Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Attentats à Charm El-Cheikh

Premières réactions internationales

Emue et choquée, la communauté internationale condamne unanimement la série d’attentats sanglants -des pays occidentaux à ceux du Proche-Orient ou de l’Extrême-Orient. Ces attentats sont revendiqués par des Brigades Abdoullah al-Azzam de l'Organisation Al-Qaïda au pays du Levant, mais pour l’heure cette revendication n’est pas authentifiée.

Le président égyptien Hosni Moubarak, qui a fait au cours des deux dernières années de la ville de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, son siège quasi-permanent, s'est rendu sur les lieux des attentats meurtriers. Il a gagné immédiatement l'hôtel Ghazala-Gardens dévasté par l'explosion d'une voiture piégée conduite par un kamikaze. Les condoléances ont afflué aussitôt des quatre coins du monde: «Douleur et colère», selon les termes du secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, ont accueilli ce carnage qui a fait au moins 83 morts et quelque 150 blessés dans la nuit de vendredi à samedi. L'ensemble de la communauté internationale a aussitôt exprimé sa «solidarité» avec l'Egypte pour apporter une aide sanitaire immédiate et pour lutter à terme contre le fléau du terrorisme.

Les premières condamnations ont afflué de Washington, des capitales européennes, du Japon, de Russie, d'Israël, du monde arabe et d'Iran. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, depuis  Jérusalem, a condamné ces attentats terroristes «insensés». «En ces temps difficiles, les Etats-Unis sont aux côtés de notre amie et alliée l'Egypte. Ensemble, nous affronterons et vaincrons ce fléau qui ne connaît pas de frontières et ne respecte aucune conviction religieuse», a affirmé Condoleezza Rice, en visite en Israël et dans les territoires palestiniens.

Le président russe Vladimir Poutine a lui aussi appelé à l'union face au «terrorisme international», dans un message au président égyptien Hosni Moubarak : «Le terrorisme international, en commettant l'un après l'autre des crimes atroces: en Russie, en Grande-Bretagne, en Egypte et dans d'autres pays, essaye de forcer le monde civilisé à vivre dans la peur et la violence», a-t-il déclaré, appelant à «l'unité d'action pour réagir contre cette menace barbare».

Le président français Jacques Chirac, le Premier ministre Dominique de Villepin, et le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy condamnent avec vigueur ces attentats et réaffirment leur volonté de «lutter partout contre le fléau qu'est le terrorisme et que rien ne saurait jamais justifier», a indiqué l'Elysée. «La lutte contre le terrorisme exige de tous les Etats mobilisation, vigilance et coopération renforcée. Dans cette épreuve, je tiens à vous réaffirmer notre solidarité avec le peuple égyptien», a déclaré le président français dans un message adressé au président égyptien Hosni Moubarak, ajoutant: «Le gouvernement français se tient à votre disposition pour vous apporter toute l'aide que nous jugeriez nécessaire, en particulier dans le domaine médical».

Tout comme l'Espagne, qui a été frappée par des attentats meurtriers le 11 mars 2004 et qui a envoyé un message de solidarité à l'Egypte, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi a réaffirmé «l'engagement international» de son pays contre le terrorisme international. «Encore une fois j'éprouve du mépris et de l'horreur: les tragiques attentats de Charm El-Cheikh ont fauché la vie de nombreux innocents et ont bouleversé la vie pacifique des citoyens égyptiens et d'autres pays», a écrit M. Ciampi. «Le coeur est gonflé d'angoisse devant l'intensification de ces attaques terroristes animées par une impitoyable volonté de tuer L'Italie réaffirme sa propre intransigeance dans sa lutte contre le terrorisme et son opposition au choc des civilisations et des cultures qu'il tente d'atteindre avec une férocité inouïe».

A Bruxelles, la Commission européenne, horrifiée par les «lâches» attentats, s'est dite prête à apporter assistance aux autorités égyptiennes et a «condamné sans réserves la violence terroriste». «Le terrorisme a encore une fois frappé d'une manière particulièrement perfide et cruelle» a déclaré pour sa part le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, assurant : «Nous n'abandonnerons pas notre combat commun contre le terrorisme et pour nos valeurs de liberté et de tolérance. Nous ne plierons pas devant la terreur».

Israël a également dénoncé avec force les «actes de terrorisme inhumain» et proposé son assistance à l'Egypte, avec laquelle l'Etat hébreu est lié par un traité de paix depuis 1979. Des équipes de secours de l'armée israélienne ont été mises en alerte et se tenaient prêtes samedi à partir pour l'Egypte.

Tout comme la Jordanie, qui «espère que les autorités égyptiennes parviendront à arrêter les terroristes pour qu'ils soient punis», selon les déclarations du vice-Premier ministre Marwan Moasher, et tout comme la Syrie, l’Autorité palestinienne a elle aussi «fermement condamné» les attentats: «J'exprime du fond du coeur notre soutien à nos frères égyptiens et au président Moubarak dans leur lutte contre le terrorisme», a déclaré le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

L’Irak dénonce «le cancer du terrorisme»

Parmi les pays arabes, l'Irak a également dénoncé le «cancer du terrorisme, qui menace la paix dans le monde entier»: «Le Premier ministre irakien et son gouvernement souhaitent exprimer leur profonde sympathie et adresser leurs condoléances au peuple égyptien et aux familles des victimes», a déclaré Ibrahim Jaafari, tandis que son voisin iranien, lui a aussi ferme dans sa condamnation, l'a cependant assortie de critiques anti-américaines. «Les Etats-Unis doivent changer leur politique dans la lutte  contre le terrorisme, renoncer à la politique de deux poids deux mesures et tendre la main à la communauté internationale car le seul moyen de lutter contre le terrorisme est la coopération internationale», a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, affirmant : «L'approche des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme a rendu moins sûr le monde».

Le gouvernement japonais s'est déclaré lui aussi «gravement choqué» par les attentats. «Le terrorisme ne peut être justifié par aucune raison, et le gouvernement japonais condamne fermement le terrorisme atroce qui fait des victimes parmi les gens innocents», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hatsuhisa Takashima.

La revendication des attentats n’est pas authentifiée

Un groupe, Les Brigades Abdoullah al-Azzam de l'Organisation Al-Qaïda au pays du Levant  a revendiqué ces attentats sanglants au nom d’une vengeance contre «les crimes commis contre les musulmans» : «Nos frères moudjahidin ont porté un coup cinglant aux croisés, aux sionistes et au régime infidèle égyptien à Charm El- Cheikh en visant l'hôtel Ghazala Gardens (...) et le vieux souk (…). Cette opération vient en réponse aux crimes commis par les puissances du mal contre les musulmans en Irak, en Afghanistan, en Palestine et en Tchétchénie. Nous n'avons pas peur du tyran égyptien».

Yasser al Sirry, un spécialiste des sites islamistes basé à Londres, a déclaré qu'il doutait de l'authenticité de cette revendication en déclarant : «Je traiterai [ce message] avec prudence, particulièrement parce qu'il n'a pas été diffusé sur des sites habituels». Toutefois, un groupe au nom similaire, les Brigades du martyr Abdoullah Azzam, avait revendiqué les attentats d'octobre dernier à Taba, une autre station balnéaire égyptienne des bords de la mer Rouge, ainsi que des attaques contre des touristes étrangers en avril.


par Dominique  Raizon

Article publié le 23/07/2005 Dernière mise à jour le 23/07/2005 à 17:23 TU

Audio

Olivier Roy

Directeur de recherche au CNRS, spécialiste de l'islam

«Associer le terrorisme avec la contestation politique est toujours très négatif pour les opposants pacifiques.»

Xavier Raufer

Ecrivain et chargé de cours à l'Institut de criminologie de Paris

«C’est un courant mondial de gens qui pensent que les musulmans sont attaqués par l’occident… »

Articles