Attentats du Sinaï
L’Egypte en état de choc craint pour son tourisme
(Photo: AFP)
(Photo: AFP)
La peur s’est désormais installée dans le Sinaï, déserté par des milliers de touristes israéliens venus fêter Soukkot, la fête des cabanes, dans cette région. Samedi matin, les autorités israéliennes ont de nouveau lancé un appel à tous les vacanciers encore présents en Egypte afin qu’ils quittent le pays. «Il se peut qu’il y ait d’autres projets d’attentats en préparation dans le Sinaï, le degré de danger pour les Israéliens reste très élevé», a notamment mis en garde le chef du bureau chargé de la lutte contre le terrorisme, Danny Arditi, sur les ondes de la radio militaire. Le départ précipité, ces dernières vingt-quatre heures, de plusieurs milliers de touristes israéliens devrait porter un nouveau coup dur au secteur touristique égyptien, encore convalescent après l’attentat de Louxor de 1997 qui avait notamment coûté la vie à 58 touristes étrangers et après le crash, plus récemment, de l’avion d’une compagnie charter égyptienne transportant 148 personnes à son bord. Aucun des passagers, pour la plupart des Français, n’avait survécu au drame.
Les attentats de Taba et Ras Chaïtan dans le Sinaï ont donc laissé l’Egypte en état de choc. Alors que les opérations de secours se poursuivent pour tenter de retrouver des survivants, le pays s'interroge sur les retombées de ces attaques terroristes sur ses relations avec Israël -les deux Etats se sont engagés à une coopération bilatérale poussée dans le domaine de la lutte anti-terroriste- mais aussi sur les conséquences de ce drame sur l’économie du pays.
L’industrie du tourisme, l’un des secteurs les plus porteurs de cette économie puisqu’il représente la première source de devises du pays, ne devrait pas sortir indemne des attentats de jeudi soir. Les Etats-Unis, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont en effet d’ores et déjà appelé leurs ressortissants à ne pas se rendre dans le Sinaï. Et même si les opérateurs égyptiens affirment que, mis à part le départ massif des touristes israéliens, aucune annulation n’a pour le moment été enregistrée, la situation a radicalement changé et devrait faire reculer les réservations pour la saison prochaine.
Plus de sept millions de touristes en 2003Le secteur du tourisme emploie en Egypte plus d’un million et demi de personnes, soit 12% de la population active. Après l’attentat de Louxor en 1997, qui avait vidé le pays de ses vacanciers, le gouvernement avait habilement géré sa communication touristique pour l’axer sur la toute nouvelle station balnéaire de Charm al-Cheikh. Cette destination est depuis devenue l’une des plus prisées et toute la région égyptienne de la mer Rouge une zone de tourisme en pleine essor puisqu’elle représente à elle seule aujourd’hui quelque 40% du nombre de chambres du pays. La plupart des touristes européens sont ainsi devenus des habitués des stations de Charm al-Cheikh et de Hurghada. Dans cette région, la ville de Taba est toutefois un peu à part dans la mesure où elle est fréquentée essentiellement par des Israéliens. Mais cela ne signifie pas pour autant que l’impact des derniers attentats sur les autres nationalités sera limité.
Depuis le début de l'année, l'Egypte a connu une affluence record avec plus 49% de touristes. L'accident d'avion de Charm al-Cheikh, en tout début d'année, n'avait pas eu de conséquences notables sur le tourisme dans la mesure où il s’agissait d’un accident. Avec plus de sept millions de touristes en 2003 qui ont rapporté au pays quelque 5,8 milliards de dollars, l’Egypte tablait pour cette année sur huit millions d’entrées et des séjours en moyenne plus longs que l’an passé. Mais c’était avant les attentats de Taba et de Ras Chaïtan.
par Mounia Daoudi
Article publié le 09/10/2004 Dernière mise à jour le 09/10/2004 à 13:37 TU