Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Prix Nobel

«Le mouvement de Wangari Maathai a empêché des projets inacceptables»

Paul Lannoye, ancien député Vert au Parlement européen a bien connu Wangar Maathai: «<i>C'est une personne très active sur le terrain</i>». 

		(Photo: <i>paullannoye.be</i>)
Paul Lannoye, ancien député Vert au Parlement européen a bien connu Wangar Maathai: «C'est une personne très active sur le terrain».
(Photo: paullannoye.be)
A Oslo, le prix Nobel de la paix a été décerné à la Kenyane Wangari Maathai autant pour son engagement politique en faveur de la démocratie et des droits de l’homme que pour son engagement écologique. Ce prix attribué à Wangari Maathai ravit l’ex-député des Verts au Parlement européen Paul Lannoye. Ce dernier revient sur le parcours de cette militante qui lutte depuis près de trente ans contre la déforestation au Kenya.

RFI: La militante écologiste Kenyane Wangari Maathai vient de remporter le prix Nobel de la paix. Vous l’avez rencontré plusieurs fois…Pouvez-nous parler d'elle ?

Paul Lannoye : C’est une très forte personnalité, j’ai toujours eu avec Wangari Maathai des échanges très enrichissants. Ma dernière rencontre date d’il y a un an, nous avions organisé avec les Verts européens une réunion à Nairobi du P7, le sommet des sept pays les plus pauvres, pour discuter du rôle des multinationales en Afrique. Mais mon souvenir le plus marquant date de quelques années lors d’une réunion d’environnementalistes et d’écologistes africains au Kenya, à Nairobi, où elle a emmené tous les participants à une manifestation de femmes qui souhaitaient protéger les forêts autour de Nairobi, des forêts menacées par des projets d’exploitation tout à fait anti-écologiques. C’est une personne très active sur le terrain qui a également un discours politique très fort. Ce n’est pas une activiste au sens strict du terme, mais une politique. Sa nomination en qualité de ministre-adjoint à l'environnement et aux ressources naturelles est une reconnaissance implicite de sa valeur par son pays..

RFI: Wangari Maathai est récompensée pour sa rôle dans la défense de l'environnement, et pour sa lutte contre la déforestation. Elle est notamment la fondatrice du «Green Belt Movement» («Mouvement de la ceinture verte») le principal projet de plantations d'arbres en Afrique. Dans quelle mesure, a-t-il empêché la dégradation des forêts au Kenya ?

PL : A plusieurs reprises, ce mouvement a réussi à empêcher que se concrétisent des projets de déforestation absolumment inacceptables au Kenya, ce qui est loin d’être le cas dans d’autres pays africains. Au Kenya, il y a une forte pression touristique avec notamment tous les parcs animaliers qui attirent les touristes mais qui entraînent nécessairement une forte pression sur les ressources naturelles et sur les forêts. Le rôle de cette association est notamment d’exiger que les projets touristiques s’inscrivent dans un développement normal et cohérent de la région. L’autre objectif de ce mouvement n’est seulement protéger les ressources naturelles en tant que telles, mais également les droits des populations à les exploiter. 

RFI: Quels sont les enjeux actuels pour l'environnement au Kenya ?

PL : Pour tous les pays africains, avant l’environnement, il y a d’abord un problème de pauvreté énorme. Le Kenya ne fait pas partie des pays les plus pauvres, mais il a plusieurs ethnies parfois en compétition pour les terres ou  pour le maintien de leurs traditions. C’est notamment le cas des populations Massaï qui essayent de maintenir leurs coutumes et leur mode de vie face aux pressions occidentales. En effet, le Kenya est une ancienne colonie britannique où les Européens sont encore très présents avec parfois une cohabitation pas toujours facile. Selon moi, Wangari Maathai a joué un rôle très positif dans le fait que le Kenya parvient à se sortir de cette situation post-coloniale pour s’acheminer vers un développement durable. Wangari Maathai n’agit pas seulement sur les problèmes environnementaux mais également sur les problèmes de vécu des populations locales par rapport à l’environnement.



par Propos recueillis par Myriam  Berber

Article publié le 08/10/2004 Dernière mise à jour le 08/10/2004 à 16:17 TU