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Tsunamis et séisme

De l’aide à plus long terme

Jan Engeland, le coordinateur des opérations d'urgence de l'ONU, à la conférence de Genève, le 11 janvier 2005.(Photo: AFP)
Jan Engeland, le coordinateur des opérations d'urgence de l'ONU, à la conférence de Genève, le 11 janvier 2005.
(Photo: AFP)
La catastrophe dans l’océan Indien a donné lieu à un élan de solidarité sans précédent. Aujourd’hui les Nations unies veulent que l’aide aux victimes couvre les secours d’urgence mais aussi que les pays donateurs s’engagent pour fournir une aide à plus long terme aux pays sinistrés.

A l’occasion de cette conférence de Genève, les Nations unies attendent des pays donateurs la confirmation des dons promis tout de suite après le 26 décembre. Lorsque la planète entière a pris conscience des ravages incroyables des tsunamis sur les côtes de l’océan Indien, les promesses de dons ont atteint des sommes record, à la mesure de la catastrophe. L’élan de solidarité se chiffre actuellement à plus de 3 milliards de dollars d’aide d’urgence. Elle est offerte par plus de 45 pays et par le secteur privé. A Genève, chaque donateur est appelé à concrétiser sa promesse. Jan Egeland, le coordinateur des opérations d’urgence de l’ONU, espère d’abord que l’appel aux dons lancé le 6 janvier par Kofi Annan sera couvert.

Couvrir les besoins jusqu’en juin prochain

Le secrétaire général a demandé à la communauté internationale 977 millions de dollars d’aide d’urgence. Cette somme répondra aux besoins en personnel et en logistique d’une quarantaine d’agences des Nations unies et de centaines d’organisations non gouvernementales. Toutes sont actuellement sur le terrain pour aider les rescapés du Sri Lanka, de l’île indonésienne de Sumatra, de la Birmanie, des Maldives, des Seychelles et de la Somalie. Cette somme est censée couvrir les besoins jusqu’en juin prochain pour secourir cinq millions de personnes.

Les Nations unies souhaitent également que les pays donateurs s’engagent sur le plus long terme. Et si l’on s’en tient aux promesses, l’argent ne devrait pas manquer pour commencer la reconstruction puisqu’au total, les promesses de dons, publics et privés, sont estimées à 8 milliards de dollars. Une trentaine de ministres ont fait le voyage à Genève et ont été priés d’expliquer concrètement ce que leur pays offre réellement dans le cadre de l’aide d’urgence. Mais les Nations unies veulent aussi que cette réunion serve à faire le point sur les engagements à plus long terme, lorsque les images de la catastrophe ne feront plus la une des journaux et que l’urgence ne sera plus aussi évidente.

De la transparence

Les sommes en jeu pour aider les victimes de l’océan Indien sont énormes. Alors pour éviter la corruption comme dans le programme «Pétrole contre nourriture» destiné à l’Irak, les Nations unies ont accepté les services, gratuits, d’un cabinet d’audit américain. PricewaterhouseCoopers fera la comptabilité des dons. «Chaque dollar fera l’objet d’un suivi afin que le public soit informé », a déclaré Elisabeth Byrs, la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA). L’ONU de son côté compte étoffer son service financier pour faire face à l’affluence des dons et « pour que tout soit comptabilisé». 

Les « urgences oubliées »

L’ONU a profité de cet élan de générosité concrétisé par cette réunion de Genève pour demander aux donateurs de ne pas oublier d’autres régions du monde dont on parle moins, mais dont les besoins nécessitent également une aide qui sera probablement moins médiatisée. Vingt-six millions de personnes sont concernées comme au Soudan, dans la région du Darfour. Quatorze crises en tout, dont douze en Afrique, la plupart étant qualifiées «d’urgences oubliées». Pour venir à bout de ces crises, l’ONU a lancé un appel de fonds de 1,7 milliard de dollars. Jan Egeland, a regretté par ailleurs qu’en 2004, les Nations unies n’aient reçu «qu’un tiers des sommes qu’elles avaient demandé pour sauver des vies» sur l’ensemble de la planète.

La situation se complique à Sumatra

Sur le terrain, l’aide n’a pas encore réussi à parvenir dans toutes les régions sinistrées notamment en Indonésie, qui reste le cœur de la crise. Les sauveteurs comptent beaucoup sur la prochaine réouverture de la route qui longe la côte ouest de Sumatra. Au quotidien, les relations semblent se compliquer entre les autorités locales, la guérilla, et les Occidentaux. L’armée indonésienne a décidé de restreindre la liberté de mouvement des étrangers engagés dans les opérations de secours. Ils ne pourront plus sortir sans escorte de Banda Aceh. Des convois d’aide auraient été pris en embuscade par les rebelles qui chercheraient ainsi à faire connaître leur combat pour l’indépendance de la région.

Un aéroport pour les Nations unies  

Au Sri Lanka, le Programme alimentaire mondial annonce qu’il y a réussi à atteindre les 750 000 personnes qui avaient besoin d’une aide alimentaire immédiate. La FAO estime à deux millions au total le nombre de personnes qui ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence. De grandes quantités de riz sont disponibles dans les pays riverains de l’océan Indien. L’agence des Nations unie dédiée à l’agriculture demande aux donateurs de ne pas perturber les marchés en envoyant du riz en provenance d’autres régions du monde. 
En Malaisie, une base aérienne humanitaire a été ouverte. Elle est dédiée aux Nations unies et aux organisations impliquées dans l’acheminement des produits de première nécessité.


par Colette  Thomas

Article publié le 11/01/2005 Dernière mise à jour le 11/01/2005 à 16:30 TU