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Nigeria-France

Obasanjo, président-VRP

Les présidents Olusegun Obasanjo et Jacques Chirac sur le perron de l'Elysée. Le chef de l'Etat nigérian veut faire de la France un important allié.(Photo : AFP)
Les présidents Olusegun Obasanjo et Jacques Chirac sur le perron de l'Elysée. Le chef de l'Etat nigérian veut faire de la France un important allié.
(Photo : AFP)
Le président Olusegun Obasanjo boucle quatre jours de visite officielle en France. Son séjour a connu un important volet économique doublé d’un aspect diplomatique pour lequel il sollicite l’appui de la France.

Avant d’engager l’aspect purement français de sa visite en France, Olusegun Obasanjo a d’abord participé aux traditionnelles journées africaines de l’Unesco, pour lesquelles il était l’invité d’honneur. Président en exercice de l’Union africaine (UA), il a participé à la commémoration de la journée du 23 mai, «journée de l’Afrique» qui correspond à la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), père de l’UA, le 23 mai 1963. Le président Olusegun Obasanjo n’a pas fait de déclaration particulière malgré l’actualité politique brûlante sur le continent. 

Débarrassé du volet protocolaire de sa visite, le chef de l’Etat nigérian a multiplié les rencontres avec les plus hautes autorités politiques françaises et les milieux financiers. Devant, le Medef, le patronat français et plus d’une centaine de chef d’entreprises Olusegun Obasanjo réitère ce qu’il avait officiellement demandé à Jacques Chirac, c’est-à-dire l’annulation de la dette française à l’égard du Nigeria. «La France peut faire preuve de leadership et de courage en la matière afin de récompenser un gouvernement qui réforme, un gouvernement qui dans une large mesure sécurise l’Afrique de l’Ouest et un gouvernement qui a montré du courage en luttant contre la corruption», a-t-il lancé. Il a par ailleurs estimé que l’appui de la France serait déterminant dans l’allègement de la dette publique extérieure de son pays vis-à-vis de ses créanciers, membres du Club de Paris.

La dette publique extérieure du Nigeria s’élève à 35 milliards de dollars. Son premier créancier public est la Grande Bretagne avec 21% de la dette, suivie par la France avec 7%. La France est le deuxième investisseur étranger au Nigeria avec la présence de plusieurs dizaines d’entreprises dans les secteurs pétrolier, des pièces détachées et équipements d’automobile, etc. Le président nigérian a demandé aux hommes d’affaires français de s’intéresser à d’autres secteurs stratégiques, tels que, l’agriculture, l’industrie manufacturière, le tourisme et le secteur minier. Le Nigeria a importé des produits français, essentiellement pétroliers raffinés, des équipements industriels et des automobiles à hauteur de 72 millions de dollars en 2004. En revanche, les exportations du Nigeria vers la France ont atteint 912 millions de dollars pendant la même période, dont les 95% proviennent du pétrole et du gaz.

«Le Nigeria n’est plus un pays riche» 

Mais cette manne pétrolière «ne suffit pas à faire du Nigeria un pays riche», assure le président Olusegun Obasanjo qui rappelle que sa répartition correspond à 50 cents de dollar par personne et par jour pour une population de 130 millions de personnes. Face aux entrepreneurs français, le président nigérian s’est transformé en véritable VRP pour vanter les atouts, les potentialités et les opportunités qu’offre son pays. La récurrente question de la corruption est prise à bras le corps rassure le président-VRP qui cite au passage des cas procès en cours. Il n’a pas non plus manqué l’occasion de dire que «sans corrupteur il n’y aurait pas de corrompu». Il a nommément accusé deux responsables de la firme Sagem qui auraient versé des pots-de-vin pour obtenir un marché.

Les atouts économiques du Nigeria sont également un élément déterminant dans les relations diplomatiques dont use Olusegun Obasanjo pour asseoir une certaine autorité en Afrique. En effet, la production pétrolière du Nigeria passera dans les prochaines années de 2,5 millions à plus de 4 millions de barils par jour. Il n’est pas alors passé inaperçu que la semaine dernière le ministre français délégué au commerce, François Loos, était en visite au Nigeria et que le président nigérian a terminé son voyage en France par la visite du centre de recherche de la firme Total à Pau, dans le sud-ouest de la France.

Le chef de l’Etat nigérian ne s’embarrasse pas de « salamalecs » pour rappeler à ses interlocuteurs français que sa diplomatie est aussi incontournable en Afrique au moment où la politique française est fortement contestée en Afrique. L’axe Paris-Abuja est également exploité par les autorités nigérianes pour contrarier les pré-carrés «francophones et anglophones» entretenus par les anciennes puissances coloniales. Des bons offices du Nigeria un peu partout en Afrique, contre des contrats juteux il n’y a qu’un pas que de nombreux observateurs ont franchi et qui voient dans le Nigeria d’Olusegun Obasanjo l’envie d’être un pays leader.

La candidature du Nigeria à l’un des deux sièges pour l’Afrique dans le cadre de la réforme et de l’élargissement du Conseil de sécurité de l’ONU procède de la même logique. Le président du Nigeria a, ici aussi, sollicité l’appui de la France.   


par Didier  Samson

Article publié le 26/05/2005 Dernière mise à jour le 26/05/2005 à 17:57 TU

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