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Djibouti

Le président Guelleh évite la justice française

Le président français Jacques Chirac reçoit ce mardi son homologue djiboutien Omar Guelleh.(Photo: AFP)
Le président français Jacques Chirac reçoit ce mardi son homologue djiboutien Omar Guelleh.
(Photo: AFP)
En visite à Paris, le chef de l’Etat djiboutien a été convoqué mercredi par la justice française pour être entendu comme témoin dans l’affaire Borrel. Ismaïl Omar Guelleh a quitté la France.

Un chef d’Etat en exercice convoqué par la justice, le cas de figure est rarissime. C’est ce qui vient d’arriver ce mardi au président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, à l’occasion de sa visite de travail en France.

La juge d’instruction en charge de l’affaire Borrel, du nom de ce magistrat français assassiné en 1995 à Djibouti a convoqué le chef de l’Etat djiboutien pour l’entendre en qualité de témoin mercredi matin à 9h30. Une convocation qui restera lettre morte, Ismaïl Omar Guelleh ayant quitté le territoire français dès mardi, après s’être entretenu avec Jacques Chirac dans la matinée.

Au cours de l’entretien, «l’instruction concernant le juge Borrel a été évoquée par les deux présidents», a rapporté le porte-parole de l’Elysée. Si le président djiboutien s’est refusé à toute déclaration sur cette affaire à la sortie de son entrevue, le porte-parole de Jacques Chirac a précisé que le président français avait «rappelé que la justice est indépendante et conduit l’instruction dans le respect de ce principe ». Il a ajouté que « toutefois, le parquet demandait au juge d’instruction de mener celle-ci à bien dans les meilleurs délais».

Une enquête qui dure depuis 10 ans

Cette prise de position de Jacques Chirac a été jugée « scandaleuse » par l’avocat de la veuve du juge Borrel. Interrogé par RFI Me Olivier Morice estime que le chef de l’Etat djiboutien «exerce un chantage auprès du président Chirac en disant : vous ne m’inquiétez pas dans ce dossier Borrel et nous vous laissons la possibilité d’avoir une présence militaire française à Djibouti». Actuellement, quelque 2850 soldats français sont basés à Djibouti, à quelques encablures des théâtres d’opération du Moyen-Orient.

Pour l’avocat d’Ismaïl Omar Guelleh, cette convocation devant la justice française est nulle et non avenue dans la mesure où elle n’a pas été notifiée dans les formes au chef de l’Etat djiboutien. Mais, interrogé par RFI, Me Francis Szpiner voit malgré tout un aspect positif dans cet acte de procédure : «Le juge reconnaît implicitement que mon client n’est pour rien dans la mort de Borrel puisque s’il est convoqué comme témoin c’est qu’il n’est pas l’auteur. C’est la fin de la rumeur et de la calomnie dans ce dossier».

Le dossier de l’affaire Borrel est ouvert depuis 10 ans, depuis la mort du juge qui assurait des fonctions de conseiller auprès du ministre djiboutien de la justice. A l’automne 1995, son corps a été retrouvé à Djibouti, dans un ravin à 80 km de la capitale, à demi-calciné. La thèse du suicide privilégiée dans un premier temps a été battue en brèche par les expertises médico-légales réalisées à la demande de la veuve du magistrat. L’enquête privilégie maintenant l’hypothèse d’un assassinat dans lequel des proches d’Ismaïl Omar Guelleh pourraient avoir joué un rôle.


par Philippe  Couve

Article publié le 17/05/2005 Dernière mise à jour le 18/05/2005 à 15:01 TU