Elections irakiennes
La participation dépasse les espérances
(Photo: AFP)
«Je peux vous annoncer la bonne nouvelle, qui est que la liberté a gagné, et que nous avons infligé une défaite au terrorisme», a déclaré sur un ton triomphaliste un responsable de la commission électorale. «Le taux de participation a été de 72%»: le chiffre sera rapidement considéré comme prématuré ayant été annoncé avant même la fin des opérations de vote, mais il n'en reste pas moins qu'on a constaté sur le terrain une forte participation notamment de l’électorat chiite, majoritaire, et kurde, conjuguée à l’absence de fraudes notoire a contribué au succès de ce scrutin entouré de strictes mesures de sécurité. «De manière générale, nos observateurs ont constaté que les élections se sont déroulées de manière excellente», a déclaré le porte-parole d’une ONG irakienne. Même revu à la baisse autour de 57%, la participation reste indéniablement très soutenue. En attendant des analyses plus fines de ce scrutin, on peut avancer que ce même constat a été fait par le représentant de l’ONU auprès de la commission électorale irakienne qui a indiqué que la participation au scrutin «semble dépasser les prévisions dans certaines régions».
«Nous avons gâché leurs noces»
Le taux de participation sera tempéré par le fait que beaucoup d’électeurs sunnites ont boudé la consultation et ne se sont pas inscrits sur les listes électorales. «Cette participation améliorera la situation dans le pays. Si nous arrivons à convaincre nos frères (sunnites) à participer activement à cela, nous aurons alors dépassé de grands problèmes», a déclaré Adnane Pachachi, un des leaders politiques sunnites qui a reconnu que si le vote des membres de sa communauté a été satisfaisant à Bagdad, il l’était moins dans la troisième ville du pays, Mossoul, dans le nord. «Nous n’avons pas encore d’informations précises sur le vote sunnite dans quatre provinces: Bagdad, Ninive, Salaheddine et Al-Anbar, mais il a dépassé les attentes à Bagdad, et était en dessous de nos espérances à Mossoul».
C’est en effet de la participation des sunnites au processus politique que dépendra un retour au calme dans le pays où certains membres de cette communauté animent la rébellion armée, avec le sentiment d’avoir été marginalisés par la nouvelle donne politique –après avoir dominé le pays depuis la naissance de l’Etat moderne. Pour l’heure, le groupe islamiste d'Abou Moussab al-Zarqaoui a affirmé avoir «gâché les noces électorales irakiennes. Nous leur avons asséné des frappes douloureuses» par des attaques menées par treize kamikazes visant différents bureaux de vote et la «zone verte» à Bagdad. «Toutes les zones sunnites ont été aujourd’hui des zones chaudes en affrontements contre les croisés et les apostats, et les élections n’y ont pas eu lieu».
par Dominique Raizon
Article publié le 30/01/2005 Dernière mise à jour le 31/01/2005 à 08:13 TU