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Euthanasie

Les «pro-vie» remportent une bataille

La sœur et le père de Terri Schiavo au moment de l’annonce de la signature par George W. Bush de la législation adpotée par le congrès.( Photo : AFP)
La sœur et le père de Terri Schiavo au moment de l’annonce de la signature par George W. Bush de la législation adpotée par le congrès.
( Photo : AFP)
Le président américain, George W. Bush, a signé la loi adoptée en urgence par le Congrès pour permettre aux parents de Terri Schiavo de faire appel à un juge fédéral afin de trancher sur le sort de leur enfant. Celle-ci est, selon les médecins, dans un état «de coma végétatif» depuis 15 ans. Et son mari a obtenu d’un juge de Floride que le cathéter qui permet de l’alimenter soit débranché. Ce qui a été fait le 18 mars. Cette décision est remise en cause par le père et la mère de Terri Schiavo, qui demandent que leur fille bénéficie à nouveau de tous les soins qui permettent de la maintenir en vie. Ils ont reçu, dans ce combat, le soutien des très influentes associations chrétiennes ultra-conservatrices qui luttent contre l’euthanasie.

Quinze ans après l’attaque vasculaire cérébrale qui l’a plongée dans un état «de coma végétatif», Terri Schiavo se retrouve au centre d’une polémique dont les enjeux dépassent son seul cas. La décision de justice obtenue par son mari, en vertu de laquelle les médecins de l’hôpital de Floride où elle se trouve ont pu débrancher la sonde qui permet de l’alimenter et donc de la maintenir en vie, a provoqué un véritable branle-bas de combat aux Etats-Unis. Elle aurait dû constituer la fin d’une longue procédure qui oppose le mari et tuteur légal de Terri, Michael Schiavo, selon lequel sa femme n’aurait pas souhaité qu’on la maintienne en vie artificiellement, à la famille de son épouse, qui estime que l’état de Terri pourrait s’améliorer. Cela n’a pas été le cas puisque le Sénat et la Chambre des représentants ont adopté, en urgence, une loi qui concerne uniquement la jeune femme de 41 ans, et qui permet à ses parents, Bob et Mary Schindler, de faire examiner la situation de Terri, dont «les droits constitutionnel n’ont pas été respectés», par un juge fédéral.

L’adoption de ce texte par les deux chambres du Congrès, alors que les parlementaires auraient dû être en train de profiter de leur week-end de Pâques, est exceptionnelle. Tout comme le retour anticipé de George W. Bush de son ranch texan pour signer le plus vite possible la promulgation de la loi. Cela montre à quel point l’affaire Terri Schiavo est devenue emblématique aux Etats-Unis où les «pro-vie» maintiennent une très forte pression sur les politiques pour obtenir des décisions qui leur conviennent sur les grands sujets de société comme l’avortement ou l’euthanasie.

Michael Schiavo est «indigné»

Les associations chrétiennes ultra-conservatrices, comme Christian Coalition et Focus on family, ont, dès le départ, apporté leur soutien à la famille de Terri Schiavo contre son mari, au nom du «droit à la vie» et du refus de l’euthanasie. Et c’est le point de vue qu’elles défendent qui a motivé la réaction du Congrès. Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Bill Frist, a ainsi résumé les motivations des parlementaires américains en expliquant : «Nous, sénateurs, reconnaissons le caractère extraordinaire de notre démarche. Mais nous avons affaire à des circonstances extraordinaires qui ont trait aux valeurs humaines fondamentales, le caractère sacré de la vie humaine».

Malgré quelques oppositions de parlementaires démocrates qui ont dénoncé l’intrusion «grotesque» du Congrès dans des affaires personnelles au nom de calculs politiciens mais aussi le fait que l’adoption d’une telle loi «sape les droits d’un Etat de l’Union», le texte a en effet été voté largement au Sénat puis à la Chambre des représentants. Pour la plus grande satisfaction du président américain. George W. Bush, dont les convictions religieuses sont connues de tous et qui a souvent pris des positions favorables au «droit à la vie» sur des sujets comme l’avortement et l’euthanasie, a défendu un point de vue très clair sur ce cas. Il a déclaré : «Dans des affaires de ce genre où il existe des doutes sérieux et profonds, notre société, nos lois et nos tribunaux devraient faire preuve d’une présomption en faveur de la vie».

Devant une telle mobilisation des politiques, Michael Schiavo a fait part de son étonnement. Il a estimé que le Congrès avait certainement «des choses plus importantes» à trancher. Il s’est aussi déclaré «indigné» face l’implication du gouvernement «dans une affaire familiale personnelle qui a été jugée par les tribunaux depuis sept ans». Dix-neuf juges se sont, en effet, prononcés sur le cas de Terri Schiavo et plusieurs appels ont été examinés. Par deux fois déjà, l’autorisation d’ôter la sonde qui la maintient en vie a été donnée avant que de nouvelles décisions ne l’annulent. De nombreux médecins ont aussi témoigné pour remettre en cause la version des parents de Terri Schiavo selon laquelle leur fille réagit lorsqu’ils lui parlent. Selon eux, les réactions notées par Bob et Mary Schindler ne sont que des réflexes.

L’avis médical n’a pas convaincu la famille de Terri Schiavo qui a décidé de se battre jusqu’au bout pour qu’elle continue à vivre et a accueilli avec soulagement l’annonce de la décision du Congrès. Sa sœur, Suzanne Vitadamo, a ainsi déclaré : «Nous sommes très, très reconnaissants… et nous espérons que la justice fédérale va suivre la volonté du Congrès et sauver la vie de ma sœur».

par Valérie  Gas

Article publié le 21/03/2005 Dernière mise à jour le 21/03/2005 à 17:37 TU