Kenya
Des organisations liées à Oussama Ben Laden
Trois ans après les attentats contre l'ambassade américaine au Kenya, le FBI et la police du pays ont lancés des investigations contre des établissements bancaires, suspectés d'abriter des activités liées au réseau d'Oussama Ben Laden.
De notre correspondant en Afrique de l'Est
Trois ans après l'attentat contre l'ambassade américaine de Nairobi, l'enquête, les arrestations et les procès qui ont suivi, le Kenya s'est-il débarrassé des réseaux d'Oussama Ben Laden ? Au lendemain de la catastrophe qui avait fait 213 morts et près de 5 000 blessés, les investigations du FBI et de la police kenyane avaient conduit à des arrestations, au Kenya et à l'étranger, de quatre suspects. Ces derniers, impliqués dans l'attentat contre l'ambassade américaine de Nairobi ou celle de Dar es-Salaam, en Tanzanie, attaquée presque simultanément, ont été jugés en juillet dernier par un tribunal de New York et condamnés à des peines de prison à vie.
Les Kenyans, quoique déçus par ces procès lointains qui les avaient privés de justice, pensaient donc légitimement en avoir fini avec les hommes d'Oussama Ben Laden, soupçonné d'être le véritable commanditaire de l'attentat contre les deux ambassades. Trois ans plus tard, l'enquête a repris comme un mauvais rêve. Depuis le 20 septembre dernier, des raids du FBI et de la police kenyane ont été lancés contre des banques somaliennes spécialisées dans les transferts de fonds. A Eastleigh, le quartier somalo-éthiopien de la capitale kenyane, la plupart des établissements qui gèrent des transferts en dollars, notamment avec les pays du Golfe, ont fait l'objet de descentes de police. Dans le cadre de l'enquête mondiale sur les activités des réseaux Ben Laden et, en particulier de ses canaux de financements, le Kenya et la Somalie apparaissent donc comme des n£uds stratégiques. D'autres ramifications, qui s'étendent au Soudan voisin, intéressent aussi les enquêteurs, qui ont demandé à Khartoum des informations sur un certain nombre de sociétés dont le nom avait été cité par un témoin lors du procès à New York des responsables de l'attentat de Nairobi, et soupçonnées d'être liées à la galaxie Ben Laden.
La Somalie, plate-forme pour Ben Laden ?
Au Kenya, l'enquête aurait d'ores et déjà fait un bond en avant grâce à l'opération contre les banques somaliennes. Le coup de filet aurait permis, en particulier, de saisir des fichiers détaillant les activités financières de proches du milliardaire d'origine saoudienne très actifs en Somalie. Certains gros mouvements de fonds intéressent au plus haut point les enquêteurs, qui ont saisi trois millions de dollars dans l'échoppe d'un simple changeur des rues. La Somalie, soupçonnent les enquêteurs, pourrait en fait servir de plate-forme pour certaines opérations d'al-Qaïda, l'organisation d'Oussama Ben Laden. D'autres descentes du FBI ont été lancées les jours derniers dans des établissements similaires installés à Dubai, aux Emirats Arabes Unis, dans le but de remonter la filière.
Dans les jours à venir, de nouveaux coups de filet pourraient intervenir au Kenya, notamment dans les milieux des ONG islamistes. En 1998, peu après l'attentat, plusieurs d'entre elle avaient été fermées par les autorités kenyanes en raison de leurs liens supposés avec al-Qaïda. Or, toutes ces ONG n'ont pas disparu pour autant. Le représentant d'une organisation internationale témoigne : «l'une au moins des ONG liées à ben Laden qui avaient été fermées au Kenya est toujours active en Somalie. Elle travaille même au grand jour, collaborant avec les bailleurs de fonds, les Nations unies, comme n'importe quelle autre ONG». En Somalie, privée concrètement d'état depuis dix ans malgré l'établissement d'un gouvernement national de transition sans pouvoir réel en août 2000, les ONG musulmanes prennent en charge la grande majorité des services de santé, de l'éducation et même de la justice. La presque totalité d'entre elles travaille uniquement à permettre aux somaliens d'aller à l'école ou de se soigner. Il s'agit maintenant de démêler si, parmi elles, se dissimulent des bases du terrorisme international.
Trois ans après l'attentat contre l'ambassade américaine de Nairobi, l'enquête, les arrestations et les procès qui ont suivi, le Kenya s'est-il débarrassé des réseaux d'Oussama Ben Laden ? Au lendemain de la catastrophe qui avait fait 213 morts et près de 5 000 blessés, les investigations du FBI et de la police kenyane avaient conduit à des arrestations, au Kenya et à l'étranger, de quatre suspects. Ces derniers, impliqués dans l'attentat contre l'ambassade américaine de Nairobi ou celle de Dar es-Salaam, en Tanzanie, attaquée presque simultanément, ont été jugés en juillet dernier par un tribunal de New York et condamnés à des peines de prison à vie.
Les Kenyans, quoique déçus par ces procès lointains qui les avaient privés de justice, pensaient donc légitimement en avoir fini avec les hommes d'Oussama Ben Laden, soupçonné d'être le véritable commanditaire de l'attentat contre les deux ambassades. Trois ans plus tard, l'enquête a repris comme un mauvais rêve. Depuis le 20 septembre dernier, des raids du FBI et de la police kenyane ont été lancés contre des banques somaliennes spécialisées dans les transferts de fonds. A Eastleigh, le quartier somalo-éthiopien de la capitale kenyane, la plupart des établissements qui gèrent des transferts en dollars, notamment avec les pays du Golfe, ont fait l'objet de descentes de police. Dans le cadre de l'enquête mondiale sur les activités des réseaux Ben Laden et, en particulier de ses canaux de financements, le Kenya et la Somalie apparaissent donc comme des n£uds stratégiques. D'autres ramifications, qui s'étendent au Soudan voisin, intéressent aussi les enquêteurs, qui ont demandé à Khartoum des informations sur un certain nombre de sociétés dont le nom avait été cité par un témoin lors du procès à New York des responsables de l'attentat de Nairobi, et soupçonnées d'être liées à la galaxie Ben Laden.
La Somalie, plate-forme pour Ben Laden ?
Au Kenya, l'enquête aurait d'ores et déjà fait un bond en avant grâce à l'opération contre les banques somaliennes. Le coup de filet aurait permis, en particulier, de saisir des fichiers détaillant les activités financières de proches du milliardaire d'origine saoudienne très actifs en Somalie. Certains gros mouvements de fonds intéressent au plus haut point les enquêteurs, qui ont saisi trois millions de dollars dans l'échoppe d'un simple changeur des rues. La Somalie, soupçonnent les enquêteurs, pourrait en fait servir de plate-forme pour certaines opérations d'al-Qaïda, l'organisation d'Oussama Ben Laden. D'autres descentes du FBI ont été lancées les jours derniers dans des établissements similaires installés à Dubai, aux Emirats Arabes Unis, dans le but de remonter la filière.
Dans les jours à venir, de nouveaux coups de filet pourraient intervenir au Kenya, notamment dans les milieux des ONG islamistes. En 1998, peu après l'attentat, plusieurs d'entre elle avaient été fermées par les autorités kenyanes en raison de leurs liens supposés avec al-Qaïda. Or, toutes ces ONG n'ont pas disparu pour autant. Le représentant d'une organisation internationale témoigne : «l'une au moins des ONG liées à ben Laden qui avaient été fermées au Kenya est toujours active en Somalie. Elle travaille même au grand jour, collaborant avec les bailleurs de fonds, les Nations unies, comme n'importe quelle autre ONG». En Somalie, privée concrètement d'état depuis dix ans malgré l'établissement d'un gouvernement national de transition sans pouvoir réel en août 2000, les ONG musulmanes prennent en charge la grande majorité des services de santé, de l'éducation et même de la justice. La presque totalité d'entre elles travaille uniquement à permettre aux somaliens d'aller à l'école ou de se soigner. Il s'agit maintenant de démêler si, parmi elles, se dissimulent des bases du terrorisme international.
par A Nairobi, Jean-Philippe REMY
Article publié le 22/09/2001