France-Irak
Mobilisation en faveur de Florence Aubenas
(Photos: Laurent Guérin, AFP)
Cela fait maintenant près d’une semaine que le quotidien Libération, la famille et les proches de Florence Aubenas attendent d’être fixés sur son sort, alors qu’aucune revendication autour d’un éventuel enlèvement n’a été formulée. Les autorités françaises sont dans l’expectative. Le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier a indiqué, mardi 10 janvier, n’avoir «toujours pas de certitude» sur les raisons de ces disparitions. La journaliste Florence Aubenas et son guide-interprète irakien, Hussein Hanoun al-Saadi, en reportage à Bagdad depuis la mi-décembre pour couvrir la préparation des élections, n’ont plus été vus depuis le 5 janvier à la mi-journée à la sortie de leur hôtel.
«Nous procédons à toutes les vérifications, à toutes les recherches possibles», a précisé le chef de la diplomatie française. A Bagdad, l’ambassadeur de France, Bernard Bajolet, a indiqué avoir «sollicité l’aide» du Comité des oulémas musulmans d’Irak pour obtenir la libération de Florence Aubenas et de son interprête. Ce Comité qui est l’un des principales organisations religieuses sunnites du pays, avait déjà plaidé pour la libération des journalistes français, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, retenus en otages durant quatre mois. Le porte-parole du Comité des oulémas Omar Ragheb s’est dit prêt à «faire le maximum» pour retrouver les disparus, mais a toutefois précisé que pour l’instant, son organisation ne sait «rien sur l’identité des ravisseurs».
«Une journaliste indépendante»
Alors que pour Christian Chesnot et Georges Malbrunot, une revendication avait été très vite formulée par l’Armée islamique en Irak, personne n'a encore revendiqué la détention de Florence Aubenas et de son interprète Hussein Hannoun. Malgré cela, l’hypothèse d’un enlèvement est dans tous les esprits. La mobilisation prend corps. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a rappelé lors la présentation de ses vœux à la presse, à l’instar du président Chirac, que «l’Etat mobilisait tous ses moyens pour retrouver Florence Aubenas». Dans la foulée, le chef du gouvernement a mis en garde les journalistes couvrant l’Irak sur les risques d’enlèvement. «Vous avez la responsabilité d’informer. Nous, pouvoirs publics, nous avons le devoir et la responsabilité de vous dire que l’Irak est un pays très dangereux», a-t-il expliqué. A sa demande, le ministre des Affaires étrangères doit examiner dès cette semaine avec les responsables de la presse écrite et audiovisuelle les conditions pour pouvoir travailler dans ces circonstances.
Depuis mercredi, plusieurs groupes et organisations ont lancé des appels en faveur de Florence Aubenas et Hussein Hanoun al-Saadi. Aux communiqués de soutien émanant d’écrivains et de lauréats du prix Nobel de littérature s’est ainsi ajouté l’appel lancé lundi par un collectif de journalistes arabes originaires d’Irak, de Palestine, Syrie, Liban, Maroc, Algérie, Tunisie notamment. «Florence est l’exemple même de la journaliste indépendante qui ose dire ce qu’elle voit, sans considération aucune pour des intérêts politiques ou partisans», écrivent-ils dans un communiqué publié sur le site oumma.com. Ce soutien est également très présent à Reporters sans frontières (RSF) qui multiplie les appels à la mobilisation depuis plusieurs jours. L’association, qui devait organiser une soirée festive, jeudi 13 janvier, à l’Institut du monde arabe à Paris pour le retour en France des ex-otages Christian Chesnot et Georges Malbrunot, a décidé de transformer cette réunion en mobilisation pour Florence Aubenas.
par Myriam Berber
Article publié le 11/01/2005 Dernière mise à jour le 11/01/2005 à 16:21 TU