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Mozambique

Armando Guebuza élu président

Avec plus de 63% des voix, Armando Guebuza a été déclaré officiellement le nouveau président de la République du Mozambique. 

		(Photo : AFP)
Avec plus de 63% des voix, Armando Guebuza a été déclaré officiellement le nouveau président de la République du Mozambique.
(Photo : AFP)
Après plus de deux semaines d’un dépouillement confus et fastidieux, Armando Guebuza, le candidat du Frelimo (Front de Libération du Mozambique), le parti au pouvoir, a été déclaré officiellement vainqueur des élections présidentielles des 1er et 2 décembre, avec plus de 63% des voix. Son parti sort également vainqueur des élections législatives, remportant la majorité des sièges à l’Assemblée de la République.

De notre correspondante à Maputo

Il aura donc fallu plus de deux semaines aux organes électoraux mozambicains pour annoncer officiellement à la population les résultats des troisièmes élections générales du pays. Sans surprise et conformément aux nombreuses projections faites par la presse ces derniers jours, Armando Guebuza, le candidat du Frelimo, le parti au pouvoir, l’emporte avec 63,7% des voix, contre à peine 31,7% des voix pour son principal adversaire, Afonso Dhlakama, le leader de la Renamo (Résistance Nationale du Mozambique), le principal parti d’opposition. Armando Guebuza succède ainsi à Joaquim Chissano, au pouvoir depuis 1986, qui avait décidé de ne pas brigué de troisième mandat.

Le Frelimo obtient également la majorité des sièges à l’Assemblée législative. Le parti au pouvoir l’emporte avec 160 sièges contre 90 pour la Renamo. Cette dernière perd ainsi 27 députés par rapport à la législature précédente. La bipolarisation de la vie politique mozambicaine se confirme également. Aucun des petits partis en lice n’a réussi à franchir le seuil des 5% de votes permettant d’envoyer un représentant à l’Assemblée.

De « graves irrégularités »

Mais si le Frelimo et son candidat peuvent se féliciter de cette large victoire, ils ne devront pas oublier que la grande gagnante de ces élections a été l’abstention. A peine 36% des 9 millions d’électeurs inscrits se sont déplacés pour aller voter, contre 70% en 1999 et plus de 90% en 1994 lors des premières élections libres du pays qui consacraient le processus de paix après plus de quinze ans de guerre civile. Une indifférence de la population qui, selon de nombreux analystes, pourrait traduire une lassitude de l’électorat vis-à-vis du Frelimo, le vainqueur de l’indépendance, après vingt-neuf ans de suprématie, et le peu de confiance dans les capacités de la Renamo, ancien groupe rebelle, à diriger le pays.

Le nouveau pouvoir ne pourra pas non plus négliger les critiques des observateurs internationaux sur le processus de dépouillement. L’Union européenne et le Centre Carter, qui avaient dépêché le plus grand nombre d’observateurs sur place, se sont pour l’instant refusés à qualifier ces élections de « libres, justes et transparentes » selon la formule consacrée. Si les observateurs ont reconnu que le vote s’était bien déroulé et que ce scrutin remplissait en grande partie les normes internationales, ils ont également relevé « des irrégularités, parfois graves » ainsi qu’un « processus de comptage lent, avec, dans certains cas, un manque de transparence. »

Après l’annonce officielle, le porte-parole de la Renamo, Fernando Mazanga a déclaré que son parti ne reconnaissait pas les résultats. « La fraude a été confirmée par les observateurs internationaux », a-t-il affirmé, en précisant que son parti n'occuperait pas ses 90 sièges au parlement. Mais si la Renamo peut s’attendre à voir légèrement modifier la répartition des sièges à l’Assemblée en fonction de la façon dont ces irrégularités seront traitées par le Conseil Constitutionnel, qui dispose de quarante jours pour valider les résultats, il n’en reste pas moins qu’elle doit faire face à une large défaite qui ne devrait pas être sans conséquence sur son organisation interne.

Guebuza, ancien combattant et homme d’affaires

Face à la faiblesse de l’opposition, le nouveau président du Mozambique aura donc les coudées franches pour mettre en œuvre son programme. Agé de 61 ans, Armando Guebuza est loin d’être un novice en politique. Membre fondateur du Frelimo, ancien combattant de la lutte armée pour l’Indépendance, il a été plusieurs fois ministre.

Homme ambivalent, connu pour son caractère autoritaire, il pourrait néanmoins s’atteler aux réformes de la justice et de l’administration devenues indispensables après les dernières années de l’ère Chissano marquées par un affairisme grandissant. Homme d’affaires prospère, ce qui lui a valu le surnom de « Guebusiness », et fin connaisseur des dossiers économiques, Armando Guebuza devrait également poursuivre le programme de développement du pays. En dix ans, la pauvreté diminué de plus de 15% dans le pays.

par Jordane  Bertrand

Article publié le 22/12/2004 Dernière mise à jour le 22/12/2004 à 10:40 TU