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JO 2012

Paris défend sa candidature

La nuit, Paris s'illumine aux couleurs olympiques.(Photos: Corbis-Paris 2012)
La nuit, Paris s'illumine aux couleurs olympiques.
(Photos: Corbis-Paris 2012)
La capitale française reçoit la commission d’évaluation du Comité international olympique (CIO) qui commencera à examiner mercredi la candidature de Paris pour l’organisation des Jeux de 2012. Pendant quatre jours, les douze membres de cette commission analyseront le dossier français et visiteront différents sites olympiques de la capitale française. Cette commission, qui a déjà évalué les candidatures de Londres, Madrid et New York, effectuera dans la foulée son dernier déplacement à Moscou. Et c’est en vertu des différents rapports qu’elle remettra sur les cinq villes en compétition que les membres du Congrès du CIO décideront, le 6 juillet, du lieu qui accueillera les XXXe olympiades d’été.

Des drapeaux accrochés sur les bus, des logos géants sur les bâtiments les plus prestigieux de la ville, une station de métro peinte aux couleurs de la candidature parisienne, plusieurs milliers d’affiches placardées dans les rues, les gares et les aéroports…. Paris a revêtu sa tenue d’apparat pour accueillir la commission d’évaluation du Comité international olympique (CIO) et lui déclarer son «Amour des Jeux», le slogan retenu par le comité Paris 2012, chargé de présenter la candidature de la capitale française aux XXXe Jeux olympiques et paralympiques. Après la remise d’un dossier technique de plus de 600 pages en novembre 2004, ils vont s’efforcer de répondre à toutes les questions encore en suspens et vont tenter de convaincre cette commission présidée par la Marocaine Nawal El Moutawakel du fait que la candidature de Paris est la meilleure.

Les instances olympiques avaient effectué une première sélection en mai 2004, en écartant les candidatures de Leipzig, Istanbul, La Havane et Rio de Janeiro. Cinq villes sont restées en course: Londres, Madrid, Moscou, New York et Paris. Chargée d’effectuer ce premier tri, la commission exécutive du CIO avait alors établi un premier classement dans lequel Paris et Madrid devançaient Londres et New York. Jugée plus faible, la candidature de la capitale russe n’avait dû sa présence dans le quintette final qu’à un repêchage.

Jouer la carte de l’humilité

Devant la tour Eiffel.
(Photo: J. Millet-Paris 2012)
La capitale française sait donc depuis de longs mois qu’elle possède un dossier de candidature solide pouvant lui permettre d’obtenir les Jeux de 2012. Mais les déconvenues du passé lui ont appris à éviter tout excès de confiance. Paris rêvait, et pensait, accueillir les Jeux olympiques de 1992, puis ceux de 2008. Mais la capitale française, pourtant donnée gagnante, a perdu ces Jeux au profit de Barcelone et de Pékin. Et le comité Paris 2012, présidé par le maire de la capitale Bertrand Delanoë, se garde bien, du coup, de chanter victoire. Il a, au contraire, choisi de jouer la carte de l’humilité et ses membres ne cessent d’insister, dans leurs interventions publiques, sur le fait que la France ne doit surtout pas pêcher par arrogance. «Le défaut des Français, c’est de penser qu’on a gagné avant de franchir la ligne d’arrivée. Il ne faut pas se laisser endormir jusqu’au 6 juillet», confiait ainsi récemment Philippe Baudillon, directeur général de Paris 2012.

Pour Philippe Baudillon et les autres membres du Comité qui défend la candidature française, les risques d’assoupissement sont faibles au cours des quatre prochains jours. Le calendrier de la commission d’évaluation du Comité international olympique (CIO) est en effet serré et le rythme de cette visite s’annonce intense. Au programme se trouvent des entretiens avec les plus importantes personnalités politiques du pays, avec un dîner vendredi à l’Elysée. Voilà quelques semaines, la reine d’Angleterre avait tenu à plaider directement en faveur de la candidature de Londres et le président Jacques Chirac fera donc de même avec celle de Paris. C’est dans son hôtel que la délégation olympique devrait cependant passer l’essentiel de son séjour parisien, où elle aura le loisir d’interroger les membres du comité sur les 17 thèmes différents du dossier parisien. Elle passera ainsi notamment en revue les aspects juridiques, les questions d’environnement et d’écologie ou d’hébergement. Un examen détaillé aux allures de grand oral qui doit permettre aux représentants du CIO de se faire une idée précise du degré de préparation et de la qualité de la candidature française.

Le soutien déterminant de la population

La visite de différents sites parisiens est également prévue et a été programmée pour le jeudi 10 mars, une date qui va coïncider avec le déroulement d’importantes manifestations dans toute la France organisée à l’occasion d’un débat au Sénat sur la loi des 35 heures. Les conséquences néfastes que cette mobilisation sociale pourrait avoir sur le déroulement de la visite de la délégation olympique ont été dénoncées par différentes personnalités politiques qui ont demandé aux organisations syndicales de différer la date de leur mouvement. Mais la concomitance des deux événements ne suscite pas vraiment de craintes chez les principaux défenseurs de la candidature, à commencer par Bertrand Delanoë. «Les membres du CIO savent que notre pays est une démocratie avec son expression sociale. Toutes les organisations syndicales, sans exception, ont clairement dit ne pas vouloir gêner le travail de la commission d’évaluation», a déclaré le maire de Paris dans une interview accordée à Libération. Et l’édile compte, au contraire, prouver aux membres du CIO que la candidature de Paris jouit d’un soutien massif au sein de la population de la capitale, et en France de façon plus générale.

L’engouement populaire semble en effet jouer un rôle important dans l’attribution des Jeux. C’est en tout cas l’un des rares éléments dont ont accepté de parler les membres de la commission d’évaluation à l’issue de leurs missions londonienne, new-yorkaise et madrilène. «Partout où nous nous sommes rendus, nous avons ressenti l’enthousiasme, la chaleur et solide soutien pour cette candidature», a déclaré Nawal El Moutawakel en quittant New York. Et les Français ne vont donc pas manquer de s’appuyer sur une récente enquête commandée par le CIO dont les résultats placent Paris en deuxième position en terme de soutien populaire. Il révèle que 59% des New-Yorkais soutiennent la candidature de leur ville, ce chiffre atteignant 68% dans la capitale britannique, 77% à Moscou et 85% à Paris. Seule la capitale espagnole, avec un taux de 91%, fait mieux. Jusqu’au bout, la compétition entre Madrid et Paris s’annonce donc acharnée. Et le fait que l’Espagne se soit déjà vu attribuer les Jeux olympiques en 1992 pourrait jouer en faveur de la France qui n’a plus accueilli d’olympiades d’été depuis 1924.


par Olivier  Bras

Article publié le 08/03/2005 Dernière mise à jour le 09/03/2005 à 12:29 TU

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Portrait de Nawal El Moutawakel

par Jean-François Peres

«Jamais sans doute une ancienne sportive n'aura autant épousé la cause féminine.»

Jean-François Peres

Journaliste à RFI

«Paris n'a sans doute jamais été aussi près d'obtenir les Jeux depuis 1924. »

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