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Guinée-Bissau

Le coup de Kumba Yala

 Kumba Yala, renversé en septembre 2003, et de retour d'exil se considère toujours comme président de Guinée-Bissau.(Photo : AFP)
Kumba Yala, renversé en septembre 2003, et de retour d'exil se considère toujours comme président de Guinée-Bissau.
(Photo : AFP)
Un groupe de militaires a occupé dans la nuit du 24 au 25 mai, le palais présidentiel à Bissau, en compagnie de Kumba Yala, «pour qu’il occupe le fauteuil présidentiel». Mais tôt dans la matinée les occupants du palais présidentiel ont quitté les lieux sans encombre.

Dans la nuit du mardi 24 au mercredi 25 mai, vers 2h30 locales, un groupe de militaires s’est rendu au domicile du général Gharé Yala, le responsable de la sécurité de la présidence de la République, pour lui demander «d’escorter l’ex-président Kumba Yala au palais présidentiel», déclare cet officier qui précise par ailleurs que le groupe de militaires affirmait agir sur ordre de l’état-major. Il avoue n’avoir pas vérifié cet ordre et a pris la tête du cortège. La sécurité du palais présidentiel n’a opposé aucune résistance au passage du cortège conduit par leur supérieur hiérarchique. Kumba Yala était donc à la présidence de la République de 3 heures à 7 heures du matin avant d’en repartir tout aussi tranquillement.

Ironie du sort, il était au palais présidentiel, lui qui se considère toujours comme le président de Guinée-Bissau, alors qu’il a été renversé par un coup d’Etat en septembre 2003, n’a pu y rester. En effet, il n’y a pas eu de heurts, mais les choses ont rapidement évolué. Kumba Yala qui bénéficie d’un soutien important au sein de l’armée n’a pas dû obtenir les ralliements nécessaires et a évité que le piège ne se referme sur lui. Pour certains observateurs, «ce coup s’inscrit dans la logique de provocations permanentes» dont l’ancien président est coutumier. Il avait annoncé, le 15 mai dernier le report de l’élection présidentielle prévue le 19 juin, en sa qualité de «président de la République», qu’il continue de revendiquer.

Les manifestants s’en prennent aussi au président Wade

Un conseil extraordinaire des ministres s’est tenu pour analyser la situation, alors que l’armée nationale a réitéré sa loyauté envers le pouvoir en affirmant que «la situation est sous contrôle». «Il n’y a plus de place pour un coup d’Etat militaire en Guinée-Bissau», a déclaré le général Tagmé Na Wai, le chef d’état-major des armées qui appelle la population au calme. La tension à Bissau reste néanmoins assez vive. Plusieurs centaines de personnes, croyant Kumba Yala présent, ont manifesté dans la matinée aux abords de la présidence de la République en exigeant son départ des lieux. Les manifestants se sont ensuite dirigés vers le domicile de Kumba Yala avant d’être dispersés par des tirs en l’air de la garde personnelle de l’ancien président. Les manifestants qui ont rebroussé chemin ont ensuite jeté leur dévolu sur le siège du Parti pour la rénovation sociale (PRS), au centre ville de Bissau, qui a été saccagé. Une voiture a été brûlée et un bilan provisoire s’élève à trois blessés dont deux grièvement.

Les manifestants criaient aussi leur hostilité au président Abdoulaye Wade du Sénégal, le médiateur en Guinée-Bissau qui a été le premier à réagir après le «coup» de Kumba Yala en proposant un report du scrutin présidentiel d’au moins deux mois. Le 21 mai dernier, l’ex-président bissau-guinéen était reçu à Dakar par Abdoulaye Wade, avant que les chefs d’Etat Olusegun Obasanjo (Nigeria), Mamadou Tandja (Niger) et Cellou Dalein Diallo, le Premier ministre de Guinée n’entament des consultations avec les représentants de la société civile, les chefs militaires et les 17 candidats à la présidentielle de Guinée-Bissau.


par Didier  Samson

Article publié le 25/05/2005 Dernière mise à jour le 25/05/2005 à 18:18 TU