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Le sommet de Tunis mis en cause

Le <A href="http://www.itu.int/wsis/index-fr.html" target=_BLANK>site Internet</A> du Sommet mondial sur la société de l'information.DR
Le site Internet du Sommet mondial sur la société de l'information.
DR
La Tunisie accueillera en novembre 2005 la seconde phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) consacré à la fracture numérique entre le Nord et le Sud. Le choix de la Tunisie suscite un tollé de protestations de la part des défenseurs des droits de l’homme. La société civile et les organisations non gouvernementales - l’un des trois piliers avec les gouvernements et les industriels- agitent la menace d’un boycott de ce sommet, si le gouvernement tunisien ne donne pas des garanties claires pour le respect des droits de l’Homme.

«En route pour le SMSI de Tunis 2005» est la formule slogan de la délégation tunisienne pour lancer le second volet du Sommet mondial sur la société de l’information, prévu à Tunis en novembre 2005. A l’évidence, c’est plutôt mal parti. Le choix de ce pays fait l’objet, depuis quelques mois, de nombreux débats. Des points d’inquiétude sont apparus lors des deux premières réunions préparatoires du sommet qui se sont tenues respectivement à Hammamet puis à Genève en juin 2004 et février 2005.

Des représentants d’ONG internationales et des défenseurs des libertés publiques sont venus en force cette semaine à Paris exprimer leurs préoccupations. Pour Michel Tubiana, vice-président de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), c’est une démarche singulière. «La Tunisie est un pays où l’on ne communique pas librement d’où mon inquiétude d’y organiser un sommet de l’information», explique-t-il. Et d’ajouter: «la question de la liberté d’expression ne concerne pas seulement la Tunisie. La Chine, le Vietnam, le Pakistan, Cuba ou bien encore l’Iran brident également la circulation des informations sur le réseau». «C’est impossible que le SMSI soit à Tunis», a protesté, pour sa part, le Tunisien Khémaïs Chammari, chargé de mission de la FIDH, estimant que «le sommet ne peut en aucun cas ignorer l’emprisonnement des jeunes internautes de Zarzis et la censure qui bloque l’accès à de nombreux sites web».

Des changements «de manière durable»

Pout toutes ces raisons, les responsables associatifs agitent la menace d’un boycott du sommet, si la Tunisie ne donne pas des garanties claires pour le respect de la liberté de presse et d’opinion. Pour Meryem Marzouki, de l’organisation Imaginons un Réseau Internet Solidaire (IRIS), responsable du groupe de travail des ONG sur les droits de l’homme au sein du SMSI, «pour l’heure, l’objectif n’est pas le boycott du SMSI, mais de mettre un projecteur sur les violations des libertés publiques». Et Meryem Marzouki d’expliquer : «le gouvernement tunisien a six mois pour faire en sorte que les choses changent de manière durable. En septembre, chacun devra se positionner par rapport à la situation des droits de l’homme. Si le gouvernement tunisien veut qu’un sommet de l’Onu se tienne bien sur son sol, il doit engager des changements». Rendez-vous est pris en septembre 2005, lors de la troisième réunion préparatoire du SMSI pour évaluer les progrès réalisés par le gouvernement tunisien.

Publications en ligne filtrées, cyberdissidents emprisonnés, sites bloqués, surveillance des forums de discussions, contrôle des cybercafés sont le lot quotidien des internautes tunisiens, si l’on en croit des organisations comme Amnesty International, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ou bien encore Reporters sans frontières (RSF). La Tunisie, comme la Chine, fait partie des prédateurs de la liberté sur le Net. Dernière affaire en date qui mobilise les défenseurs des droits de l’Homme, l'avocat Mohammed Abou a été arrêté à Tunis, le 1er mars 2005, pour avoir publié sur Internet un article traitant de la torture des prisonniers politiques dans son pays.


par Myriam  Berber

Article publié le 06/03/2005 Dernière mise à jour le 06/03/2005 à 17:32 TU