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Budget

Matignon arbitre en faveur de Sarkozy

Nicolas Sarkozy et Michèle Alliot-Marie. Dans le premier bras de fer entamé par le ministre des Finances pour contenir le déficit budgétaire, c’est Bercy qui l’emporte face à la Défense. 

		(Photo: AFP)
Nicolas Sarkozy et Michèle Alliot-Marie. Dans le premier bras de fer entamé par le ministre des Finances pour contenir le déficit budgétaire, c’est Bercy qui l’emporte face à la Défense.
(Photo: AFP)
Dans le bras de fer opposant le ministre des Finances à celui de la Défense, le Premier ministre a arbitré en faveur de Nicolas Sarkozy. Michèle Alliot-Marie va devoir geler un milliard d’euros de réserve de précaution. Seules les priorités clairement identifiées par le président de la République sont dispensées de se mettre au régime pour redresser les finances publiques.

La ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie ne se déclare pas battue et elle entend bien reprendre la discussion avec son collègue des Finances Nicolas Sarkozy sur le maintien de ses crédits, dès son retour d’un voyage officiel dans la région du Golfe, en début de semaine prochaine. Il n’en demeure pas moins que dans le premier bras de fer entamé par le ministre des Finances pour contenir le déficit budgétaire, c’est Bercy qui l’emporte. Après trois jours de polémique au cours desquels la Défense a fait la sourde oreille, prétendant ne pas être concernée par les gels de crédits, puis de la franche résistance, le Premier ministre a tranché.

Afin de désamorcer la crise Matignon a fait savoir qu’une mise en réserve de 3,78 milliards d’euros de crédits avait été décidée par le Premier ministre, sur proposition du ministre des Finances et que le ministère de la Défense serait concerné «au même titre que les autres». Toutefois, baume au coeur des militaires, les crédits ainsi gelés ne serviront pas à alimenter des ministères civils. Quant aux 3 milliards d’euros de crédits de report de 2003, la décision de leur rendre également indisponibles temporairement devrait être prise dans les prochaines semaines.

Seules sont épargnées par l’austérité générale les priorités clairement affirmées par le président de la République: la sécurité routière, la lutte contre le cancer, le sida, l’aide aux handicapés et l’aide publique au développement. En outre trois ministères échappent au lot commun en raison des nouvelles orientations du gouvernement: la recherche, la Culture et les Affaires étrangères.

La bataille à ne pas perdre

Au centre du débat sur les crédits du ministère de la Défense, le financement des opérations extérieures de la France. La France est présente en Haïti, dans les Balkans, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, dans les bases situées en Afrique et les départements et territoires d’outre-mer, ce qui a coûté 620 millions en 2003. Pour cette année 530 millions ont été prévus mais devraient être largement dépassés. A la Défense on plaide que la situation économique est difficile mais la situation internationale aussi, surtout si la France veut maintenir sa place et tenir ses engagements. Déjà en 2003 le ministère de la Défense avait été contraint à 800 millions d’euros de réserve de précaution, dont une partie avait servi à financer les opérations extérieures, le reliquat restant à la charge du budget général de l’Etat. Cette année le ministère pourrait être amené à assumer seul une part plus importante du surcoût des opérations extérieures de la France.

Mais les commentateurs politiques ne s’y sont pas trompés. Nicolas Sarkozy, arrivé depuis peu à Bercy, marque tout de suite son terrain et, engageant la lutte avec le ministère de la Défense, il marque un point sur un domaine qui fut longtemps secteur réservé du président de la République. C’était donc la première bataille à ne pas perdre, au risque d’écorner son crédit pour l’avenir. En obtenant un arbitrage favorable du Premier ministre il se place en véritable homme fort de ce gouvernement. En s’attaquant aux crédits militaires, il se rallie une bonne partie de l’opinion publique et en défendant le redressement des finances publiques il peaufine son image auprès de la Commission européenne.

Conforté par ce succès Sarkozy peut donc s’envoler serein pour Washington où il représente la France aux réunions du G7, de la Banque mondiale et du FMI. Par ailleurs, outrepassant son strict mandat financier, il rencontrera la conseillère nationale pour la sécurité Condoleezza Rice et le secrétaire d’Etat américain Colin Powell, ce qui ne peut qu’avoir un impact positif sur sa stature internationale.



par Francine  Quentin

Article publié le 23/04/2004 Dernière mise à jour le 23/04/2004 à 14:00 TU