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Sécheresse

L’aridité du climat espagnol favorise les feux de forêt

Dimanche, onze pompiers ont trouvé la mort en luttant contre le feu dans la région de Guadalajara.(Photo: AFP)
Dimanche, onze pompiers ont trouvé la mort en luttant contre le feu dans la région de Guadalajara.
(Photo: AFP)
Les pompiers espagnols ont réussi à venir à bout du feu qui a ravagé 12 000 hectares de forêt dans le centre de l’Espagne. Toutefois cet incendie a provoqué la mort de 11 sauveteurs.

Les pompiers ont réussi à prendre le contrôle du feu qui ravageait depuis plusieurs jours la région de Guadalajara, au centre de l’Espagne. Douze mille hectares de forêt ont été détruits par les flammes et 11 pompiers sont morts au cours des opérations. Ces dernières heures, des engins de terrassement ont creusé une ligne coupe-feu de plusieurs kilomètres de long et de 800 mètres de large. La trouée a permis de contenir le feu dans une zone très sèche et relativement escarpée située à environ 120 kilomètres au nord-ouest de la ville de Guadalajara.

Les sauveteurs restent cependant sur leurs gardes car la chaleur, pendant la journée, et le vent, pourraient faire repartir le feu qui couve encore à certains endroits. Deux autres feux de forêt restent actifs dans cette zone, et les avions bombardiers d’eau ont repris leurs allers et retours au-dessus des flammes.

Une centaine de pompiers sont morts en quinze ans

Plusieurs centaines de sauveteurs ont été mobilisés pour venir à bout de ces incendies dont la cause serait peut-être un barbecue allumé en forêt par des randonneurs et mal éteint. La police espagnole n’a pas confirmé cette hypothèse tout en indiquant que plusieurs personnes ont été interrogées lundi et que d’autres devaient l’être mardi.

Dimanche, les corps calcinés de 11 pompiers, qui s’étaient retrouvés piégés par les flammes, ont été évacués par hélicoptère de cette zone difficile d’accès. Les autorités ont décrété un deuil de quatre jours dans cette région de Castille-la-Manche, au centre du pays.

Cet incendie est le plus meurtrier enregistré en Espagne depuis 1992. En 15 ans, une centaine de sapeurs-pompiers ont trouvé la mort en luttant contre des feux de forêt. Ce pays au climat méditerranéen, et quasiment désertique dans le sud, subit chaque année en moyenne 2 000 feux de forêt. Cette année, entre début janvier et fin juin, plus de 50 000 hectares de forêt ont déjà brûlé, selon des chiffres fournis par l’Association nationale des entreprises forestières (ASEMFO).

Un millier de personnes environ ont été évacuées et si les habitants de certains villages ont protesté contre la lenteur des secours, les autorités espagnoles avaient pourtant mis en place un plan d’urgence sans précédent. Cette région située à moins de 200 kilomètres de Madrid et relativement loin de tout, est une zone de plateaux désertiques. Comme ailleurs en région méditerranéenne, la forêt gagne du terrain dans des campagnes de moins en moins cultivées.

Des feux presque toujours causés par l’homme

Dans 90% des cas, indiquent les  statistiques, les humains sont responsables de ces feux de forêt. En plus, cette année constitue une année à haut risque étant donné la sécheresse qui sévit dans toute l’Espagne, la pire depuis 1945. Il n’a quasiment pas plu l’hiver dernier et les températures caniculaires frôlent régulièrement les 40°. L’organisation écologiste Greenpeace demande au gouvernement espagnol d’interdire le feu dans les régions sensibles pendant les périodes de grande chaleur, où la végétation est la plus sèche. Greenpeace suggère que même dans les campings et les zones aménagées dans la nature, il soit interdit de faire du feu en plein été. « Faire des barbecues dans ce genre d’endroit est une activité à haut risque et totalement irresponsable »,  a pour sa part dénoncé la ministre espagnole de l’Environnement Cristina Narbona. En France, par exemple, la zone des calanques, à l’est de Marseille, sur la côte d’Azur, est totalement interdite d’accès pendant la saison estivale afin de ne prendre aucun risque pour le milieu naturel.

Avec son proverbe annonçant «dix mois d’hiver, deux mois d’enfer», l’Espagne est bien connue pour ses conditions climatiques extrêmes. Le déficit en eau est chronique depuis plusieurs décennies. Des transferts d’eau par un système de canalisations sont organisés depuis la fin des années 60 en direction de la région de Murcie, au sud du pays. Mais la région de Castille-Manche refuse cette année de fournir une ressource naturelle de plus en plus recherchée aux cultures irriguées  du sud du pays. Les deux barrages d’où part le transfert des eaux du Tage sont remplis au cinquième seulement de leur capacité. Malgré l’arbitrage du gouvernement sur le partage de l’eau entre les deux régions, la Castille-Manche refuse de donner la quantité d’eau prévue à la Murcie. La querelle a donné lieu à des protestations puis des manifestations. Il faut dire qu’en Murcie, étant donné le déficit en eau, la production agricole a diminué de moitié, même si l’irrigation au goutte à goutte est en train de se généraliser. Des milliers d’emplois sont menacés dans cette région, l’une des plus agricoles de l’Espagne.

Le Portugal lui aussi a soif

Le Portugal, lui aussi, connaît une sécheresse sans précédent depuis plus de soixante ans ; 97% du territoire manque d’eau mais c’est l’Algarve, la région la plus au sud, qui est la plus touchée. Sa population, habituellement de 500 000 habitants, passe en été à un million de personnes en raison de l’afflux touristique. Devant la gravité de la situation, les autorités envisagent de couper l’eau quelques heures par jour, même dans cette zone qui vit du tourisme. De nombreux hôteliers ont demandé à leurs clients de faire des économies d’eau. Les autorités locales ont commencé des travaux de forage pour trouver de l’eau dans des nappes phréatiques à grande profondeur.

Ici aussi, les feux de forêt ont fait des ravages puisqu’en cinq ans, près de 20% des forêts portugaises sont parties en fumée. Les autorités cherchent comment entretenir les zones boisées car les migrations des ruraux vers les centres urbains ont laissé à l’abandon les massifs forestiers.    


par Colette  Thomas

Article publié le 19/07/2005 Dernière mise à jour le 19/07/2005 à 16:29 TU

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