Côte d'Ivoire
Les soldats pilleurs de banque seront rejugés
(Photo : AFP)
Douze soldats de l’Opération « Licorne » française en Côte d’Ivoire ont comparu le 21 juin devant le tribunal des armées de Paris pour une série de vols commis dans une succursale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Man. Reconnus coupables de vols, huit soldats ont écopé d’une peine d’un an d’emprisonnent ferme et les quatre autres, poursuivis pour recel de ces mêmes vols, ont été condamnés à des peines allant de deux mois à quatre mois de prison ferme. Le père de l’un des prévenus a été condamné à deux mois de prison avec sursis pour recel des objets que son fils lui envoyait.
Les militaires, tous âgés de 22 à 35 ans avaient pris leur quartier dans les locaux de la BCEAO, mis à sac en 2002 par les rebelles ivoiriens, lors de la tentative de renversement du pouvoir en septembre 2002. A plus de 550 km à l’ouest d’Abidjan Man se trouve dans la partie du pays sous contrôle des rebelles. La succursale de la BCEAO, dans cette ville ne contenait plus aucun de fonds ; c’est du moins ce que pensaient les autorités militaires françaises en choisissant ce site pour la surveillance et la sécurisation des environs.
Leur train de vie les a trahis
Très vite, les militaires français ont découvert dans l’une des pièces de la Banque des liasses de billets. En remontant un certain itinéraire, ils sont arrivés à la salle des coffres, dans laquelle se sont introduits, par les bouches d’aération, les plus maigres des douze compères. Les soldats qui ont succombé à l’argent facile ont oublié leur devoir de surveillance et se sont servis sans scrupule. Mais leur train de vie à Man les a trahis. Magnétoscopes, téléphones, bijoux, diamant, tout leur était accessible. « Les soldats français qui ont beaucoup d’argent » sont l’objet de toutes les convoitises et sollicitations. Cette situation a intrigué un officier supérieur de l’opération Licorne venu en inspection à Man qui a très vite découvert le pot-aux-roses.
Sur les soldats, qui ont rapidement reconnu avoir volé au total 220 millions de francs CFA, environ (337 000 euros), 109 000 euros ont pu être récupérés et ils restent devoir solidairement 228 000 euros. Mis en examen et maintenus en détention depuis le 21 septembre 2004, les soldats accusés de «vol en réunion par personne chargée d’une mission de service public et de recel de vol» recouvreront tous la liberté dans une dizaine de jours pour avoir déjà effectué en détention préventive la durée des peines infligées. Leur carrière militaire ne sera pas affectée par les sanctions prononcées.
La clémence du tribunal dans cette affaire a surpris la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, qui a demandé à son homologue de la Justice, Pascal Clément, d’étudier le moyen de faire appel de ce jugement. Le ministre de la Justice a accédé à cette demande en insistant auprès du procureur général sur plus de sévérité dans les réquisitions.
par Didier Samson
Article publié le 22/06/2005 Dernière mise à jour le 22/06/2005 à 17:06 TU