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Algérie

Emeutes de Sétif : un événement tragique

C'est à Saïda qu'auront lieu les cérémonies du 8 mai 1945.(Carte: SB/RFI)
C'est à Saïda qu'auront lieu les cérémonies du 8 mai 1945.
(Carte: SB/RFI)
Le 8 mai 2005, l’Algérie commémore un événement tragique : le 60e anniversaire des émeutes de Sétif réprimées dans le sang par la police française. Le jour de la proclamation de la victoire des Alliés dans la Seconde Guerre mondiale, des manifestations organisées dans cette ville du Constantinois ont, en effet, donné l’occasion aux nationalistes de brandir des drapeaux algériens et de lancer des revendications indépendantistes. La police est alors intervenue. Un jeune homme a été tué et les manifestations se sont transformées en émeutes. Les autorités ont alors décidé l’instauration de la loi martiale et une répression sans pitié a été engagée par la police. Plusieurs milliers de personnes ont été tuées.

La répression avait fait des milliers de morts dans le Constantinois, l'est algérien.
(Carte: SB/RFI)
Soixante ans après les émeutes de Sétif, le bilan de la répression à laquelle elles ont donné lieu n’est toujours pas connu avec certitude. Selon les sources, il varie de 15 000 à 45 000 personnes, dont une centaine d’Européens. La seule chose qui est certaine c’est qu’il est très lourd et qu’il constitue un écueil dans les relations franco-algériennes de l’après-indépendance.

Dans un contexte marqué en France par un certain nombre de revendications concernant la reconnaissance des méfaits perpétrés durant la colonisation, la commémoration du soixantième anniversaire des émeutes de Sétif prend cette année une signification particulière. Et ce n’est pas un hasard si un collectif nommé «les indigènes de la République» a appelé à manifester le 8 mai à Paris. Ces jeunes estiment que les discriminations dont sont victimes aujourd’hui, en France, les enfants d’immigrés peuvent être assimilées au «racisme colonial». Pour la Ligue des droits de l’Homme, ce type d’initiative invite à s’interroger sur «le rôle négatif dans la société française d’aujourd’hui de la persistance de ce passé refoulé».

Un hommage inédit aux victimes des massacres

Maison d'Européens incendiée à Kerrata.
Et c’est bien au niveau de la reconnaissance du passé colonial de la France que se situe le problème. Comme l’ont montré récemment les protestations provoquées par l’adoption, en février dernier, dans le cadre de la loi sur les rapatriés d’Algérie, d’un article controversé où il est question «du rôle positif de la présence française outre-mer». Le débat sur la colonisation est difficile, d’autant plus difficile lorsqu’il concerne des événements comme ceux de Sétif qui ont abouti à des massacres de population civile.

Il semble néanmoins qu’une évolution est en cours. Car pour la première fois depuis 60 ans, l’ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, a solennellement rendu hommage aux victimes de la répression des émeutes de Sétif et a qualifié cet événement de «tragédie inexcusable». Des propos confirmés par le ministre français des Affaires étrnagères, Michel Barnier, dans un entretien avec le quotidien algérien El-Watan.


par Valérie  Gas

Article publié le 08/05/2005 Dernière mise à jour le 08/05/2005 à 10:19 TU

Audio

Marie Duhamel

Journaliste

«Le 8 mai 45, c'est avant tout la capitulation allemande pour les Français.»

Benjamin Stora

Historien

«Sétif en mai 1945 est une date fondatrice, une date rupture dans l'histoire du nationalisme algérien.»

Amar Ben Salem

Correspondant en Algérie

«Le 8 mai chaque année, de vieux militants, des chercheurs racontent aux jeunes ces sombres journées.»

Amar Ben Salem

Correspondant en Algérie

«Plus de 20 000 personnes sont attendues pour marcher dans les rues de Sétif.»

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