Kenya
Double attentat anti-israélien à Mombasa
Treize personnes au moins, dont trois Israéliens, ont été tuées jeudi matin dans un attentat à la voiture piégée contre un hôtel du nord de Mombasa. Dans le même temps, un charter à destination de Tel Aviv, qui venait de décoller de l’aéroport de cette ville touristique de la côte kenyane, a échappé au tir de deux missiles, évitant de justesse une catastrophe qui aurait pu coûter la vie à plus de 250 personnes. Ces deux attaques terroristes visaient implicitement des intérêts israéliens puisque l’hôtel appartenait à un groupe financier israélien et était essentiellement fréquenté par des ressortissants de l’Etat hébreu, tandis que l’avion appartenait à la compagnie israélienne de charter Arkia.
Il était huit heures trente ce jeudi matin lorsqu’un véhicule tout terrain, bourré d’explosifs, a forcé l’entrée de l’hôtel Paradise beach, un établissement situé sur la côte au nord de la ville kenyane de Mombasa. Le 4X4, à bord duquel se trouvait trois personnes, s’est ensuite précipité vers la réception contre les murs de laquelle il s’est encastré avant d’exploser, mettant le feu à ce club de vacances essentiellement fréquenté par des touristes israéliens. Selon un dernier bilan, les trois kamikazes ont été tués sur le coup entraînant avec eux la mort de six Kenyans –des danseurs folkloriques venus accueillir les nouveaux clients– et celle de trois touristes israéliens, parmi lesquels deux enfants. Le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd puisqu’un groupe de 140 personnes, qui venait d’arriver au Kenya, se trouvait dans le hall de l’établissement avec leurs bagages.
Quelques minutes auparavant, un avion charter de la compagnie israélienne Arkia venait d’échapper à un tir de deux missiles peu après avoir décollé de l’aéroport de Mombasa. L’appareil avait à son bord 261 personnes. Le pilote, qui affirme «avoir vu les éclairs de deux missiles tirés contre son avion», s’est gardé de prévenir ses passagers et a continué sa route jusqu’à Tel Aviv où il a atterri peu après midi et demi, heure locale. Le quotidien israélien Haaretz, qui cite des responsables de la police kenyane, rapporte dans son édition électronique que ces missiles auraient été tirés d’un 4X4 garé à deux kilomètres au nord de l’aéroport de Mombasa, très peu de temps après le décollage de l’appareil. Trois hommes d’origine arabe auraient été vus à bord du véhicule. La compagnie aérienne israélienne El Al a aussitôt décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre tous ses vols à partir de l’étranger tandis que l’armée annonçait l’envoi au Kenya de plusieurs avions militaires transportant des équipes de secours.
La police kenyane a par ailleurs annoncé l’arrestation jeudi en fin de matinée de deux personnes. Aucun détail n’a été communiqué sur leur identité ni sur les motifs de leur interpellation, les autorités kenyanes se contentant de préciser que ces personnes étaient actuellement interrogées.
La piste d’al-Qaïda
Même si aucune des deux attaques terroristes n’a pour l’instant été revendiquée, des responsables israéliens se sont empressés de faire porter leurs soupçons sur le réseau al-Qaeda d’Oussama ben Laden. Une source diplomatique israélienne de haut rang a ainsi affirmé que «les premiers indices donnent à penser qu’il s’agit d’une sonnette d’alarme d’al-Qaïda». Une thèse que soutient l’ambassadeur du Kenya à Tel Aviv. Selon lui en effet, il n’y a «aucun doute» sur l’implication de l’organisation d’Oussama ben Laden dans ces deux attaques terroristes. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Benyamin Netanyahu, n’a toutefois pas souhaité commenter ces allégations, se contentant de condamner «le terrorisme international». «Il y a déjà eu dans le passé beaucoup d’attentats contre nos intérêts à l’étranger mais c’est la première fois qu’un de nos avions de ligne est apparemment visé par des missiles sol-air», a-t-il notamment affirmé à Jérusalem. Il a également mis en garde contre «une escalade du terrorisme international, qui menace l’ensemble du trafic aérien mondial». Le Premier ministre Ariel Sharon n’avait quant à lui toujours pas réagi jeudi en début d’après-midi à ces deux opérations terroristes.
Ces deux attaques inquiètent les observateurs car elles témoignent de la mise en place de moyens importants et d’une logistique parfaitement adaptée. Tout semble en effet avoir été préparé pour tuer un maximum de ressortissants israéliens. Et ce n’est que parce que l’avion d’Arkia était équipé d’un système électronique de protection «ultra performant», que le pire a pu être évité. Le choix du Kenya, un pays où la communauté musulmane n'est pas très importante, comme lieu de ces attaques n’est pas sans rappeler les attentats qui avaient frappé quasi simultanément en 1998 les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es Salam. Le bilan de 224 morts, en majorité des Kenyans et des Tanzaniens, est le plus meurtrier jamais provoqué par le terrorisme en Afrique sub-saharienne. Malgré l’absence de revendications, les regards se sont portés sur l’organisation d’Oussama ben Laden. Et ce n’est que trois années après le drame, qu’un juge new-yorkais a condamné quatre membres d’al-Qaïda à la prison à vie pour avoir participer à ces attentats.
Lire également :
Terrorisme : sujet tabou
(L'éditorial économique de Norbert Navarro)
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La police kenyane a par ailleurs annoncé l’arrestation jeudi en fin de matinée de deux personnes. Aucun détail n’a été communiqué sur leur identité ni sur les motifs de leur interpellation, les autorités kenyanes se contentant de préciser que ces personnes étaient actuellement interrogées.
La piste d’al-Qaïda
Même si aucune des deux attaques terroristes n’a pour l’instant été revendiquée, des responsables israéliens se sont empressés de faire porter leurs soupçons sur le réseau al-Qaeda d’Oussama ben Laden. Une source diplomatique israélienne de haut rang a ainsi affirmé que «les premiers indices donnent à penser qu’il s’agit d’une sonnette d’alarme d’al-Qaïda». Une thèse que soutient l’ambassadeur du Kenya à Tel Aviv. Selon lui en effet, il n’y a «aucun doute» sur l’implication de l’organisation d’Oussama ben Laden dans ces deux attaques terroristes. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Benyamin Netanyahu, n’a toutefois pas souhaité commenter ces allégations, se contentant de condamner «le terrorisme international». «Il y a déjà eu dans le passé beaucoup d’attentats contre nos intérêts à l’étranger mais c’est la première fois qu’un de nos avions de ligne est apparemment visé par des missiles sol-air», a-t-il notamment affirmé à Jérusalem. Il a également mis en garde contre «une escalade du terrorisme international, qui menace l’ensemble du trafic aérien mondial». Le Premier ministre Ariel Sharon n’avait quant à lui toujours pas réagi jeudi en début d’après-midi à ces deux opérations terroristes.
Ces deux attaques inquiètent les observateurs car elles témoignent de la mise en place de moyens importants et d’une logistique parfaitement adaptée. Tout semble en effet avoir été préparé pour tuer un maximum de ressortissants israéliens. Et ce n’est que parce que l’avion d’Arkia était équipé d’un système électronique de protection «ultra performant», que le pire a pu être évité. Le choix du Kenya, un pays où la communauté musulmane n'est pas très importante, comme lieu de ces attaques n’est pas sans rappeler les attentats qui avaient frappé quasi simultanément en 1998 les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es Salam. Le bilan de 224 morts, en majorité des Kenyans et des Tanzaniens, est le plus meurtrier jamais provoqué par le terrorisme en Afrique sub-saharienne. Malgré l’absence de revendications, les regards se sont portés sur l’organisation d’Oussama ben Laden. Et ce n’est que trois années après le drame, qu’un juge new-yorkais a condamné quatre membres d’al-Qaïda à la prison à vie pour avoir participer à ces attentats.
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(L'éditorial économique de Norbert Navarro)
par Mounia Daoudi
Article publié le 28/11/2002