bercy avec celle de l’UMP. Une manière de mettre la pression sur le ministre de l’Economie pour l’obliger à choisir entre le gouvernement ou le parti. Ce qui reviendrait pour Nicolas Sarkozy à prendre le risque soit de ternir son image auprès des Français en quittant Bercy, soit de se priver de la direction d’une machine indispensable lorsque l’heure de la campagne pour les présidentielles aura sonné.

La riposte n’a pas tardé à venir de la part du ministre de l’Economie qui ne voit pas les enjeux du même point de vue et a déclaré qu’en matière de cumul des mandats au gouvernement et à l’UMP, «s’il y a une règle, elle doit s’appliquer à tous». Retour à l’envoyeur puisque l’Elysée avait précisé auparavant que Jean-Pierre Raffarin était le seul membre du gouvernement pour lequel il n’y avait pas conflit d’intérêt entre les deux fonctions, car en tant que Premier ministre, il est le chef «naturel» de la majorité. Le président du Parti radical, André Rossinot, a peut-être trouvé une solution à ce dilemme. Il a, en effet, proposé de confier le poste de Premier ministre à Nicolas Sarkozy. Voilà une solution, déjà souvent évoquée, qui sera peut-être examinée lors du conseil national élargi de l’UMP, convoqué ce week-end par Alain Juppé, pour que chacun puisse dire «ce qu’il a sur la patate».



par Valérie  Gas

Article publié le 24/06/2004 Dernière mise à jour le 25/06/2004 à 13:35 TU

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Journaliste à RFI

«La majorité des partisans de l’UMP soutient la candidature de Nicolas Sarkozy à la tête du parti.»

[25/06/2004]

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