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Djibouti

Présidentielle: la partie est jouée d’avance

Ismaël Omar Guelleh aux législatives de 2003, remportées par la mouvance présidentielle.(Photo: AFP)
Ismaël Omar Guelleh aux législatives de 2003, remportées par la mouvance présidentielle.
(Photo: AFP)
La campagne pour l’élection présidentielle se termine comme elle a commencé: avec un seul et unique candidat, le président sortant, Ismaël Omar Guelleh qui visite les principales agglomérations du pays et qui appelle les Djiboutiens à ne pas bouder les urnes.

La campagne officielle pour l’élection présidentielle du vendredi 8 avril se referme sans grand suspense. Le président sortant, Ismaël Omar Guelleh est le seul candidat en lice pour ce scrutin. L’opposition dans son ensemble ayant décidé de boycotter cette consultation, le président Guelleh a la course gagnée d’avance. La seule inconnue est le taux de participation. Ismaël Omar Guelleh est assuré de se succéder à lui-même, malgré le ton très humble qu’il a adopté lors de ses différents meetings en appelant ses concitoyens à juger «si j’ai rempli mes engagements antérieurs et de décider si je mérite le renouvellement de votre confiance», déclare-t-il. L’issue de la consultation ne fait aucun doute, mais le clan présidentiel redoute la désertion des bureaux de vote, ce qui ferait le jeu de l’opposition qui appelle au boycott du scrutin.  

Ismaël Omar Guelleh, âgé de 58 ans, est le candidat de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP). En avril 1999, il avait été élu pour un mandat de 6 ans en succédant à Hassan Gouled, le premier président de Djibouti qui a accédé à l’indépendance en 1977. Ismaël Omar Guelleh avait été élu avec 75% des suffrages. Il brigue son second et dernier mandat comme le stipule la constitution. Le président, confortablement élu, dispose également d’une majorité exclusive à l’assemblée nationale. La mouvance présidentielle avait raflé la totalité des 65 sièges de l’assemblée nationale à l’issue des élections législatives du 10 janvier 2003. L’opposition avait dénoncé une fraude massive.

L’opposition unie boycotte

Le multipartisme intégral, instauré en 2002 qui modifie un autre texte limitant le nombre de partis politiques à quatre n’a pas changé la donne politique à Djibouti. Le Front pour la restauration de l’unité de la démocratie (Frud) qui avait lancé en 1991 une rébellion armée s’est transformée en parti politique en en septembre 2002 et devient l’Alliance républicaine pour le développement (ARD), le principal mouvement de l’opposition. Son leader, Ahmed Dini Ahmed, ancien Premier ministre, meurt en septembre 2004 et laisse l’opposition politique sans représentant charismatique.

Le Mouvement pour le renouveau démocratique (MRD), l’Union de la jeunesse djiboutienne (UJD) et le Parti djiboutien pour le développement (PDD), ont chacun renoncé à présenter un candidat et se retrouvent avec l’ARD au sein d’une coalition, l’Union pour l’alternance démocratique (UAD) pour former un bloc politique contre le pouvoir du président Guelleh. Après avoir en vain demandé la refonte et la révision des listes électorales qui datent du scrutin législatif contesté de 2003 et la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), l’opposition s’est résous à un boycott total de la présidentielle du 8 mars. A son mot d’ordre s’associe un autre mouvement en exil, «UGUTA, Allons de l’avant», en langue Afar. Houmed Daoud, le représentant à l’information de ce mouvement publie un communiqué dans lequel il signale l’arrestation de six personnes, accusées de faire campagne en faveur du boycott.

Depuis quelques jours les autorités djiboutiennes ont lancé une campagne de sensibilisation et de retrait des cartes d’électeurs au moment où les partis de l’opposition signalent aux organisations de défense des droits de l’Homme et à la communauté internationale toutes les irrégularités qui empêchent, selon eux, un bon déroulement du scrutin. En revanche, une vingtaine d’observateurs de la Ligue arabe, de l’Union africaine et de l’Organisation internationale de la francophonie sont déjà présents dans la capitale djiboutienne pour vérifier le bon déroulement des opérations. Ils seront secondés par des observateurs de l’Union européenne, du Canada et des Etats-Unis  et se répartiront la supervision des bureaux de vote, deux cent-huit au total. Pour une population de 750 000 personnes, un peu plus de 200 000 électeurs sont appelés aux urnes. Pour l’opposition le nombre de bulletins nuls et les abstentions donneront la mesure de «la crédibilité ou non de Guelleh.»


par Didier  Samson

Article publié le 07/04/2005 Dernière mise à jour le 08/04/2005 à 15:23 TU