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Education nationale

Le Conseil des ministres approuve la loi d’orientation sur l’école

La réforme Fillon intervient dans un climat de défiance vis-à-vis du gouvernement.(Photo : AFP)
La réforme Fillon intervient dans un climat de défiance vis-à-vis du gouvernement.
(Photo : AFP)
François Fillon a rendu sa copie mercredi 12 janvier devant le Conseil des ministres: son projet de loi d’orientation sur l’avenir de l’école ambitionne de réduire l’échec scolaire, et de renforcer le socle commun des acquisitions minimum indispensables, pour mener 80% d’une classe d’âge au niveau du bac. «L’appartenance de la France à l’Europe de la connaissance et de la culture est à la fois un acquis et un nouveau défi pour notre pays», indique par ailleurs le gouvernement dans un rapport annexé à la loi pour en expliciter le contenu. En réponse à la grogne des enseignants et des parents d’élèves, le ministre a déclaré qu’il n’y avait pas de «projet alternatif» face à la réforme qu’il propose.

Le projet de loi est censé «compléter, modifier et corriger la loi de Lionel Jospin votée en 1989, et l’adapter aux réalités de maintenant», a déclaré le ministre. Le texte de loi est en partie inspiré du «rapport Thélot», synthèse d’un débat très largement mené dans les écoles tout au cours de l’an dernier. L’objectif principal du ministre est de «recentrer l’école sur son rôle fondamental, en particulier avec le socle des connaissances et des compétences fondamentales», avec pour objectif de «préparer les jeunes à trouver un emploi en France et en Europe (…) le système éducatif de la France doit donc se porter au meilleur niveau européen», d’où une volonté d’orienter les efforts sur l’enseignement des langues vivantes. La première langue vivante serait enseignée dès le cours élémentaire de 1ère année (enfants âgés de 8 ans; la seconde serait enseignée au collège en classe de 5ème (enfants âgés de 12 ans).
 
Par ailleurs, répondant à une logique économique, «le système éducatif doit mieux prendre en considération le rôle fondamental que les entreprises jouent dans le développement économique et social du pays», d’où un effort nécessaire à faire pour que tous les jeunes sortent du système scolaire avec une qualification professionnelle, et  pour faire «connaître l’entreprise aux jeunes, (leur donner ) le goût d’entreprendre et de découvrir des métiers».

Des objectifs chiffrés

Les objectifs du ministre sont ainsi chiffrés: 80% d’une classe d’âge devrait accéder au niveau du baccalauréat; 100% des jeunes devront être dotés d’une qualification; et 50% des jeunes devraient sortir diplômés de l’enseignement supérieur, c’est essentiel face aux «enjeux de la mondialisation», selon le ministre. Pour réaliser cet objectif, le ministre entend se pencher sur une révision de l’enseignement dès l’école primaire. Le cœur de cible de la réforme vise à renforcer la maîtrise de la langue française, des mathématiques, et d’une langue vivante; à renforcer également la connaissance des sciences et techniques informatiques, et la culture générale en éducation civique et histoire-géographie.

Le contrat de «réussite scolaire»

La réforme prévoit l’instauration d’un contrat individuel de réussite éducative pour les élèves en difficulté, ouvrant droit à 3 heures de cours supplémentaires de soutien aux élèves qui en auraient besoin. Un contrat signé avec les parents, le professeur principal et le chef d’établissement définira les conditions de ce soutien scolaire.

Réforme du brevet des collèges et du baccalauréat

Le brevet des collèges sera réformé pour valider ce socle. L’examen final (coefficient 8) portera sur 3 matières: français, mathématiques, histoire-géographie ou sciences de la vie. Le contrôle continu (coefficient 12) sera quant à lui effectué sur 4 matières, et l’assiduité aux cours donnera lieu à une évaluation qui comptera dans la moyenne (coefficient 2).

Le baccalauréat doit également être remanié: les épreuves seront ramenées de douze à six, et le contrôle continu correspondra à une part de 40% sur l’examen final. Un groupe de travail doit plancher sur cette réforme, et les conclusions devraient être connues en avril prochain.

Le nombre de bourses distribuées aux lycéens méritants devrait tripler, passant de 25 000 à 75 000.

L’ambition a un coût

Sur le fond de sa réforme, le ministre assure que son projet est «conforme à l’intérêt général» et qu’il ne devrait pas entraîner de crispation sociale: «Je ne vois pas la communauté éducative se mobiliser contre le principe de la réussite de tous les élèves, le principe de la concentration sur des objectifs fondamentaux, le principe de l’amélioration de l’apprentissage des langues (…) ou encore sur le principe de l’amélioration de la formation des enseignants, qui, désormais, sera de la responsabilité pleine et entière de l’université». Sur le principe, certes, le projet est alléchant. Mais toutes ces mesures représentent un coût supplémentaire puisqu’il s’agit d’augmenter le soutien scolaire, de multiplier les rendez-vous d’évaluation, de palier les absences des professeurs, de renforcer les contrôles continus (une charge supplémentaire de corrections des devoirs). Les enseignants s’interrogent donc sur les moyens financiers et humains qui seront mis en œuvre pour conduire correctement la réforme.

Recrutement de 150 000 enseignants sur 5 ans

François Fillon a annoncé un plan pluriannuel de recrutement portant sur 150 000 enseignants sur cinq ans, et des moyens en augmentation «entre un et deux milliards d’euros», mais c’est  «largement insuffisant», estiment les syndicats d’enseignants et les fédérations de parents d’élèves. Les représentations syndicales appellent les enseignants à faire grève et à se mobiliser aux côtés de l’ensemble des fonctionnaires le 20 janvier 2005: cette réforme intervient dans un climat de défiance vis-à-vis du gouvernement. Le texte sera examiné à partir de février par le Parlement, pour une adoption au printemps et une mise en place progressive à partir de la rentrée 2005. A partir de là, le ministre évalue à «cinq ans le temps nécessaire pour mettre en œuvre cette réforme dans des conditions d’ampleur suffisante".


par Dominique  Raizon

Article publié le 12/01/2005 Dernière mise à jour le 12/01/2005 à 17:08 TU

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Catherine Frammery

Journaliste à RFI

«Actuellement 150 000 élèves quittent tous les ans le système scolaire sans aucune qualification.»

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