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Centrafrique

Les recalés de la présidentielle

La cour constitutionnelle de transition valide cinq candidatures à la présidentielle, dont celle du président sortant, le général François Bozizé.(Photo : AFP)
La cour constitutionnelle de transition valide cinq candidatures à la présidentielle, dont celle du président sortant, le général François Bozizé.
(Photo : AFP)
La Cour constitutionnelle de transition vient d’invalider une dizaine de candidatures sur la quinzaine qui lui a été soumise. Les «recalés» protestent et demandent la dissolution de la Cour constitutionnelle et s’organisent en « Comité de crise ».

La plupart des candidats à l’élection présidentielle sanctionnant la fin de la transition politique conduite par le général François Bozizé sont amers et accusent la Cour constitutionnelle « d’actes prémédités ». Elle a rendu public la liste de cinq de candidats admis à se présenter au scrutin du 13 février prochain dont l’actuel président, le général François Bozizé. Outre le président sortant, la candidature de l’actuel vice-président, Abel Goumba, a aussi été retenue comme celle de l’ancien président de la République (1981-1993) le général André Kolingba. L’avocat Henri Pouzère et l’ancien ministre Auguste Boukanga bouclent la liste de la Cour constitutionnelle.  

Parmi les « recalés » figurent de grands noms de la vie politique en Centrafrique. L’ancien président, Ange-Félix Patassé en exil à Lomé au Togo, renversé par un coup d’Etat en mars 2003 par François Bozizé, a vu sa candidature invalidée pour « non-conformité » de l’acte de naissance produit avec l’original. La Cour constitutionnelle a aussi invoqué des raisons « d’illisibilité » de l’acte de naissance de l’ancien président. Nulle part il n’a été fait mention des poursuites judiciaires dont fait l’objet Ange-Félix Patassé. En effet, jugé par contumace il est poursuivi par la Cour criminelle de Bangui pour « détournements de fonds publics ». Par ailleurs, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a aussi déposé à son encontre une plainte pour « crimes de guerre ». Cette organisation lui impute la responsabilité des exactions commises par les forces loyalistes lors de la répression de la première tentative de coup d’Etat d’octobre 2002 déjà menée par François Bozizé.

« Les raisons fallacieuses »

La candidature des anciens Premiers ministres Martin Ziguélé et Jean-Paul Ngoupandé, de l’ancien ministre de la Défense Jean-jacques Demafouth, des anciens ministres Charles Massi et Olivier Gabirault et du pasteur Josué Binoua a été rejetée pour cause de « dossiers incomplets » alors que les autres candidats accusent une insuffisance de caution à verser : la somme est de cinq millions CFA, soit environ 7 600 euros. La Cour constitutionnelle a souvent invoqué la notion de « titre foncier et de propriété bâtie » pour justifier le rejet de certains dossiers. En effet, les candidats à l’élection présidentielle en Centrafrique doivent prouver qu’ils sont propriétaires d’un domaine bâti dans leur ville de résidence. Or, selon la Cour constitutionnelle, Jean-Paul Ngoupandé, par exemple, aurait fourni des documents prouvant un titre de propriété dans son village natal et non à Bangui où il réside. Le dossier médical de Martin Ziguélé a été retenu contre lui-même, le médecin français qui l’a rédigé aurait noté « une apparente bonne santé » ce qui a éveillé les soupçons de la Cour qui y a trouvé un doute sur la santé de l’ancien Premier ministre : dossier rejeté.

« Les recalés » regroupés au sein d’un comité de crise ont lancé plusieurs communiqués à l’attention de la communauté internationale pour dénoncer les raisons « fallacieuses » énoncées par la Cour constitutionnelle pour justifier l’invalidation de certaines candidatures. Ce comité de crise promet de se réunir désormais tous les jours, marquant ainsi sa détermination à mener des actions en faveur de la reconsidération des décisions de ladite cour. Il organise un premier rassemblement le 5 janvier prochain qui aura valeur de test. Le premier écho à cette contestation est venu de Paris, où le ministère des Affaires étrangères souhaite plutôt une élection « ouverte à toutes les forces politiques du pays sans exclusive ».

La coïncidence des calendriers a fait que le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan a rendu public un rapport, le 30 décembre à New York, dans lequel il salue les résultats encourageants de la transition en Centrafrique. Le compromis trouvé entre le gouvernement et le conseil national de transition (le parlement) autour du projet de constitution et du code électoral « a largement contribué à la détente des relations (…), donnant lieu à un  regain d’espoir », explique Kofi Annan qui fait-il remarquer également, « qu’il faut que tout soit mis  en œuvre pour préserver le consensus qui sous-tend la transition ».


par Didier  Samson

Article publié le 03/01/2005 Dernière mise à jour le 03/01/2005 à 17:42 TU