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Tsunami en Asie

Carnet de route à Aceh

Dans le centre ville de Banda Aceh.(Photo : Manu Pochez/RFI)
Dans le centre ville de Banda Aceh.
(Photo : Manu Pochez/RFI)

Un mois après le tsunami qui a devasté Aceh, nos envoyés spéciaux Frédérique Misslin et Manu Pochez sont retournés à Banda Aceh pour se rendre compte. Voici leur carnet de route.
Photographies de Manu Pochez.

1ère partie - 2e partie - 3e partie


Ceux qui déambulent

Mark est pédiatre, il est allemand et nous l’avons rencontré devant l’hôpital Fakinah de Banda Aceh. Ce médecin trentenaire venait d’arriver en ville, seul. Il affirme qu’il est là pour aider les survivants du tsunami, il ne sait pas vraiment ce qu’il doit faire, comment il doit s’y prendre mais il est là. Ses confrères, venus d’Estonie par le biais d’une organisation humanitaire, sont débordés. Ils se dirigent vers le bloc opératoire, ils n’ont pas de temps à consacrer à Mark. Le

Enfants réfugiées sur le tarmac de l'aéroport.

pédiatre discute avec deux infirmières, le responsable de la sécurité, trois malades. Il conclut : «apparemment dans cet hôpital, ils n’ont besoin de rien, ni de personnel ni de médicaments, tant mieux». Mark récupère son sac à dos et continue sa tournée pour proposer ses services et sa bonne volonté ailleurs.

Ceux qui pleurent

Ils ne sont pas nombreux, ceux qui ont tout perdu et qui le montrent. Sous la tente d’une association en plein coeur de Banda Aceh, une femme est venue se faire masser. En souriant timidement, elle explique : «il paraît que ça aide à évacuer toutes les affreuses images qui envahissent notre tête depuis le passage du tsunami», la bénévole

Femmes et enfants réfugiés.
australienne lui explique que l’objectif est surtout de la détendre. Alors cette femme d’une cinquantaine d’années s’allonge, ferme les yeux et se laisse aller une quinzaine de minutes. C’est fini. Comment vous sentez-vous ? Pas de réponse. La femme tente de reprendre le contrôle en inspirant profondément, sans succès, elle ne parvient qu’à fondre en larmes, un flot ininterrompu s’échappe de ses yeux fatigués. Elle raconte l’indicible entre deux sanglots. C’est une des rares personnes que nous ayons vu pleurer.

Ceux qui surveillent

 

Base de Pompiers sans frontières à Lampay.

Le camp de Lampay à une quinzaine de kilomètres de Banda Aceh accueille 1 400 déplacés. Plusieurs ONG sont également présentes, dont Pompiers sans frontières. Depuis quelques jours, les relations semblent se crisper avec une autre association qui a installé sa tente à 200 mètres de celles des pompiers. Il s’agit du Majelis mujahideen. Une organisation caritative indonésienne, musulmane qui s’occupe des enfants de Lampay, mais qui selon l’interprète de Pompiers sans frontières surveillent aussi les ONG étrangères. Leurs moindres faits et gestes sont épiés, des photos sont prises et le Majelis mujahideen interroge les déplacés sur les activités des étrangers. Elsa, l’interprète, n’a jamais pu aller en discuter avec le groupe car, dit-elle, «ils refusent de me parler, je suis une femme». Un membre de l’organisation accepte pourtant de nous répondre brièvement :

Base du Majelis mujahideen dans le camp de Lampay.

«nos relations avec toutes les associations sont bonnes tant que ces ONG se contentent d’actions humanitaires».
Le Majelis moudjahideen est un groupe islamiste radical soupçonné de liens avec Al Qaïda.

 

 

 

Suite du reportage >>


par Frédérique  Misslin, Manu  Pochez

Article publié le 09/02/2005 Dernière mise à jour le 10/02/2005 à 16:41 TU

Réalisation multimédia : Claire Wissing