Tsunami en Asie
Carnet de route à Aceh, suite
(Photo : Manu Pochez/RFI)
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Ceux qui prient
Sur le bateau qui doit nous permettre de rallier la ville de Calang, ce qu’il en reste, Yusuf, notre interprète regarde la côte dévastée. Je lui dis : «c’est affreux, non ?», il acquiesce sans conviction.
Beaucoup d’habitants de Banda Aceh estiment que le tsunami est une punition divine, peut-être est-ce aussi le sentiment de ce professeur d’anglais, musulman très pratiquant. Yusuf a vite compris mes interrogations, alors il m’explique sa vision de la catastrophe : «Je pense que Dieu a tout détruit pour que nous puissions repartir de zéro et construire quelque chose de mille fois plus beau». Yusuf s’excuse, nous devrons reprendre notre conversation plus tard car c’est l’heure de la prière.
Calang. |
Ceux qui cherchent
Suria : «Je cherche mon âme...» |
Midi, sous un soleil de plomb dans les ruines du quartier de Lampulo, près du port dévasté. La maison de Surya est encore debout, les murs accordent un peu d’ombre à leur propriétaire. L’histoire de cette femme est tragique, une fois de plus. La vague lui a ravi son mari, ses parents et deux enfants. Elle a réussi, miraculeusement à sauver son dernier-né, un bébé. Un sauvetage éphémère puisque l’enfant est mort de faim, trois jours après le passage du tsunami, alors que les secours n’avaient pas encore atteint Banda Aceh. Suria vit aujourd’hui seule, dans un camps de déplacés à quelques kilomètres. Ces derniers jours, elle a trouvé le courage de revenir chez elle : une heure la première fois, puis deux heures, puis une matinée. Désormais elle passe ses journées dans les ruines. Lorsqu’on lui demande ce qu’elle cherche, là, elle répond simplement : «mon âme».
Bateau sur le toit dans le quartier de Lampulo. |
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par Frédérique Misslin, Manu Pochez
Article publié le 09/02/2005 Dernière mise à jour le 14/02/2005 à 19:38 TU
Réalisation multimédia : Claire Wissing