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Irlande du Nord

L’IRA n’est plus en odeur de sainteté aux États-Unis

Les membres de l'IRA ne suscitent plus aucune admiration au sein de la communauté irlandaise aux États-Unis.(Photo : AFP)
Les membres de l'IRA ne suscitent plus aucune admiration au sein de la communauté irlandaise aux États-Unis.
(Photo : AFP)
Gerry Adams, actuellement aux États-Unis, est confronté à une dure réalité : l'IRA vient de perdre ses appuis politiques et financiers, l'implication de membres de l'organisation nord-irlandaise dans deux affaires criminelles récentes a fait de l’IRA une organisation infréquentable, même pour les Américains d'origine irlandaise.

Les Kennedy ont laissé tombé Gerry Adams le chef du Sinn Féin, la branche politique de l'IRA. Le sénateur Ted Kennedy a annulé son rendez-vous annuel avec Gerry Adams qui est en visite aux États-Unis pour fêter la Saint Patrick, la fête des Irlandais. L'occasion, chaque année, de rencontrer la communauté irlandaise nord-américaine et de collecter des fonds.

Aux États-Unis, on compte 40 millions de citoyens de souche irlandaise et nombreux sont ceux qui, comme les Kennedy, revendiquent leurs origines irlandaises. Même George Bush, quand il est en visite officielle en Irlande, revendique des ancêtres originaires de cette partie de l'Europe.

Encore considérés, il y a une dizaine d'année comme des « combattants de la liberté » les membres de l'IRA ne suscitent plus aucune admiration au sein de la communauté irlandaise aux États-Unis et que le fait que le clan Kennedy claque la porte au Sinn Féin signifie également que la récolte de fonds ne sera pas ce qu'elle était. Le Sinn Féin a d'aiilleurs décidé de lui-même de ne pas réclamer de dons cette année. Les États-Unis étaient le premier pourvoyeur de fonds du Sinn Féin avant que l'IRA ne décide de se servir elle-même en cambriolant la banque centrale nord-irlandaise

Un casse rocambolesque

Le casse de la Northern Bank à Belfast, ou plus de 26 millions de livres, l'équivalent de 38 millions d'euros ont été volées, a été perpétré juste avant les fêtes de Noël. Le casse n'a fait aucune victime mais il aurait nécessité la participation d'une vingtaine de personnes et une précision quasi militaire. Les casseurs n'ont même pas pénétré dans la banque. Ils ont pris en otage les familles de deux cadres qui ont été contraints de suivre leurs consignes. Une fois en possession du butin, ils ont relâché leurs otages. il s'agit du vol d'argent liquide le plus important de l'histoire du Royaume-Uni. Le Sinn Féin, a d'abord nié toute implication de l'IRA, accusant le gouvernement britannique d'utiliser ce cambriolage à des fins politiques pour détruire le processus de paix, mais il a bien fallu se rendre à l'évidence : 3 millions de livres ont été saisies il y a trois semaines à Dublin dans des milieux proche de l'armée républicaine irlandaise grâce à la collaboration de la police irlandaise et le chef de la police nord-irlandaise se dit sûr à 99,9% que l'IRA est responsable de ce casse. En attendant des preuves, l'enquête se poursuit.

Mais il y a plus grave encore : l'assassinat de Robert McCartney, 33 ans, battu et poignardé dans une ruelle de Belfast, le 31 janvier par des membres de l'IRA. Il avait eu une violente altercation avec eux dans un bar devant 70 témoins. Robert McCartney était originaire d'un quartier populaire catholique de Belfast, un bastion de l'IRA. Il avait cinq sœurs qui ont mené une campagne sans précédent pour que justice soit faite. Une campagne qui a bien vite dépassée les faubourgs de ce quartier de Belfast puisque, contrairement à Gerry Adams, elles ont été invitées toutes les cinq à la Maison Blanche le 17 mars pour fêter la Saint Patrick. Elles ont brisé la loi du silence et osé défier l'IRA qui a depuis longtemps l'habitude de faire justice elle-même en Irlande du Nord.

Elles disent avoir fait ça par amour pour leur frère. devant la pression populaire le Sinn Féin a suspendu 7 de ses militants impliqués dans le meurtre et a communiqué les noms de ces personnes à la police nord-irlandaise. Mais l'IRA a été plus loin, beaucoup trop loin, en proposant de passer les coupables par les armes. La proposition a été rejetée par les soeurs de Robert McCartney en quête de justice et non de vengeance et elle a choqué tout le monde, même les Nord-Irlandais qui pensaient être sortis de cette époque où l'IRA dirigeait tout. Les Nord- Irlandais pensent désormais que l'IRA et le Sinn Féin ne font qu'un et qu'ils jouent double jeu. Un jeu en tous cas dépassé. L’IRA est en train de devenir pour les Américains une organisation terroriste comme les autres, c’est-à-dire vouée à disparaître.


par Béatrice  Leveillé

Article publié le 15/03/2005 Dernière mise à jour le 15/03/2005 à 11:23 TU