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Année du Brésil en France

Montrer l’Amazonie brésilienne riche, belle, et menacée

Affiche de l'exposition Amazônia Brasil.(Photo : Chantal Rousselin/Palais de la Décourverte)
Affiche de l'exposition Amazônia Brasil.
(Photo : Chantal Rousselin/Palais de la Décourverte)
Le palais de la Découverte à Paris révèle l’incroyable diversité vivante de la plus grande forêt tropicale de la planète, où la vie traditionnelle simple des Indiens d’Amazonie est confrontée à des luttes complexes avec la modernité. Riche, cette forêt est convoitée et victime d’exploitations anarchiques qui endommagent son écosystème. Toutefois, si l’Amazonie est dans un processus d’occupation, quelque 12 000 organisations non gouvernementales et associations brésiliennes militent en essayant de trouver des solutions durables et rentables pour les populations indigènes.

Un Amerindien d'Amazonie.
(Photo : Chantal Rousselin/Palais de la Décourverte)
Il fallait rendre compte de l’extrême diversité d’une région du monde qui recouvre 4,8 millions de kmet suggérer l’intensité de la vie qu’elle abrite dans un espace de 1 000 mètres carrés. Le scénographe brésilien Gringo Cardiade a réussi le pari, conjuguant pédagogie et esthétisme. Dans un kaléidoscope très coloré, savamment et scientifiquement étudié, l’exposition rend compte de la prodigieuse richesse d’une terre qui abrite pierres précieuses, orchidées, coléoptères, poissons, mammifères et espèces d’oiseaux uniques au monde ; elle donne aussi un aperçu de la végétation luxuriante de cette forêt composée, en fait,  de plusieurs forêts où vivent 21 millions d’habitants (populations indiennes et populations métissées confondues).

L’exposition évite l’écueil de la surabondance de panneaux quelquefois fastidieux à lire ; ceux qui sont discrètement disséminés ici et là délivrent des informations, brèves et concises, concernant l’organisation des villages et le mode de vie de leurs habitants. Les efforts ont davantage porté sur la présentation stylisée de cette forêt : éclairage tamisé, tracé au sol du fleuve Amazone dans un lit de résine, sonorisation avec des chants d’oiseaux, des cris de singes, et des stridulations d’insectes (certains arbres amazoniens abritent 14 000 espèces animales).

Un des dessins du mur réalisé par les enfants des villes et de la forêt.
(Photo : Chantal Rousselin/Palais de la Décourverte)
Quant à la densité et la luxuriance de la forêt (qui compte pas moins de 40 000 espèces végétales), elle y est rendue par une abondante végétation aux feuilles vernissées, et par d’abondants mobiles suspendus, constitués à partir de graines aux formes, aux tailles, et aux couleurs variées. Au cœur de ce décor, dans une grande case de construction traditionnelle, l’artisanat traditionnel est mis en valeur, des vanneries aux instruments de musique. Enfin, quatre maisons abritent des animations pour révéler les usages propres aux populations autochtones telles que la pharmacopée traditionnelle, la fabrication du latex, l’utilisation du manioc et du bois.

Une exposition éducative et militante

Mise à contribution pour valider scientifiquement toute l’illustration du propos du l’exposition, Marie Canard, responsable du département Sciences de la vie au palais de la Découverte, attire l’attention sur les choix spectaculaires de tel ou tel document susceptible d’accrocher l’attention d’un jeune visiteur : ainsi cette feuille la plus haute du monde (2,50m),   provenant du coccoloba, un arbre de 12 à 13 m de hauteur qui pousse au bord des routes des forêts secondaires en terre ferme ; ainsi également, s’agitant dans un aquarium, la dendrobate d’Amazonie, une petite grenouille habillée d’une robe bleu très vif pour alerter les prédateurs de sa toxicité ; ou bien encore, épinglé en vitrine, tel ou tel insecte, tel ou tel papillon choisi pour leur curiosité entomologique : la trompe la plus grande de l’espèce, ou les ailes qui se confondant totalement avec la végétation ambiante.

Grenouille bleue Dendrobate d'Amazonie.
(Photo : Chantal Rousselin/Palais de la Décourverte)
Au-delà de la carte postale exotique d’un Brésil et d’une forêt rêvés, l’exposition pointe le doigt sur les enjeux dont cette région du monde est victime. Les effets désastreux sont stylisés de manière tout aussi percutante : tas de bois déchiquetés amoncelés, diapositives sombres de pans entiers de forêt décimée et de terres calcinées, suspensions de bois brûlé. C’est un autre visage de l’Amazonie que le visiteur doit regarder, balafré par des déforestations -sauvages et/ou programmées- qui non seulement déséquilibrent totalement  l’écosystème ambiant, mais qui représentent aussi une menace pour le reste de la planète dont la forêt toute entière est le poumon.

Pédagogique et militante, l’exposition tente une approche plus écologique de la gestion des ressources, et informe le visiteur sur le travail des organisations non gouvernementales et des associations qui entament des politiques positives, mais insuffisantes, pour lutter contre les raisons qui conduisent à la destruction de la forêt, à savoir : l’élevage intensif des bovins, la culture intensive du soja, le développement routier, qui constituent les principales causes du défrichement par le feu et de l’extraction abusive du bois. Elle présente plusieurs projets de sauvegarde initiés par l’Etat brésilien afin de permettre l’exploitation économique de la zone forestière tout en préservant les ressources en eau et en oxygène, ainsi que les programmes mis en place par les associations et les ONG sensibles aux dommages causés aux populations indigènes. Une longue séquence est notamment consacrée au relogement communautaire dans la région de Santarem, saccagée par la déforestation.


par Dominique  Raizon

Article publié le 26/04/2005 Dernière mise à jour le 26/04/2005 à 15:13 TU

Palais de la Découverte, jusqu’au 28 août (Paris)