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Economie française

Sarkozy sur tous les fronts

Nicolas Sarkozy, ministre de l'Economie et des Finances, face aux journalistes, le 4 mai 2004: aider les grandes entreprises est un «<i>devoir</i>» de l'Etat. 

		(Photo: AFP)
Nicolas Sarkozy, ministre de l'Economie et des Finances, face aux journalistes, le 4 mai 2004: aider les grandes entreprises est un «devoir» de l'Etat.
(Photo: AFP)
Nicolas Sarkozy, nouveau ministre de l’Economie et des Finances, entend se démultiplier pour redresser une situation peu favorable. Son programme d’action, dont il attend des résultats rapides, repose sur une relance de la consommation, une politique industrielle volontariste de l’Etat et une cure d’amaigrissement des finances publiques.

«Quand on n’a pas de marges de manoeuvre, on s’en crée par le mouvement», Nicolas Sarkozy, pour sa première conférence de presse en tant que de ministre de l’Economie et des Finances, fera preuve de la même activité débordante qu’au ministère de l’Intérieur, il y a peu. Il l’a lui-même déclaré, il va «multiplier les initiatives» et «se battre sur tous les fronts».

La conjoncture économique reste peu propice. La dette publique a atteint 64% de la richesse nationale et la France dépense plus pour rembourser l’intérêt de sa dette que dans sa politique en faveur de l’emploi et trois fois plus que pour ses investissements civils. De là vient, selon Nicolas Sarkozy, le manque de confiance des Français qui ne consomment pas assez et constituent une épargne de précaution. Mais l’incertitude de l’avenir et la situation du chômage pèsent dans le même sens.

L’un des axes de la politique menée par Bercy sera donc de pousser les Français à dépenser pour soutenir l’activité économique, en cassant leur tirelire ou en s’endettant et même en faisant consommer à leur place leurs enfants ou petits enfants. Le crédit à la consommation sera rendu moins coûteux par la déduction fiscale des intérêts des emprunts pendant deux ans. Cette mesure a pour objectif de relancer la vente des automobiles qui a beaucoup chuté ces derniers mois et l’achat de biens d’équipements, immédiatement perceptibles dans les statistiques de conjoncture.

La fermeture dominicale des magasins devrait être assouplie et les grandes surfaces incitées à répercuter plus fortement les baisses de prix. Les réserves de participation ou épargne salariale vont être partiellement débloquées, là encore pour être dépensées plus rapidement. Le marché de l’immobilier sera soutenu par un accès plus facile au crédit et la remise sur le marché de 3 millions de mètres carrés de logements, détenus par l’Etat. Enfin, pendant un an, les parents et grands-parents pourront transmettre 20 000 euros en franchise d’impôts à chacun de leurs descendants majeurs.

Recettes de privatisation

Incitant les particuliers à consommer davantage l’Etat va, a contrario, se serrer la ceinture et réaliser des économies. Le respect strict du budget voté par le parlement est réaffirmé par Nicolas Sarkozy qui entend fixer des règles de rationalisation budgétaire par une loi organique d’ici la fin de l’année. La chasse aux avantages fiscaux «inutiles ou injustes» est ouverte, car le ministre de l’Economie et des Finances estime qu’une réforme n’est acceptée que si elle bénéficie à tous.

L’Etat va prochainement se défaire d’un certain nombre de «bijoux de famille» afin de réduire son endettement. C’est le cas pour 100 000 mètres carrés de bureaux au centre des villes et les intérêts dégagés de la vente de 500 à 600 tonnes d’or issues des réserves de la Banque de France dans les cinq ans. Des privatisations interviendront dans les prochains mois, en fonction de la conjoncture boursière, portant sur 35% du capital de la Snecma (moteurs d’avions) et deux sociétés autoroutières par le biais d’une augmentation de capital. Les recettes de privatisation iront, la précision est importante, à la réduction de la dette et pas aux dépenses de fonctionnement de l’Etat.

Pas un droit, un devoir

Enfin, tout en réaffirmant sa confiance dans l’économie de marché, Nicolas Sarkozy justifie une intervention forte de la puissance publique dans la politique industrielle. «Pour l’Etat, dit-il, aider les grandes industries n’est pas un droit, c’est un devoir». Et comme pour les prises de position de la France dans les dossiers Aventis-Sanofi ou Alstom il est même prêt à défendre cette thèse à Bruxelles contre les exigences de la Commission européenne. D’ailleurs la lutte contre les délocalisations, inquiétude légitime des salariés, doit être menée au niveau européen. Pour ce qui concerne la France, les centres de recherche et de développement seront dotés d’un statut fiscal favorable et des pôles de compétitivité regrouperont des entreprises du même secteur afin de bénéficier de services communs. L’épargne sera réorientée vers les sociétés non cotées et les petites et moyennes entreprises afin de permettre leur développement. Les aides aux entreprises seront également assorties, à l’avenir, d’un engagement de «non-délocalisation» car, a déclaré Nicolas Sarkozy, quelques exemples récents de détournements d’aides ont, à juste titre, indigné les Français.



par Francine  Quentin

Article publié le 04/05/2004 Dernière mise à jour le 04/05/2004 à 14:15 TU

Audio

Patrice Biancone

Journaliste à RFI

«Nicolas Sarkozy a annoncé une vingtaine de mesures pour remettre d’aplomb les finances publiques et relancer l’activité et la consommation.»

[04/05/2004]

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