Budget
Sarkozy gèle 7 milliards, pour commencer
(Photo AFP)
Il y a quelques mois le gouvernement avait gelé 4 milliards d’euros de crédits votés peu avant par le Parlement dans la loi de finances pour 2004. Nicolas Sarkozy, à peine arrivé au ministère des Finances, confirme ce gel et y ajoute 3 milliards d’euros de plus, issus des crédits non dépensés en 2003 et reportés sur cette année. «Pour se renforcer, la croissance a besoin d’être allégée du poids trop lourd des dépenses publiques» a justifié Nicolas Sarkozy.
Cette «réserve de précaution», a expliqué le ministre des Finances, pourra être utilisée au cours de l’année, en fonction des besoins et des dépenses supplémentaires. L’objectif clairement assigné par Bercy aux différents ministères dépensiers est de «ne pas dépenser un euro de plus que ce qui a été voté», soit 283,7 milliards d’euros. Or, pour enrayer le dérapage budgétaire, limiter le déficit et tenter de revenir au respect des limites d’endettement fixées par l’Union européenne, la France dispose d’une faible marge de manœuvre. Impossible, en effet, de toucher aux traitements et retraites des fonctionnaires ni aux dépenses incompressibles. Il ne resterait qu’environ 18 milliards d’euros plus ou moins flottants dont 8 milliards d’euros de crédits de reports.
Qui va devoir se serrer la ceinture ? Dans sa lettre aux différents ministères le ministre des Finances précise la contribution de chacun à l’effort commun de réduction des dépenses. Mais d’ores et déjà sont exclus des restrictions, la recherche, la lutte contre le cancer, la sécurité routière, l’aide aux handicapés et l’aide publique au développement, qui sont autant de priorités du président de la République Jacques Chirac.
«Cadeaux fiscaux»
Comme il était à prévoir, la course à celui qui ne sera pas touché par les mesures générales est engagée. On prêtait au ministre des Finances l’intention de peser sur le ministère de la Défense pour réduire ses dépenses, sachant que les opérations militaires extérieures auxquelles participe la France en Haïti, en Côte d’Ivoire, au Kosovo devraient se traduire en 2004 par un surcoût de 531 millions d’euros. Pour Bercy ces opérations devraient davantage être financées par des économies internes à ce département ministériel.
Mais très vite le ministère de la Défense a réagi, estimant qu’il n’était pas concerné par le gel de crédits décrété par le ministère des Finances. Les opérations extérieures, souligne-t-on, ne constituent pas des «aléas» non prévus et donc non financés. La preuve en est que leur prise en compte budgétaire avait été demandée.
De son côté l’opposition dénonce de retour à l’austérité budgétaire qui n’aura pour effet, selon Didier Migaud, ancien rapporteur socialiste du budget, que de casser un peu plus la croissance économique. Selon le parti socialiste, pas besoin de chercher très loin: «les dépenses non votées sont connues: exonération de cotisations sociales dans l’hôtellerie et la restauration, allégement de la taxe professionnelle». Au total, ce seraient donc «les baisses de crédits sociaux et d’intervention qui serviront à couvrir les cadeaux fiscaux». Cela revient pour le PS à «tailler à la hache dans les dépenses publique pour financer les dernières mesures catégorielles».
Or, la chasse aux crédits risque encore de s’intensifier. Au lendemain de l’annonce de ce gel budgétaire Nicolas Sarkozy a fait savoir que d’autres décisions étaient à venir pour ne pas dépenser plus que le budget voté par le Parlement.
par Francine Quentin
Article publié le 21/04/2004 Dernière mise à jour le 21/04/2004 à 12:58 TU