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Journée mondiale de la tuberculose

Deux millions de morts par an

En Afrique de nombreux malades sont à la fois atteints de la tuberculose et du sida.(Photo: AFP)
En Afrique de nombreux malades sont à la fois atteints de la tuberculose et du sida.
(Photo: AFP)
La lutte contre la tuberculose fait partie des priorités de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette maladie tue, en effet, chaque année deux millions de personnes dans le monde. Et en dépit des progrès réalisés depuis la mise en œuvre de la stratégie DOTS (Directly Observed Treatement, Short-course), il y neuf ans, la tuberculose représente une véritable menace. D’autant qu’avec la progression de l’épidémie de sida, cette maladie a connu un développement encore plus rapide ces dernières années, en Afrique notamment. Pour atteindre l’objectif d’une réduction de moitié des contaminations d’ici 2015, des moyens supplémentaires et une mobilisation sans faille sont donc nécessaires.

La tuberculose est une maladie mortelle mais qui peut se guérir. Encore faut-il que le malade soit dépisté et puisse suivre le traitement adéquat sans abandonner en cours de route. Ces conditions ne sont malheureusement pas réunies pour la moitié des personnes contaminées dans le monde. Et cette situation représente pour le docteur Léopold Blanc, responsable de la lutte contre la tuberculose à l’OMS, un véritable «scandale». C’est donc en priorité pour tenter de soigner le plus grand nombre de malades que l’OMS se mobilise. Il s’agit d’une condition sine qua non pour être en mesure d’atteindre les objectifs définis par l’organisation : réduire de moitié le nombre de décès et de cas de tuberculose d’ici 2015.

Pour le moment, les chiffres sont inquiétants. Chaque jour, 5 000 personnes décèdent, en effet, à cause de la tuberculose. Et si des progrès dans la prise en charge ne sont pas réalisés, d’ici vingt ans près d’un milliard de personnes seront infectées, 200 millions d’entre elles contracteront la maladie et 35 millions décèderont. Malgré tout, l’OMS affirme que des progrès ont déjà été réalisés. Depuis la mise en œuvre de la stratégie DOTS, l’organisation estime que 17 millions de malades ont été traités mais surtout que le nombre de guérisons est en augmentation. En 2003, sur les quatre millions de personnes qui ont bénéficié de soins, 80 % ont été guéries. Globalement, l’OMS affirme que, sur les 10 dernières années, la maladie a reculé de 20 %.

VIH et tuberculose conjuguent leurs effets en Afrique

Il n’empêche que ces résultats ne peuvent cacher la très nette aggravation de la situation dans certaines régions : en Europe de l’Est, en Asie centrale mais surtout en Afrique. La situation de ce dernier continent est particulièrement inquiétante. Dans certains Etats, l’infection a triplé, voire quadruplé ou quintuplé, depuis 1990. Chaque année le nombre de malades de la tuberculose augmente globalement de 4 % dans cette région. Cette situation est étroitement liée à la progression de l’infection à VIH dans les pays d’Afrique subsaharienne. L’OMS estime que dans certaines zones du continent, 75 % des malades de la tuberculose sont aussi infectés par le virus du sida. A l’inverse, près de 50 % des séropositifs développent la tuberculose, qui se situe au premier rang des maladies opportunistes liées au sida.

Cette situation pose de nombreux problèmes. Parmi ceux-ci figure le fait que la présence du VIH dans l’organisme d’un malade rend la détection de la tuberculose plus difficile. Et de l’avis de tous les spécialistes, un diagnostic fiable est absolument indispensable pour mettre en œuvre une stratégie de lutte efficace. Pour le moment, le test de dépistage le plus utilisé repose sur l’analyse du crachat au microscope. L’utilisation de la culture nécessite plus de moyens et n’est pas généralisée dans les pays en développement. Mais selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF), ces tests au microscope ne sont pas assez fiables. Ils ne permettent de détecter le bacille de la tuberculose que chez 45 à 60 % des malades. Ce qui est insuffisant. C’est pourquoi l’association insiste sur la nécessité de développer de nouvelles méthodes de diagnostic pour remplacer ces tests «obsolètes» mis au point il y a «123 ans».

D’autre part, le lien entre la progression du sida et de la tuberculose rend indispensable une coordination des campagnes de lutte et donc la formation des personnels à la prise en charge des patients atteints par les deux maladies. A ce niveau aussi, les obstacles sont nombreux. Dans des pays où les systèmes de santé sont particulièrement désorganisés, cette situation multiplie les handicaps par deux. Cela est d’autant plus préjudiciable que, dans le cas de la tuberculose comme dans celui du sida, la prise régulière des médicaments et le suivi du patient sont indispensables pour assurer l’efficacité du traitement. L’une des grandes difficultés à laquelle se heurte la lutte contre la tuberculose dans les pays en développement est, en effet, l’arrêt prématuré de la prise des médicaments. L’OMS recommande un traitement sur 6 mois. Lorsqu’il n’est pas suivi régulièrement jusqu’à son terme, le patient court le risque de rechuter et de développer des multi-résistances. Ce qui le rend par la suite beaucoup plus difficile à soigner et réduit ses chances de guérison.

Sur ce point aussi MSF tente d’alerter l’opinion et les décideurs. L’association dénonce notamment le fait que les traitements sont inadaptés par rapport aux besoins du terrain. La nécessité de simplifier et raccourcir ceux-ci n’est pas niée par l’OMS. Mais pour le moment, le docteur Léopold Blanc explique que l’«on n’a pas mieux» et qu’il faut donc faire avec les outils disponibles. Dans tous les cas, l’OMS estime qu’une mobilisation financière supplémentaire est indispensable et réclame un milliard d’euros de plus pour la lutte contre la tuberculose.


par Valérie  Gas

Article publié le 24/03/2005 Dernière mise à jour le 24/03/2005 à 11:32 TU