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Mondialisation

Porto Alegre ferme ses portes

Plus de 150 000 personnes ont participé à la cinquième édition du Forum social de Porto Alegre.(Photo : AFP)
Plus de 150 000 personnes ont participé à la cinquième édition du Forum social de Porto Alegre.
(Photo : AFP)
La cinquième édition du Forum social mondial a été une nouvelle fois le lieu d’expression de solutions alternatives au modèle économique néo-libéral. Mais à l’instar du président vénézuélien Hugo Chavez, plusieurs personnalités ont insisté sur l’importance de franchir une nouvelle étape en demandant aux acteurs altermondialistes de passer à l’action. L’année prochaine, le Forum se déroulera simultanément dans plusieurs endroits, tandis que celui de 2007 est prévu sur le continent africain.

A l’issue du premier Forum social mondial (FSM) en 2001, les organisateurs de cette manifestation avaient instauré une charte dans laquelle ils avaient notamment défini les objectifs de cette réunion annuelle. «Le FSM est un espace de rencontre ouvert visant à approfondir la réflexion, le débat d’idées démocratique, la formulation de propositions, l’échange en toute liberté d’expériences et l’articulation en vue d’actions efficaces, d’instances et de mouvements de la société civile qui s’opposent au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital et toute forme d’impérialisme, et qui s’emploient à bâtir une société planétaire axée sur l’être humain».

Quatre ans plus tard, les débats du FSM s’articulent toujours autour des mêmes axes. Parmi les thèmes de discussion retenus pour cette cinquième édition se trouvaient ainsi la lutte contre le néolibéralisme ou bien l’annulation de la dette des pays en développement. Mais ces aspirations peinent à se traduire par des initiatives concrètes pouvant illustrer le slogan du FSM, «Un autre monde est possible». Dans une interview accordée au quotidien L’Humanité, Alain Fontaine, délégué général d’Emmaüs International, expliquait ainsi que l’action altermondialiste se trouvait «à la croisée des chemins». «Nous devons faire la preuve que nous pouvons transformer la société. Peut-être faudra-t-il que chacun sacrifie un peu de son identité pour aller au-delà, mais c’est nécessaire de trouver des plates-formes communes et d’élaborer ensemble des alternatives crédibles».

Un appel similaire a été lancé dimanche par le président vénézuélien Hugo Chavez qui a demandé aux défenseurs des thèses alter-mondialistes de «passer à l’action» contre le néolibéralisme. «On ne peut pas se contenter de continuer à discuter. Deux cents ans pourraient passer ainsi. Nous avons proposé à l’Amérique Latine et au monde d’élaborer un calendrier et des priorités mettant le social au premier plan et pas l’économie», a déclaré Hugo Chavez. Dans le cadre de cet agenda «alternatif», il a notamment cité l’idée défendue par Caracas de création d’une Alliance bolivarienne pour l’Amérique latine, un projet d’intégration du sous-continent concurrent de la zone de libre échange voulue par les Etats-Unis. Hugo Chavez a affirmé qu’il ne faisait que répondre aux attaques et visées «impérialistes» du président américain George Bush et de sa nouvelle secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, qu’il a surnommée «condoleencia» (condoléance). Et le président vénézuélien, qui était invité au Forum par le Mouvement brésilien des sans-terre, a également vanté la réforme agraire lancée dans son pays qui devrait permettre de «récupérer cette année trois millions d’hectares qui sont aux mains des latifundistes».

Le manifeste de Porto Alegre

Si le ton virulent et très politique du président Chavez ne séduit pas tous les acteurs de l’altermondialisation, certaines mesures concrètes débattues pendant la cinquième édition de ce forum rencontrent, elles, une adhésion pratiquement générale. C’est le cas des logiciels libres de droit dont le développement inquiète fortement les grandes entreprises informatiques qui craignent de voir leur échapper, à terme, un marché essentiel pour leur activité. Le thème de la reprise du contrôle de l’eau est lui aussi très fédérateur, les représentants de plusieurs pays détaillant lors du Forum les initiatives entreprises pour tenter de voir l’exploitation de l’eau revenir dans le giron de sociétés publiques. Ce débat est particulièrement brûlant en Amérique du Sud où certains contrats obtenus par de grandes entreprises comme le groupe Suez sont vivement dénoncés.

Ces suggestions se retrouvent parmi les quelques 200 axes de réflexion accrochés sur le «Mur des propositions» au terme de six journées de réflexion et de débats. Lors de la cérémonie de clôture, un texte de synthèse rappelant les principes du Forum a été lu. Mais il ne s’agit pas d’une résolution finale ou d’un document de travail pour l’avenir. Car comme le stipule la charte, «les rencontres du Forum n’ont pas un caractère délibératif en tant que Forum social mondial». Et personne n’a donc le droit de s’exprimer au nom du Forum. Du coup, c’est en marge de cette réunion qu’a été publié samedi le «manifeste de Porto Alegre» signé par une vingtaine d’intellectuels de cinq continents. Ce texte énonce «douze propositions pour un autre monde possible», telles que l’application de taxes internationales sur les transactions financières. Mais si la présence parmi les signataires de ce document de personnalités comme l’Argentin Adolfo Perez Esquivel, Prix Nobel de la paix, lui assure un certain poids, il ne représente absolument pas l’opinion de tous les participants. Et beaucoup d’entre eux craignent en fait qu’une poignée de personnalités ne tente de récupérer les thèses altermondialistes.


par Olivier  Bras

Article publié le 31/01/2005 Dernière mise à jour le 31/01/2005 à 16:40 TU

Audio

Karim Lebhour

Envoyé spécial de RFI au Brésil

«L’un des thèmes majeurs de ce forum a été l’opération «ruban blanc», que tout le monde porte autour du poignet pour marquer son adhésion à la campagne contre la pauvreté dans le monde. »

Chico Whitaker

L'un des organisateurs du Forum social mondial

«Nous ici au forum [Porto Alegre], nous sommes convaincus que les choses ne changent pas l’uniquement par l’action des gouvernements.»

Jacques Nikonoff

Président de l'association Attac

«Il faut trouver des ressources financières permanentes pour financer le développement des pays pauvres et aussi des pays riches.»

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