Economie française
Entre ouvertures de capital et privatisations
Photo : AFP
Toutefois, dans le même temps, le gouvernement confirme sa volonté de procéder à un changement de statut permettant d’ouvrir le capital d’EDF et de GDF à des actionnaires privés. Cette décision qui revient de fait à une privatisation partielle qui ne dit pas son nom, n’est pas une simple mise en conformité avec la libéralisation des services publics amorcée dans l’Union européenne. La seule exigence de la Commission européenne porte sur la modification du statut d’établissement public, jugé contraire à la concurrence public-privé car il apporte la garantie de l’Etat contre une éventuelle faillite.
Dès lors l’opération a bien davantage pour but, comme le précise le patron d’EDF François Roussely de «financer les missions de service public, la recherche et le développement, la sécurité des réseaux et le renouvellement de l’outil industriel». L’engagement gouvernemental suffira-t-il à rassurer les opposants à la privatisation d’EDF? Pas s’ils ont en tête l’exemple de France Telecom, entreprise publique qui, après plusieurs ouvertures de capital successives, entre 1997 et 2000, à vu se réduire la part de l’Etat à 54% avant qu’en décembre dernier le parlement vote la suppression du seuil de 50% de participation publique minimum, laissant le champ libre à une privatisation totale dans l’avenir.
Patrimoine immobilierPar ailleurs de 30% à 40% de la Snecma, motoriste et équipementier aéronautique, dont l’Etat détient près de 98% du capital, seront bientôt mis sur le marché. De plus, la compagnie aérienne Air France lors de l’échange de participations avec son concurrent néerlandais KLM devrait faire passer mécaniquement la part de l’Etat français sous les 50% du capital. On prête aussi au gouvernement l’intention d’ouvrir le capital d’Aéroports de Paris, de deux sociétés d’autoroutes et du groupe nucléaire Areva.
Il est vrai que confronté à une dette publique qui pourrait, sans corrections, passer de 63% cette année à 67% du PIB en 2005, le gouvernement doit rapidement trouver de l’argent frais. Déjà, entre 1986 et 1993, les recettes de privatisations avaient permis de réduire la dette et recapitaliser les entreprises publiques. L’accélération prévue du programme de privatisation devrait rapporter cette fois environ 20 milliards d’euros.
Et ce n’est pas tout. Le ministre de l’Economie et des Finances étudie la possibilité de vendre une partie du stock d’or de la Banque de France, formule qui est également à l’étude dans d’autres pays européens pour leurs propres réserves. Enfin, autre forme de «privatisation» en ce qu’elle remet sur le marché des biens détenus par la puissance publique, le gouvernement se souvient à propos qu’il est actuellement propriétaire de 12 millions de m2 de bureaux. Se défaire d’une partie de ce patrimoine public dans une période de flambée des prix de l’immobilier pourrait s’avérer, menée avec discernement et sans entrainer l’effondrement des cours, une opération fructueuse. Au risque de voir l’opposition protester contre la vente des «bijoux de famille» pour payer ses dettes.
par Francine Quentin
Article publié le 09/04/2004 Dernière mise à jour le 09/04/2004 à 13:38 TU