Sénégal
Un pèlerinage sous la menace du choléra
(Photo : AFP)
Les autorités sanitaires du Sénégal craignent d’être débordées par l’ampleur éventuelle de l’épidémie de choléra dans ville de Touba et ses environs. Après une période de relative accalmie, l’épidémie a regagné du terrain provoquant plus d’une vingtaine de contamination par jour. La forte concentration d’hommes, plusieurs dizaines milliers, pour la 110ème édition du Magal de Touba, pèlerinage commémorant la déportation vers le Gabon en 1895 du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba, a poussé les autorités à prendre des mesures préventives. La recrudescence de l’épidémie, dès les premiers jours de mars, a fait craindre le pire.
C’était au mois d’octobre 2004 que les premiers cas de choléra se sont déclarés au Sénégal. De la région de Diourbel jusqu’à Louga en passant Dakar l’épidémie avait atteint près de 2 000 personnes dont une vingtaine de cas mortels. Des campagnes de désinfection des lieux publics et de fortes concentrations humaines (marchés, gares routières et ferroviaires…) avaient accompagné des messages d’hygiène individuelle et collective. Mais l’insistance dans les recommandations avait chuté au fur et à mesure que l’épidémie s’estompait. Touba, légèrement atteinte lors de cette première vague, est devenue un semestre plus tard la principale région au Sénégal frappée par le choléra : un millier de cas recensé en quelques mois dont une dizaine de décès.
DésinformationPlus de 150 volontaires de la Croix-Rouge sénégalaise ont été envoyés sur place, dans les localités de Touba et de Mbacké pour expliquer aux populations les comportements à risques à éviter. Les messages de sensibilisation tournent essentiellement autour de l’hygiène à respecter et qui demeure le meilleur rempart contre le choléra. L’assainissement des maisons, la consommation d’eau potable et d’aliments propres sont des messages sempiternellement répétés afin qu’ils deviennent des réflexes. L’Etat a relancé son programme de forage de puits et les services de distribution d’eau veillent à maintenir un bon dosage de chlore dans l’eau du robinet.
La vente ambulante des sachets d’eau est interdite, en revanche, des camions-citernes participent à la distribution gratuite d’eau potable dans les quartiers dépourvus d’adduction d’eau. Après quelques jours de campagne, les autorités sanitaires sénégalaises affirment « contrôler la situation » en faisant baisser de manière sensible le taux de contamination déclarée dans les dispensaires et hôpitaux. Mais la prudence pousse le ministère de la Santé et de l’action sociale de la Gambie à conseiller aux fidèles mourides gambiens de surseoire au Magal de cette année. Mais de nombreux croyants crient à la désinformation, comme ce pèlerin parti de Paris et cité par l’AFP : « les musulmans sont propres ! Ici c’est une ville sainte, une ville qui est protégée, il y a un bouclier, on n’a rien à craindre. Les gens veulent créer une psychose pour décourager les autres de venir ».
Mais heureusement, le très écouté khalife des mourides, Sérigne Saliou Mbacké, a publiquement recommandé aux siens de respecter les consignes des autorités sanitaires. Par les temps qui courent, il ne serait pas superflu d’adopter dans la ville sainte des comportements sains.
par Didier Samson
Article publié le 30/03/2005 Dernière mise à jour le 30/03/2005 à 08:11 TU