Togo
Gnassingbé promet de rencontrer Akitani-Bob
(Photo: AFP)
«J’ai informé M. Faure Gnassingbé qu’il serait utile qu’il partage notre souhait de procéder à un report de ces élections afin de ramener le calme en vue d’ une préparation plus sérieuse. Sa réponse a été négative», explique, dans une lettre ouverte, le secrétaire général de la Convention des peuples africains (CDPA), Léopold Gnininvi, qui est aussi le porte-parole de la Coalition de l’opposition engagée dans la course au changement avec le candidat Emmanuel Bob-Akitani, porte-flambeau de l’Union des forces du changement de Gilchrist Olympio. Il est vrai que son entrevue de Ouagadougou a fait diversement jaser. Elle répondait, dit-il, à une invitation en forme de médiation du président Blaise Compaoré. A défaut d’emporter une révision de la date du scrutin, Léopold Gnininvi aura peut-être renoué un semblant de dialogue. Il a en effet «suggéré» à Faure Gnassingbé «de rencontrer le candidat de la coalition, M. Akitani-Bob afin de discuter avec lui. Ce qu’il a accepté.»
Face-à-face dans la rue
Léopold Gnininvi explique qu’il s’est rendu à Ouagadougou pour tenter de prévenir les dérapages qui menacent de surgir si le pouvoir s’obstine dans «un processus qui finirait par une aggravation des problèmes que nous vivons». «C’est la raison pour laquelle, je n’ai pas refusé cette rencontre», conclut-il. En attendant le duel présidentiel, les Togolais en sont de fait réduit au face-à-face, de plus en plus souvent dans la rue. La semaine dernière, l’opposition avait en effet signifié sa rupture aux représentants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) de passage à Lomé Lomé. Les adversaires de Faure Gnassingbé estiment que l’organisation régionale a failli à son devoir de médiateur en ne relevant pas ce qu’ils considèrent comme des entorses à l’accord inter-togolais conclu sous son égide, le 28 février dernier, au lendemain de la «démission» du fils du défunt Eyadéma.
L’opposition reproche par exemple à la Cedeao d’avoir laissé le pouvoir organiser et conduire seul la révision des listes électorales malgré ses engagements sur la participation de l’opposition. Contrairement à ce qui avait été décidé, celle-ci n’a pas obtenu de «représentation pleine et entière dans les instances locales» où d’après elle, l’encre effectivement indélébile n’a pas empêché la multiplication des cartes d’électeurs manuscrites distribuées par les agents du pouvoir, seuls présents dans les bureaux chargés de corriger (radiations et nouvelles inscriptions) les listes utilisées lors du précédent scrutin présidentiel, en 2003. Certains jeunes au contraire n’ont pas reçu le sésame électoral. «Nous voulons nos cartes électorales», ont scandé vendredi des foules bariolées de jaune, la couleur du candidat unique de l’opposition.
«Nous voulons voter» ont répété en leitmotiv les manifestants, en ce jour d’ouverture officielle de la campagne électorale. Voter certes, mais pas le 24 avril. Du moins l’opposition se prépare-t-elle à battre campagne sur cette revendication. Elle sait aussi que le pouvoir l’attend au tournant d’un éventuel boycott, comme Gnassingbé Eyadéma, qui l’avait emporté en 1993 avec une minorité d’électeurs. Cette fois, elle a juré de ne pas se laisser prendre au piège de sa propre stratégie. Le bras de fer s’annonce de longue haleine et se livrera sans doute sur tous les fronts.
par Monique Mas
Article publié le 08/04/2005 Dernière mise à jour le 08/04/2005 à 15:01 TU