Terrorisme
Horreur à Charm El-Cheikh
Dimanche, le bilan s'élève à au moins 88 morts et plus de 100 blessés, selon un responsable des services de sécurité, dans la série d'attentats qui ont frappé Charm El-Cheikh à 1 heure du matin samedi, en pleine saison estivale alors que la ville était bondée de touristes à la fois étrangers et égyptiens, et à l’heure où la vie nocturne battait son plein.
La plupart des victimes sont égyptiennes, mais le ministère égyptien du Tourisme a fait état de sept étrangers tués, dont un Tchèque et un Italien. La police égyptienne évoque également plusieurs morts parmi les Néerelandais, les Qataris et les Koweitiens. Quelque trente-quatre corps n'ont pas encore été identifiés. Londres a fait état de huit Britanniques blessés, et l’Espagne de trois blessés. L'Italie, qui en compte 21, les a rappatriés dimanche matin. En France, le Quai d’Orsay a aussitôt mis en place une cellule de crise pour le retour des Français qui ont souhaité interrompre leur séjour, sans que pour le moment on ne compte de mort ou de blessé. Le numéro de téléphone de la cellule d'urgence pour toute information concernant les Français qui étaient alors en Egypte est le 0800 174 174.
Une cellule d'urgence médico-psychologique accueillait les premiers ressortissants de retour dimanche matin à Roissy par un charter affrété par plusieurs opérateurs. Les voyagistes ont également appelé ceux qui avaient prévu de se rendre les jours prochains à Charm el Cheikh et dans le Sinaï à reporter leur voyage ou à changer de destination. Le Syndicat national des agences de voyages (Snav) a recommandé à ses adhérents de proposer le report sans frais, sous forme d'avoir, des départs vers l'Egypte ou vers une autre destination pour les départs prévus jusqu'au 28 juillet.
En ce qui concerne les faits mêmes des attentats, le nombre de déflagrations qui ont eu lieu diffère selon les sources: la police a parlé de 7 explosions, dont au moins quatre commises avec des voitures piégées. Les autorités locales ont fait état de 3 déflagrations. C’est l’attentat qui a visé l’hôtel Ghazala Gardens, dans la baie de Naama, qui a été le plus violent: le kamikaze ayant forcé la porte d’entrée de l’établissement au volant d'une voiture piégée, le véhicule s’est ensuite encastré dans la réception de l'établissement, et une énorme explosion s'en est suivi. La déflagration fut si violente que les vitres de l’hôtel voisin ont volé en éclats. La plupart des morts dénombrés étaient des Egyptiens employés de l’hôtel. Une autre explosion a eu lieu non loin de là, dans un parking. Des témoins racontent par ailleurs que différentes déflagrations ont touché une galerie marchande du souk. Des centaines de policiers continuent d'assurer un cordon de sécurité autour de l'hôtel.
Au Caire, un kamikaze s'est blessé sans faire d'autre victime
Des débris de fer, de bois, des lampadaires jonchent toujours le sol sur une centaine de mètres témoignant de la violence de l'explosion de l'hôtel Ghazala Gardens. Des sauveteurs fouillent les décombres à la recherche d'éventuels corps. Selon Achraf, propriétaire d'un restaurant russe situé à proximité, «les explosions ont été d'une extrême violence (..). J'ai vu beaucoup de victimes. Un peu partout dans la ville, des touristes apeurés demandent à être rapatriés d'urgence.Il n'y a pas véritablement de panique, mais nos hôtes sont très nerveux et font leurs bagages».
Ces attentats sont les plus meurtriers en Egypte depuis le massacre de Louxor en 1997 qui avait fait 62 morts. Une véritable «chasse à l'homme» a commencé en Egypte. Plusieurs dizaines d'arrestations ont déjà eu lieu, tandis qu'au Caire un Egyptien a été grièvement blessé dimanche 24 juillet dans l'explosion d'une bombe artisanale qu'il transportait. «Sami Gamal Hegazi, 33 ans, employé dans un hôpital, aurait fait tomber son engin qu'il portait dans un sac en plastique, déclenchant l'explosion qui a eu lieu dans le quartier Qerdassa, dans le sud-ouest du Caire. Aucune victime», apprend-on des sources sécuritaires. Sami Gamal Hegazi, juriste titulaire d'une licence de droit, a été admis dans un état très grave à l'hôpital Kasr al-Aïni, au centre du Caire.
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par Dominique Raizon
Article publié le 23/07/2005 Dernière mise à jour le 23/07/2005 à 14:53 TU