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Côte d’Ivoire

Les bons offices de Thabo Mbeki

Le président sud-africain Thabo Mbeki mandaté par l'Union africaine pour trouver une solution à la crise ivoirienne est attendu ce mardi en Côte d'Ivoire. 

		(Photo: AFP)
Le président sud-africain Thabo Mbeki mandaté par l'Union africaine pour trouver une solution à la crise ivoirienne est attendu ce mardi en Côte d'Ivoire.
(Photo: AFP)
Thabo Mbeki s’est envolé tôt ce mardi matin pour la Côte d’Ivoire, à la tête d’une mission de médiation, confié au président sud-africain par l’Union africaine. La présidence et les médias sud-africains sont très discrets sur la durée de la visite de Thabo Mbeki, et sur les détails de la mission qui s’annonce comme l’une des plus difficile pour le président sud-africain.

De notre correspondante à Johannesburg

« L’Afrique du Sud accepte humblement le mandat confié par l’Union africaine, qui s’inscrit dans la logique sud-africaine de trouver une solution politique aux situations conflictuelles sur le continent », fait savoir un communiqué de presse de la présidence et du ministère des affaires étrangères sud-africains, confirmant le départ de Thabo Mbeki pour Abidjan mardi, soit un jour plus tôt que prévu, pour une durée de 24 heures, selon un porte-parole.

Ce week-end, l’Union africaine (UA) a en effet demandé au président sud-africain de servir de médiateur dans le conflit ivoirien. La présidence sud-africaine reste très discrète sur la mission exacte de Thabo Mbeki, mais les agences de presse rapportaient en fin de semaine qu’il essaierait d’amener « le président ivoirien et le leader de l’opposition Alassane Ouattara à la table des négociations », d’après une source au sein de l’Union africaine.

Le porte-parole du président sud-africain se dit confiant, « Thabo Mbeki pourra gagner la confiance des deux parties, car il n’est pas ouest-africain, et parce qu’il a une expérience dans la résolution des conflits », a déclaré Bheki Khumalo à la radio publique sud-africaine. Précisant que les bonnes relations de l’Afrique du Sud avec la France seront un atout supplémentaire.

Dans sa lettre hebdomadaire envoyé sur le site de son parti l’ANC, Thabo Mbeki, faisait référence à la Côte d’Ivoire avant l’annonce officielle de son voyage. « En tant qu’Africains, nous devons admettre ouvertement que nous n’avons pas réussi à aider les Ivoiriens à mettre fin à la crise », écrit le président sud-africain ajoutant « c’est précisément à cause de l’échec africain que la France est intervenue militairement, politiquement et diplomatiquement pour aider le pays à trouver le chemin de la paix ».

Un test pour l’Union africaine

L’Union africaine a indiqué qu’elle soutenait l’action de la France en Côte d’Ivoire ainsi que des Nations-unies. La France a demandé au conseil de sécurité de l’Onu d’imposer des sanctions contre la Côte d’Ivoire, incluant un embargo sur les armes d’au moins un an.

La délégation menée par le président sud-africain, comprend Alpha Oumar Konaré, le président de la commission de l’UA, ainsi que le ministre de la défense sud-africain et le vice-ministre des affaires étrangères, Aziz Pahad, un proche de Mbeki.

Si tout le monde s’accorde en Afrique du Sud à saluer le déplacement de Mbeki comme une bonne initiative, personne ne se fait cependant trop d’illusions. « Cela fait des années qu’on observe ce qui se passe en Côte d’Ivoire en voyant tous les signes d’un désastre annoncé, personne n’a jamais vraiment voulu mettre la pression sur Gbagbo », commente Ross Herbert de l’Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA). Mieux vaut tard que jamais ? « C’est vrai que Mbeki peut-être considéré comme neutre par rapport aux pays de la région ivoirienne, ce qui rend la médiation plus crédible », concède-t-il.

Tout dépend de la façon dont le président sud-africain approche le problème, « tout le monde doit être invité à la table des négociations », ajoute Herbert, conscient de la mission presque impossible échue à Thabo Mbeki dans un contexte de xénophobie de tensions nationalistes très difficile, « la question des Jeunes Patriotes incontrôlables est cruciale et difficile à résoudre », ajoute-t-il.

Plusieurs chefs d’État africains, y compris Thabo Mbeki, ont appelé Laurent Gbagbo à respecter ses engagements liés aux accords de paix lors d’une réunion marquant le troisième anniversaire du Nepad à Johannesburg le mois dernier. Le président sud-africain a passé son week-end au téléphone avec les chefs d’État de la région pour préparer son voyage. Une mission importante pour la Côte d’Ivoire, mais sûrement autant pour tester la solidité de l’Union africaine, et le rôle de Thabo Mbeki, qui a jusque là recueilli éloges mais aussi critiques pour son action dans plusieurs pays du continent en situation de conflit.

par Stéphanie  Savariaud

Article publié le 09/11/2004 Dernière mise à jour le 10/11/2004 à 12:09 TU

Audio

Claudine Vidal

Directrice de recherches au CNRS, spécialiste de la Côte d'Ivoire

«Laurent Gbagbo a toujours beaucoup de mal a admettre l'éligibilité d'Alassane Ouattara.»

[09/11/2004]

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