Environnement
Baleines : le Japon veut toujours plus
(Photo : AFP)
La Commission baleinière internationale (CBI ) qui tous les ans établit la politique internationale en matière de chasse des grands cétacés a bouclé, vendredi 24 juin, sa réunion annuelle à Ulsan, ancien port baleinier du sud-est de la péninsule coréenne. La conférence a été marquée comme toujours, par une opposition entre le camp des défenseurs du moratoire et les Etats qui militent en faveur de la reprise de la chasse. En 1986, un moratoire sur la chasse à la baleine a été adopté interdisant les captures à des fins commerciales. La chasse est autorisée uniquement pour les aborigènes ou pour des raisons scientifiques. Chaque année, le moratoire est au centre d’une vive controverse entre les pays de pêche, comme le Japon, la Norvège et l’Islande qui affirment que les mammifères marins ne sont plus menacés et les pays anti-chasse emmenés notamment par l’Australie et la Nouvelle- Zélande qui veulent éviter les massacres de cétacés.
Le Japon qui continue de tuer des centaines de baleines tous les ans en invoquant un prétexte scientifique, a failli cette année réussir à mettre fin à la pause de la chasse commerciale, en vigueur depuis près de 20 ans. Cette année, la Commission baleinière internationale (CIB) a rejeté par 29 voix contre 26 la proposition du Japon qui voulait mettre un terme au moratoire sur la chasse à la baleine de Minke. Cette année, les partisans d’une reprise des pêches commerciales ont de nouveau été en minorité, mais ont renforcé leur rang. Le Japon compte chaque année de plus en plus de soutiens, les détracteurs de la chasse accusent notamment Tokyo d’acheter les voix de petits pays insulaires ou de pays en développement, en distribuant des aides financières.
Une moyenne de 900 baleines par an
La CIB a également voté contre le projet du Japon de doubler ses captures de baleines. Bien que la commission ait voté cette résolution, Tokyo a fait savoir qu'il maintiendrait cet objectif. Le ministre japonais de la Pêche, Akira Nakamae s'est empressé de confirmer les autorisations accordées aux chercheurs. Tokyo prévoit de pêcher environ 850 baleines Minke contre 440 l’an dernier et d’étendre ses prises en 2007 aux rorquals communs et baleines à bosse, deux espèces réputées menacées. L’archipel explique comme toujours que ce projet fait partie d’une pêche «scientifique», ce qui lui permet ainsi d’invoquer une dérogation au moratoire. Selon l’Agence d’enquête environnementale, ce doublement des captures va faire passer de deux milliers de tonnes actuellement à environ 5 750 tonnes la quantité de viande de cétacés présente sur le marché nippon. Une pêche à la baleine à des fins scientifiques, qui selon les organisations écologiques Greenpeace et le Fonds mondial pour la nature (WWF) dissimule en réalité une pêche commerciale.
La baleine -mammifère protégé- est considérée au Japon comme une denrée traditionnelle. La viande est destinée à alimenter des restaurants et la graisse est utilisée pour fabriquer des produits de beauté. Mais si l’on en croit de nombreuses associations de défense des animaux, l’argument selon lequel les Japonais avaient coutume de consommer beaucoup de baleines n’est plus pertinent. La demande ne justifie pas l’extension de la chasse comme l’explique Susan Lieberman, directrice à WWF : «Il y a un surplus sur le marché actuellement. On donne gratuitement de la viande dans les écoles sous forme de hamburgers. Mais les jeunes consommateurs au Japon n’optent pas du tout pour la viande de baleine».
par Myriam Berber
Article publié le 24/06/2005 Dernière mise à jour le 24/06/2005 à 17:39 TU